Anastasia (En Réécriture)

Chapitre 4 (Corrigé)

- La situation est critique. Quelques jours seulement nous séparent de l'assassinat de notre cher Tsar Nicolas II et une atmosphère de chaos et de peur s'est emparée de la Russie. Notre pays, déjà déchiré par des années de guerre et de révolution, sombre davantage dans le désordre. Les rues des grandes villes sont envahies par l'incertitude et la méfiance. Les rumeurs se propagent rapidement, alimentant la terreur collective. La plupart de nos troupes se cachent ou tentent de fuir le pays, tandis que les bolcheviks, consolidant leur pouvoir, se montrent de plus en plus impitoyables envers ceux qui s'opposent à leur régime. Je vous ai réuni aujourd'hui pour rétablir l'ordre et pour ça nous avons besoin de toute l'aide nécessaire. Nous allons devoir procéder par étapes...

Le discours de Sergeï me fait frissonner d'effroi. Je ne sais pas si cela tient au fait que je suis en présence d'une dizaine d'hommes armés, dans le sous-sol du manoir, juste aux côtés de Sergeï, ou bien à cause des mots prononcés par ce dernier. Tandis que la plupart des hommes présents interrompent le chef des lieux pour rajouter son grain de sel, le regard inquisiteur de Dimitri commence à me mettre mal à l'aise. Il se demande sûrement ce que je fais ici. Tant mieux. Qu'il aille au diable ! Je lui souris d'un air goguenard. Après tout, Sergeï n'a jamais dit qu'il me tiendrait à l'écart. Simplement que je ne participerai pas...

- L'ancien ordre est complètement renversé, et avec lui, toute stabilité semble avoir disparu. On doit renverser les bolcheviks avant qu'ils n'atteignent le pouvoir !

- Et tu comptes faire comment ? As-tu au moins une idée de leurs moyens !

Tout le monde parle en même temps et j'essaie de suivre toutes les conversations mais ce n'est pas une tâche aisée. D'après certains, les campagnes ne sont guère plus sûres que les villes. Les paysans, autrefois soumis, s'emparent des terres des nobles déchus, souvent dans un élan de vengeance brute. D'autres racontent que la Russie est un pays à l'agonie, plongé dans une tourmente où l'espoir semble s'effacer, laissant place à la peur, à la confusion et à la violence omniprésente. Bref, les discours semblent tous se mettre d'accord sur un point : la situation est critique.

- Tu as conscience de combien ils sont ?

- Leurs opposants sont bien plus nombreux qu'eux !

- Encore faut-il les trouver ! Les rumeurs racontent que tous les loyalistes se cachent et cherchent à quitter le pays avant la révolution...

Le brouhaha insupportable s'élève de plus en plus dans la pièce. Tous les hommes se coupent la parole et tentent de parler de plus en plus fort pour faire entendre leur voix. Personne ne semble d'accord sur rien. Seul Dimitri dans son coin se tait. La scène qui se joue devant lui semble l'ennuyer autant qu'elle me stupéfait quand un puissant sifflement sort de sa bouche. Le silence retombe sur l'assemblée et j'en suis la première surprise. Certains fulminent encore mais au moins le silence règne. Après cette intervention, Sergeï peut enfin reprendre son monologue.

- Comme je disais, nous allons procéder par étape, appuie-t-il en fixant l'homme qui lui a coupé la parole en premier. Celui-ci se décompose et je le comprends. Je me suis retrouvée une seule fois en tête à tête avec cet homme et il ne m'en a pas fallu plus pour comprendre que son aura autoritaire vous impose au silence et à l'écoute.

- Tout d'abord, nous allons former plusieurs commandos avec des missions distinctes, reprend Dimitri. Sa voix grave réussit à retenir l'attention de l'assemblée sur lui. Certaines troupes devront se charger de rechercher des survivants de la famille royale, d'autres iront au contact du peuple afin de savoir quelles rumeurs circulent. Les villages sont marqués par des tensions et des conflits internes, chacun tentant de s'adapter à un nouveau monde où les anciennes règles n'ont plus cours. Enfin, mon commando et moi nous nous rendrons au palais impérial. C'est là bas que les bolchéviks ont laissé le plus de traces. Il nous faut savoir quels sont leurs plans. Je prendrai mes meilleurs hommes pour une mission de reconnaissance.