Peur [L.N x C.S]

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Cela fait des semaines que j'évite les soirées après les courses, les interviews, les questions des autres pilotes. J'aime la course, sentir le contrôle et l'adrénaline dans chaque virage, chaque ligne droite, mais en dehors des circuits, tout me semble flou, comme si quelque chose d'essentiel m'échappait.

Carlos Sainz. Il est tout ce que j'aimerais être, tout ce que je ne peux pas avoir. Être simplement à ses côtés suffit à me rendre heureux, mais c'est aussi une torture. Mon frère, Oli, sait ce que je ressens. Il connaît cette part de moi et ne manque pas de me rappeler qu'il ne l'accepte pas. Ses remarques et son jugement sont comme des lames que je garde enfouies en silence. Alors, pour eux, je joue mon rôle. Je suis le « bon pote » de Carlos, son coéquipier d'autrefois, rien de plus. Mais la vérité, c'est qu'il est tout pour moi.

Ce soir-là, après la course, je reste seul dans ma loge, évitant la fête qui bat son plein. Les autres pilotes vont et viennent, s'arrêtant parfois pour m'encourager à me joindre à eux. Max et Daniel passent me voir et me taquinent gentiment, me disant que je fais bande à part ces derniers temps. Max finit par poser sa main sur mon épaule, son regard sérieux pour une fois.

- T'es sûr que ça va, Lando ? Tu devrais venir à la fête. Carlos demande souvent de tes nouvelles.

Ce simple rappel de Carlos fait battre mon cœur plus vite. Max a peut-être raison ; être autour des autres me changerait les idées. Mais la vérité, c'est que je n'ai pas la force de feindre un sourire, de cacher ce que je ressens chaque fois que je le regarde. Pourtant, je n'ai pas le choix. Juste au moment où je m'apprête à rentrer, je vois le nom de Carlos s'afficher sur mon téléphone.

- Alors, t'arrives quand ?

Sa voix est pleine de cette chaleur que j'adore. Et rien que de l'entendre, je sens ma résolution s'effondrer.

En arrivant chez Charles, je suis envahi par le bruit et l'énergie de la fête. Tout le monde est là : Charles, Pierre, Sergio, Oscar... Et Carlos. Il est de l'autre côté de la pièce, en pleine conversation avec Pierre, et quand il me voit, un sourire illumine son visage. En un clin d'œil, il se fraie un chemin à travers la foule pour venir me rejoindre. Il pose une main sur mon épaule, et je sens mon cœur battre un peu trop fort.

- Lanooo ! Ça fait plaisir de te voir enfin sortir ! me dit-il, son rire résonnant dans l'air.

- Ouais, c'est vrai que j'ai pas trop été dans le coin. je réponds, essayant de cacher mes sentiments sous un sourire.

On passe une bonne partie de la soirée ensemble, discutant, riant. Le reste de la fête se floute autour de moi ; seule sa présence m'importe. À un moment, on finit par se retrouver assis un peu à l'écart, loin du vacarme et des regards. Carlos s'assied à côté de moi, son regard s'adoucissant.

- T'as pas l'air dans ton assiette. dit-il, ses yeux me scrutant avec une sincérité qui me désarme. Y'a quelque chose qui te tracasse ?

Je devrais me confier, peut-être même tout lui dire. Mais la peur est trop grande, alors je détourne les yeux, tentant de cacher cette vérité qui me ronge.

- Non, rien. je mens. Juste fatigué, je suppose.

Carlos me regarde longuement, son visage exprimant un mélange d'inquiétude et de quelque chose d'autre, quelque chose que je n'ose pas interpréter.

Les semaines passent, et chaque course, chaque interaction avec Carlos est une épreuve. Pendant les essais, les réunions, je suis là, juste assez proche de lui pour le voir, le sentir, mais jamais assez pour oser franchir cette ligne. C'est une torture silencieuse, un feu que je garde enfoui. Oli continue d'ajouter à ma culpabilité, avec ses regards, ses allusions, chaque fois que je rentre en Angleterre. Il me rappelle constamment qu'il désapprouve mes sentiments, comme si ça pouvait les effacer.

Un soir, alors que Carlos et moi dînons après une journée d'essais, je ressens cette solitude plus que jamais. Il est là, en face de moi, à rire, à parler de la course, de la vie. Chaque fois qu'il me parle, il me regarde dans les yeux, et pour un instant, j'ai l'impression qu'il pourrait peut-être comprendre, qu'il pourrait accepter.

Après un long moment de silence, il me regarde intensément.

- Lano... tu sais que tu peux tout me dire, non ?

Mon cœur bat à tout rompre. C'est l'instant de vérité, celui que j'ai redouté depuis des mois. Et sans réfléchir, je lâche un souffle tremblant et murmure :

- Carlos... ce que je ressens pour toi... ce n'est pas seulement de l'amitié.

Un silence pesant s'installe. Je n'ose pas relever la tête, convaincu que j'ai fait une erreur irréparable. Puis, après une éternité, Carlos murmure mon nom, et je sens sa main se poser sur la mienne, douce et rassurante.

- Lano... dit-il doucement. Je crois que je ressens la même chose.

Un sourire timide éclaire son visage, et mes doutes se dissipent enfin. Toutes mes peurs, mes angoisses, les jugements de mon frère, tout ça s'évapore. Pour la première fois, je ressens la paix. Carlos est là, avec moi, et il accepte chaque partie de moi, même celle que j'ai si longtemps cachée.

Les jours suivants, je suis plus heureux que je ne l'ai jamais été. Chaque moment avec Carlos est une libération, une permission d'être moi-même. Oli, bien sûr, continue de désapprouver, mais cette fois, je ne laisse pas ses mots m'atteindre. Carlos et moi, on partage désormais quelque chose de vrai, de sincère, et rien ni personne ne pourra me l'enlever.

OS F1 (multiship)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant