5 mars 2023 - GP de BahreïnJe suis hors de moi. La course, mon équipe, la voiture, tout... Rien n'a fonctionné. Abandonner, encore. Mon cœur bat toujours aussi fort, mais cette fois, c'est de rage. On s'entraîne, on espère, et tout ça pour quoi ? Pour une déception de plus.
Daniel m'avait invité à une soirée, comme d'habitude. Il trouve toujours une raison pour célébrer, même quand certains d'entre nous ont échoué. Normalement, ça me changerait les idées, mais ce soir, je ne peux pas. Je n'ai aucune envie de sourire ou de faire semblant.
6 mars 2023
Je finis par y aller. Esteban m'a appelé tard dans la soirée, presque au moment où je m'étais convaincu de rester dans ma chambre d'hôtel à broyer du noir. Il m'a dit que lui non plus n'avait pas fini sa course, et que ce serait peut-être bien pour nous deux de sortir, de s'aérer la tête ensemble. J'ai hésité, mais il a insisté avec ce petit ton de voix qu'il prend quand il sait qu'il a raison. Finalement, je me suis changé et j'ai pris un taxi.
Et tu sais quoi ? C'était génial. Daniel avait tout prévu, même un immense "action ou vérité" auquel tout le monde a fini par participer. J'ai rarement autant ri. Carlos et Lando n'ont jamais été aussi proches que ce soir-là, unis dans des défis ridicules que seul Daniel pouvait imaginer. Et moi... j'ai passé la soirée avec Esteban. On a parlé de tout, sauf des courses, et pour la première fois, j'ai senti qu'on se comprenait vraiment, au-delà des rivalités et des enjeux de la piste.
Max n'a fait que me dire de rester près de Pierre. « Lui, il saura te comprendre », il m'a dit. Je sais que Max veut bien faire, mais il ne comprend pas. Pierre est mon meilleur ami, bien sûr, mais il est avec Kika, et ce n'est pas lui que je veux. Ce que je ressens... c'est pour Esteban.
À demain, journal.
27 mars 2023
Il est parti. Pierre est mort.
28 mars 2023
Les pages sont encore humides de mes larmes. Ça fait des heures que j'ai réouvert ce journal, mais écrire me semble inutile. Les mots me manquent, et le vide est insupportable.
12 avril 2023
Je n'ai plus vraiment la force d'écrire, mais il faut que j'essaie, il faut que je note ce qu'il s'est passé, pour que ces souvenirs restent quelque part, même si la douleur ne faiblit pas.
C'était un accident. Monaco, la ville où je suis né, celle que j'aimais tant. Il conduisait dans les rues qu'on connaissait tous les deux par cœur. Et quelqu'un, un inconnu qui roulait bien trop vite, a foncé sur lui. C'était... brutal, immédiat. Pierre n'a pas eu le temps de réagir. Il est mort sur le coup.
La nouvelle est tombée comme un couperet, en pleine nuit. C'était Arthur qui m'a réveillé. Mon frère, qui fait tout pour être là, pour essayer de m'épauler, mais... Je suis incapable de lui parler. À quoi bon ? Il ne comprendrait pas. Personne ne comprend, en fait.
Esteban, lui, est différent. Il est là tous les jours, il fait comme si tout allait bien, comme si on pouvait juste ignorer le vide. Mais je le connais, je vois qu'il est détruit aussi. Sa douleur ressemble à la mienne, même si on n'en parle jamais. On se retrouve, on passe des heures ensemble, à traîner dans les endroits où on allait avec Pierre, sans dire un mot de lui, mais avec son souvenir suspendu entre nous.
Et Kika... Je ne comprends pas sa réaction. Elle a tourné la page comme si de rien n'était, presque immédiatement. Le lendemain de l'accident, elle était déjà avec quelqu'un d'autre. Ça me dépasse. J'ai aimé Pierre comme un frère, et je me disais que sa compagne devait être aussi dévastée que nous. Mais elle est déjà passée à autre chose, indifférente. J'essaie de ne pas la juger, de me dire que chacun vit son deuil à sa manière, mais... ça me fait mal.
18 avril 2023
Esteban est venu me voir ce soir. Il m'a trouvé assis seul dans la loge, à fixer les murs. Il n'a rien dit, il s'est simplement assis à côté de moi, son épaule frôlant la mienne. Ce simple geste a suffi à me rappeler que je n'étais pas seul dans cette douleur, même si j'avais l'impression de m'y noyer.
On est resté là pendant un long moment, en silence. Finalement, il m'a pris la main, presque timidement, et m'a dit que tout irait bien. Qu'il serait toujours là, quoi qu'il arrive. Sa voix, douce et posée, m'a apaisé. Pour la première fois depuis des semaines, j'ai senti que je pouvais respirer un peu plus librement.
Je n'aurais jamais imaginé qu'Esteban pourrait m'apporter autant de réconfort. Nos routes se croisent depuis des années, mais jamais je ne l'avais vu sous cet angle. Il est solide, patient. Il comprend le vide, la perte, comme personne d'autre ne pourrait le comprendre.
2 mai 2023
Aujourd'hui, j'ai revu Kika. Elle souriait, riait même, comme si rien n'était arrivé. J'avais envie de crier, de lui demander comment elle pouvait être aussi insensible, alors que la douleur nous écrase tous. Mais je n'ai rien dit. À quoi bon ?
Esteban m'a dit que je devais lâcher prise, que Kika faisait ce qu'elle pouvait pour s'en sortir. Il a raison, peut-être. Mais ça ne m'empêche pas de ressentir cette colère sourde chaque fois que je la vois sourire, comme si Pierre n'avait jamais existé.
15 décembre 2023
Je ne pensais pas que la douleur s'effacerait un jour, mais avec Esteban, elle devient... plus supportable. On a passé la journée ensemble, entre souvenirs et silences. On parle rarement de Pierre directement, mais il est là, dans chaque geste, chaque regard. Esteban est devenu mon pilier, celui sur lequel je m'appuie quand tout le reste s'effondre. Il est là, inébranlable, et même s'il ne le montre pas, je sais qu'il souffre autant que moi.
Je crois... je crois que je l'aime. Pas seulement pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il est. Esteban n'a jamais été quelqu'un de spectaculaire ou d'exubérant, mais il est constant, présent, et sa simple présence me suffit à tenir.
Ce sentiment me prend par surprise, mais il est là, clair et limpide.
27 décembre 2023
Hier soir, j'ai eu le courage de lui parler, vraiment. Nous étions dans ce petit bar où Pierre nous emmenait souvent. La lumière était tamisée, il y avait une musique douce en fond, et pendant un instant, j'ai senti Pierre avec nous, comme une présence bienveillante.
J'ai regardé Esteban dans les yeux, et avant même de m'en rendre compte, les mots ont jailli : « Merci de rester avec moi. Merci de m'aider à survivre à tout ça. »
Il a pris ma main, doucement, sans rien dire. Mais dans son regard, j'ai vu cette même douleur, ce même amour partagé, comme une promesse silencieuse. À cet instant, j'ai su qu'il comprenait, qu'il était prêt à m'accompagner dans cette épreuve, peu importe combien de temps cela prendrait.
On est resté là, à se tenir la main en silence, et pour la première fois depuis longtemps, j'ai senti que j'allais peut-être pouvoir guérir.
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OS F1 (multiship)
Fiksi PenggemarSalut salut ! Je fais ces os car je voulais écrire quelque chose d'un peu différent de d'habitude (ne jugez pas les ships, certains sont tirés au hasard 😅) Voilà voilà ! Si vous tenez à lire alors bonne lecture !