Déception [A.A x L.S]

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Le paddock est un endroit où le bruit et la pression ne cessent jamais vraiment. Pourtant, aujourd’hui, malgré les rires et les éclats de voix, je me sens plus isolé que jamais. James Wolff, notre directeur d’écurie, continue de passer dans les garages, sa voix glaciale s’élevant dans les airs.

- Logan ! Franchement, tu es encore plus lent que d’habitude aujourd’hui.

Ses yeux perçants me fixent, et il me lance un sourire condescendant.

- Je me demande encore pourquoi je t’ai pris dans cette équipe. Avec Alex, on n’a pas ce genre de problème. Lui, au moins, sait ce qu’il fait.

Je serre les poings. Alex jette un coup d’œil vers moi, son regard calme essayant de me soutenir en silence. Mais même lui ne sait pas tout ce qui pèse sur mes épaules. Mon frère… Il y a quelques jours à peine, j’ai appris qu’il avait été tué dans un acte de violence qui n’avait rien à voir avec lui. Je le garde pour moi, comme une blessure ouverte que personne ne peut voir, et qui m’empêche de respirer.

Alex me suit dehors après la séance, une fois que James s’est éloigné.

- Logan, ça va ?

Je hoche la tête, incapable de lui répondre honnêtement.

- Ouais… juste fatigué, je suppose.

Il me fixe, comme s’il pouvait lire à travers moi, mais il ne pose pas de questions. Il se contente de poser une main sur mon épaule.

- Si tu veux en parler… je suis là.

J’acquiesce, mais je ne dis rien. Parce que parler… ce n’est pas si simple.

Oscar est quelque part dans le paddock, un sourire aux lèvres malgré son propre fardeau, toujours en quête de progrès dans son équipe. Parfois, je l’envie. Il a cette capacité à tout prendre avec légèreté, comme s’il pouvait traverser n’importe quelle tempête sans que ça ne le brise vraiment.

Pendant une pause, je le rejoins.

- Alors, comment ça se passe ?

Il sourit, mais il y a une ombre dans ses yeux.

- Oh, tu sais… toujours en train de me battre pour une place décente.

On parle de tout et de rien, mais les mots deviennent de plus en plus rares. Mon silence semble l’inquiéter, mais Osc respecte ma réserve. Il n’insiste pas, même s’il me lance des regards pleins de sous-entendus, comme s’il sentait que quelque chose cloche.

La journée se poursuit avec ses hauts et ses bas. Pierre et Esteban se chamaillent comme d’habitude, ajoutant un peu d’ambiance légère dans cet univers parfois oppressant. Mais Lance… lui, il trouve toujours le moyen de lancer des piques, même quand ce n’est pas nécessaire.

- Logan, sérieux, tu devrais prendre des notes sur les autres pilotes. Alex, Pierre, même Nyck font mieux que toi. T’es sûr d’avoir ta place ici ? 

Il rit, sa voix résonnant dans le paddock, et je sens mon visage brûler de honte.

Oscar lui lance un regard noir.

- Hé, Lance, t’as rien de mieux à faire ?

Mais les mots de Lance continuent de me hanter. Est-ce qu’il a raison ? Peut-être que je n’ai pas ma place ici, peut-être que James a raison lui aussi.

Je passe une soirée difficile à essayer de me concentrer sur les prochaines courses, mais mon esprit retourne toujours à mon frère. Chaque fois que j’entends une voix, chaque fois que je ferme les yeux, je revois son visage, son sourire. Il était ma force, celui qui me poussait toujours à aller plus loin, et aujourd’hui, il n’est plus là.

Cette nuit-là, je ne trouve aucun repos.

Les jours passent, et la pression ne fait qu’augmenter. James continue de me harceler, de pointer chaque erreur, chaque seconde de retard. Chaque séance est une épreuve. Alex, lui, essaie de m’aider, mais il ne comprend pas tout ce qui me paralyse. Même s’il est toujours là pour moi, il y a des douleurs qu’on ne peut pas partager, des ombres qu’on doit affronter seul.

Un soir, après une journée particulièrement difficile, Alex me rejoint au bar de l’hôtel.

- Lolo, j’ai remarqué que tu n’es pas toi-même en ce moment. Qu’est-ce qui se passe ?

Je détourne le regard, pris entre l’envie de tout lui dire et la peur d’être vulnérable. Mais son regard est plein de bienveillance, et je sens que je peux lui faire confiance. Alors, d’une voix tremblante, je lui parle de mon frère, de ce que j’ai perdu, de la douleur que je cache depuis si longtemps.

Il écoute en silence, ses yeux trahissant une profonde empathie.

- Lo, je… je suis désolé. C’est tellement injuste.

Je sens les larmes monter, et pour la première fois depuis des semaines, je me permets de relâcher un peu de cette douleur. Mon coéquipier pose une main réconfortante sur mon épaule, et je me sens moins seul, même dans cette tempête.

Les semaines qui suivent sont marquées par des hauts et des bas. Oscar, Alex et les autres essaient de me soutenir, chacun à sa manière. Mais James ne change pas. Chaque erreur, chaque hésitation, il les utilise pour me rabaisser encore plus.

Un jour, lors d’une séance particulièrement difficile, il explose.

- Logan ! Sérieusement, tu es une déception pour cette équipe. Même Nyck pourrait faire mieux que toi ! Lance a raison !

Les mots résonnent, et je me retiens de tout lâcher. Mais Alex est là, fidèle à lui-même, et il intervient.

- James, tu pourrais essayer de lui montrer un peu de soutien, non ?

James le fusille du regard.

- Alex, je te conseille de rester en dehors de ça. Toi, au moins, tu as prouvé ta valeur.

Puis il me lance un regard froid.

- Peut-être que tu devrais envisager de perdre ta place ici, Logan.

Je me sens dévasté, mais Alex reste à mes côtés.

- Ne l’écoute pas, Logan. Tu as ta place ici, autant que n’importe qui d’autre.

Je ne dis rien, je sais que cette fois, Alex a tord.

Un soir, après une course où je n’ai pas été à la hauteur, encore une fois, Alex vient me chercher pour une balade. On marche en silence, jusqu’à ce qu’il s’arrête et me fixe.

- Logan, écoute-moi. Peu importe ce que James ou les autres disent. Tu as de la valeur, et tu es fort. Tu vas surmonter ça.

Je le regarde, et je sens quelque chose commence à changer en moi. Avec Alex, je me sens enfin vu, enfin accepté pour ce que je suis. Il a cette capacité de me comprendre, de voir au-delà de mes faiblesses.

Alors que la lune éclaire nos visages, il s’approche un peu plus, son regard intense et doux à la fois. Mon cœur bat plus fort, et pour la première fois depuis longtemps, je sens l’espoir renaître en moi. Peut-être que je trouverai la force de me relever. Peut-être que je n’ai pas besoin de tout affronter seul.

Nous restons là, dans la nuit calme, et sans dire un mot, je sais que je peux compter sur lui.

OS F1 (multiship)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant