Liora était assise près de la fenêtre, les yeux fixés sur les montagnes lointaines, leurs sommets baignés dans la lumière dorée du soleil couchant. Ses pensées tourbillonnaient, un mélange de peur et de tristesse qui ne la quittait pas. Jorin jouait tranquillement à proximité, ses petits soldats de bois s'entrechoquant doucement sur le plancher. Un coup soudain à la porte la tira de sa rêverie, son cœur bondissant dans sa poitrine.
Elle ouvrit la porte pour trouver Malazar debout devant elle, sa présence emplissant le petit chalet d’une atmosphère solennelle et douloureuse.
— Malazar, murmura-t-elle, sa voix à peine audible.
— Liora, répondit-il, pénétrant à l'intérieur avec un profond soupir. Je suis venu te voir une dernière fois.
Les yeux de Liora s'emplirent de larmes tandis qu'elle tendait la main vers lui.
— Je suis tellement désolée, Malazar. Ils m'ont forcée à témoigner contre toi. Ils ont menacé de tuer Jorin. Je l'ai fait pour lui, pour son avenir.
Malazar prit ses mains dans les siennes, son expression s’adoucissant de compréhension.
— Je sais, Liora. Tu as fait ce que toute mère ferait pour protéger son enfant. Je ne t'en veux pas.
Les larmes de Liora coulèrent librement désormais.
— Je n'ai jamais voulu te trahir.
Malazar essuya doucement une larme de sa joue.
— Tu ne m'as pas trahi. Tu as protégé l'avenir de ton fils. C'est quelque chose que je ne pourrais jamais te reprocher.
Ils restèrent silencieux, leurs sentiments non dits emplissant la pièce d’un poids palpable. Après un moment, Liora reprit la parole.
— Qu'adviendra-t-il de toi ?
Malazar poussa un profond soupir.
— Mon sort est scellé. Il n'y a plus d'échappatoire.
Jorin, sentant la gravité du moment, courut vers Malazar et l’enlaça fermement.
— Oncle Malazar, tu vas revenir ?
Malazar s'agenouilla, plongeant son regard dans les yeux innocents du garçon.
— Sois fort, Jorin. Prends soin de ta mère. Souviens-toi, tu as le cœur d’un lion.
Avec un dernier regard vers Liora, plein de tendresse et de tristesse, Malazar sortit de la maison, ses pas lourds de résignation. Alors qu'il retournait vers Aricia, il ressentit un étrange sentiment de paix. Il avait fait la paix avec les seules personnes qui comptaient pour lui, et cela lui suffisait.
Le lendemain, Malazar fut vêtu de riches habits de cérémonie, des étoffes lourdes et opulentes, contrastant cruellement avec la gravité de ce jour funeste. Cedric et Elara, eux aussi, portaient leurs vêtements de dernière heure, leurs visages marqués par la peur et la résignation. Les gardes les conduisirent au Tribunal, où une foule immense attendait, avide de voir se conclure ce chapitre sombre.
Le Président du Tribunal se leva, sa voix résonnant dans la salle silencieuse.
— Elara, pour votre participation à la conspiration visant à anéantir l’humanité, vous êtes condamnée à la prison à perpétuité dans une colonie pénitentiaire des terres de glace.
Le visage d'Elara se tordit dans un mélange de soulagement et de désespoir. Elle avait espéré que sa coopération lui vaudrait la liberté, mais son destin restait sévère.
— Cedric, poursuivit le Président, pour votre participation à la conspiration ainsi que pour vos nombreux massacres de civils, vous êtes condamné à mort par décapitation.
Les épaules de Cedric s'affaissèrent, son esprit brisé. Les murmures de la foule s'intensifièrent, leur colère et leur satisfaction palpables.
— Et Malazar, ajouta le Président, sa voix devenant plus froide, en tant que principal instigateur de nombreux massacres et architecte du plan visant à annihiler le monde, vous êtes condamné à mort.
Une clameur s’éleva dans la salle. La foule, furieuse, se précipita en avant, criant et vociférant. La Garde Républicaine intervint, repoussant la foule et escortant les condamnés de retour vers leurs cellules sous une cacophonie de cris haineux.
Cette nuit-là, Malazar s'allongea sur le sol froid et dur de sa cellule, son esprit envahi par des souvenirs et des regrets. Il pensa à ses randonnées en montagne, à la paix qu'il avait trouvée dans la simplicité de la nature. Il se souvint de la gentillesse de Liora et du rire innocent de Jorin, de la chaleur de leur petit chalet. Ses pensées furent interrompues par les sanglots incessants de Cedric dans la cellule voisine. Les pleurs de l’ancien roi étaient un rappel obsédant de la chute qu’ils avaient tous connue.
À l’aube, les hommes furent conduits dans la cour. Une guillotine se dressait de manière sinistre en son centre, sa lame étincelante dans la lumière du matin. Malazar marcha avec une calme détermination, son esprit empli des souvenirs de son refuge montagnard.
Cedric fut le premier. Il implora la pitié, sa voix se brisant, mais ses suppliques furent ignorées. On le força à s’agenouiller devant la guillotine. La lame tomba, et ses cris furent à jamais réduits au silence.
Malazar fut le suivant. Il marcha avec dignité, parcourant la foule des yeux une dernière fois. Il s’agenouilla, ferma les yeux et soupira, trouvant un apaisement dans la certitude que son voyage touchait à sa fin.
La lame tomba, et avec elle s’acheva le dernier chapitre d’une ère sombre et tumultueuse.
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Chroniques d'Aricie: Le Plan Fou de Malazar
FantasyDans un monde où la trahison et la magie règnent en maîtres, le sorcier Malazar élabore un plan audacieux : remodeler la réalité elle-même. Alors que les royaumes s'effondrent sous les guerres et les révolutions, quelques âmes brisées se dressent co...