Malazar, Cedric et Elara furent tirés de leurs cellules en pleine nuit. Les gardes étaient brutaux, leurs visages sévères et impassibles. Ils emmenèrent les prisonniers à travers des couloirs sombres et sinueux, pour finalement les conduire à l’air frais de la nuit. Le murmure lointain des foules se faisait de plus en plus fort à mesure qu'ils approchaient d'un imposant bâtiment, autrefois la résidence d'un riche chevalier accusé de pratiquer la magie noire. Le chevalier avait été décapité, et sa propriété saisie par la République. Désormais, cette somptueuse résidence servait de siège au Tribunal du Peuple.
Le bâtiment se dressait imposant, ses grandes colonnes et sa façade ornée illuminées par des torches. Alors que les prisonniers montaient les marches, la foule rassemblée en bas se mit à huer et à crier, leurs visages déformés par la colère et l'attente. À l'intérieur, la grande salle était remplie de journalistes de la presse pro-républicaine et de quelques correspondants étrangers. Leurs plumes griffonnaient frénétiquement, prêts à relater ce procès qui avait capté l'attention du monde entier.
Malazar, Cedric et Elara furent assis face à un Tribunal composé de douze hommes et femmes, tous vêtus de tenues festives et portant des brassards rouges à l'épaule. L'air était lourd de tension. Parmi les membres du Tribunal, Malazar remarqua Arica, qui lança un sourire défiant en direction de Cedric. Lors d'une brève pause, Malazar aperçut comment Arica était tapotée sur les fesses par les hommes du Tribunal et comment elle embrassait le Président, lui murmurant quelque chose à l'oreille. La scène le remplit d'un mélange de dégoût et de pitié.
Le Président du Tribunal, un homme au visage sévère et à la voix tonitruante, appela la cour à l’ordre.
— Nous sommes ici pour rendre justice à ceux qui ont cherché à détruire notre monde. Les charges retenues contre Malazar, Elara et Cedric sont nombreuses et graves. Que le procès commence.
La procureure, une grande femme aux yeux perçants, s'avança.
— Malazar, vous êtes accusé d'avoir dirigé une conspiration visant à détruire le monde. Vos crimes sont nombreux, et les preuves contre vous sont accablantes.
Témoins après témoins furent introduits dans la salle. Certains étaient familiers à Malazar—d'anciens alliés, ennemis et connaissances. D'autres étaient des étrangers dont les témoignages peignaient un tableau accablant de ses actions. Ils racontèrent les complots impitoyables du sorcier, sa manipulation des forces obscures et son rôle dans d'innombrables atrocités.
— Niez-vous avoir invoqué des démons pour soutenir vos conquêtes ? demanda la procureure.
Malazar soutint son regard, impassible.
— Je ne le nie pas. J’étais animé par une noirceur intérieure, un désir de pouvoir et de vengeance.
La procureure poursuivit, sa voix froide et implacable.
— Malazar, vous êtes accusé d'avoir incité à la guerre, semé le chaos et tenté d'annihiler toute vie. Vos actions ont apporté la souffrance et la mort à d'innombrables innocents.
Malazar sentait le poids des accusations s'abattre sur lui. La salle semblait se refermer, les visages du Tribunal durs et implacables. Il s'était attendu à cela, mais l'ampleur des accusations le submergeait.
Puis, la porte au fond de la salle s’ouvrit, et Liora entra. Le cœur de Malazar s’effondra. Sa présence était une cruelle ironie, un poignard dirigé vers sa conscience déjà meurtrie.
Liora prit place à la barre, son visage pâle mais résolu. Elle regarda Malazar, ses yeux remplis de tristesse et de détermination.
— Je témoigne que Malazar est responsable du chaos et de la destruction qui ont frappé notre monde. Il est un danger pour tous, et il doit être arrêté.
Les yeux de Malazar s'écarquillèrent de choc et de douleur.
— Liora, non...
La procureure poursuivit.
— Liora, pouvez-vous décrire votre relation avec l'accusé ?
Liora hocha la tête, sa voix tremblante.
— Il est venu vivre avec mon fils et moi. Je croyais qu'il avait changé, mais je vois maintenant que je me trompais. C'est un sorcier qui ne peut pas être digne de confiance.
La salle était silencieuse, le poids de ses paroles planant lourdement dans l'air. Malazar eut l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Le témoignage de Liora était le coup de grâce, une trahison qui le poignarda plus profondément que n'importe quelle lame.
Le Président du Tribunal se pencha en avant.
— Malazar, avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?
Malazar se leva, ses chaînes cliquetant avec le mouvement. Il parcourut la salle du regard, croisant les yeux du Tribunal, des journalistes et des spectateurs.
— J'ai commis de nombreuses erreurs et j'ai causé beaucoup de douleur. Mais sachez ceci : mes actions étaient motivées par une haine qui me consumait, une haine née des trahisons et des injustices que j'ai subies. J'ai tenté de changer, de trouver la paix, mais il est peut-être trop tard.
Cedric et Elara restèrent silencieux, leur sort lié à celui de Malazar. Le Tribunal délibéra brièvement, leurs visages restant sévères et impassibles.
Le Président se leva.
— Le Tribunal du Peuple délibérera et rendra son verdict demain. Les accusés seront ramenés dans leurs cellules.
Alors que Malazar était reconduit, il jeta un dernier regard à Liora, son visage marqué par la tristesse et le regret. Il comprit qu'indépendamment de l'issue, la femme qu'il aimait avait été contrainte de choisir la survie plutôt que la loyauté. Le poids de ses actions passées pesait sur lui comme jamais auparavant, et il savait que la rédemption, si elle venait, serait durement gagnée et éphémère.
Dans l'obscurité de sa cellule, Malazar réfléchissait à son sort et à ceux qu'il avait blessés. Le monde à l'extérieur des murs de la prison avait changé, et la révolution avait révélé de nouveaux horreurs. Le Tribunal du Peuple était un arbitre dur et impitoyable, et il ne pouvait qu'espérer qu'à la fin, la véritable justice triompherait.
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Chroniques d'Aricie: Le Plan Fou de Malazar
FantasíaDans un monde où la trahison et la magie règnent en maîtres, le sorcier Malazar élabore un plan audacieux : remodeler la réalité elle-même. Alors que les royaumes s'effondrent sous les guerres et les révolutions, quelques âmes brisées se dressent co...