Chaïma : de l'amour a la haine ?

chapitre 4

🥀

«Reprends toi, reste solide.»

De mon lit, je me repassais en boucle ce moment avec Farès et je regrettais tout doucement d'avoir eu ce geste envers lui. A part quelques minutes de discussion, que savions-nous l'un de l'autre ? Rien du tout. Nous étions toujours deux inconnus et de lui avoir embrassé la joue ne faisait pas parti de ma personnalité. Je m'en voulais d'avoir agis ainsi. C'était limite si je ne me dégoûtais pas car mon frère venait d'entrer en prison et moi, je m'amusais avec une connaissance à lui ! C'était incroyable venant de moi mais pourtant bien réel !
La vraie Chaïma ne se serait jamais comportée ainsi à un autre moment et cela m'inquiétait. Était-ce cet homme qui me poussait à changer sans le vouloir ou moi-même car je grandissais ?

Pour me calmer intérieurement, j'alla me prosterner et une fois l'esprit libéré, je pris place sur mon bureau et je commença à écrire une lettre pour Rayan.

«Salam Aleykum, à peine quelques jours que tu es enfermé et c'est déjà compliqué. J'ai envie de pété les plombs quand je me dis que ce n'est rien du tout face à ce qu'il m'attend. Un an loin de toi, Mon Dieu comment je vais faire ? Malgré la dure vie que tu me fais vivre au quotidien, tu me manques, car oui, ton absence se fait déjà beaucoup ressentir. Maman ne crit plus pour que tu te dépêches de venir manger, Baba ne t'engueule plus pour que tu l'aides à réparer sa voiture, Samir n'est plus là à faire des partis de foot avec toi dans la maison et moi je ne suis pas là à te préparer tes repas spéciaux. J'ai mal de te savoir dans une cellule par ce froid, dans de mauvaises conditions et sans doute avec une personne qui déprime d'avoir été arrêté et qui ne pourra donc pas te remonter le moral. Au quartier, tout le monde est avec toi, tu as droit aux soutiens de chaque habitant de notre zone et j'espère que cela te touchera. Je te promets de continuer de prendre en compte tes instructions, je ne divaguerais pas mon frère, je te le jure. Pendant ce temps, fais attention à toi, mange bien tout ce que Ramy te rapporte de la part de maman et ne fais pas de conneries qui pourront allongé ta peine d'emprisonnement.» # Ta petite soeur

Après la lettre mise dans une enveloppe, mes larmes ne purent se retenir de couler. Je voulais que mon frère soit là quitte à être entrain de s'énerver car je n'ai pas rangé ses affaires. Je l'imaginais tourner en rond dans sa cellule et cette image me tuait.

Je mis l'enveloppe dans mon sac de cours pour être sûre de ne pas oublier de la poster le lendemain puis je fis mes devoirs.

Quelques jours plus tard, à mon retour de la faculté, Ramy et Zeïna étaient chez moi et pour une raison bien précise. Il paraît qu'ils m'attendaient justement pour pouvoir justifier leur venu qui cachait une surprise.
Nous étions tous dans le salon et mon père qui n'aimait pas vraiment patienter leur demanda de se lancer.

Ramy: Bah enfaîte, Baba tu vas être grand-père !

Enfin une bonne nouvelle ! J'étais la plus heureuse ! Mon frère allait être papa et moi tata ! J'étais toute excitée, j'avais déjà hâte que le bébé soit là ! Nous félicitâmes les futurs parents et nous nous mîmes déjà à faire un débat pour savoir si le meilleur était que ce soit une fille ou bien un garçon ainsi que quel prénom était le plus jolie. Au final, c'était très bruyant car chacun donnait son avis en parlant à tord et à travers mais je préférais largement cela que le silence qui régnait depuis l'incarcération de Rayan..

Le temps passait et chez moi rien allait entre ma mère qui pleurait son fils, mon père qui ne parlait à personne et Samir qui fuyait l'appartement. Lui pouvait fuir le domicile familial quand il le désirait car c'était bien connu, dans beaucoup de famille, les garçons n'avaient pas vraiment les mêmes droits que les filles mais moi j'étais condamnée à rester chez moi sans ne pouvoir respirer. Je ne parlais à personne de ce qu'il se passait, ni même à Asma, seulement à Mon Seigneur car ce n'était qu'à lui que je pouvais me livrer librement.