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Hannibal ad portas
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« Il est toujours là-bas.»
La voix de Jeanne avait été douloureuse, presque un souffle mourant dans le creux de sa poitrine. Augustin le sentait, les coups qu'on lui avait assénés n'étaient rien à côté du fait d'imaginer son mari aux mains des interrogateurs de la Gestapo, endurant la souffrance alors qu'on tentait de lui arracher la localisation des enfants et de Rafael.
Peut être était-ce l'espagnol captif, ce fameux Adrian, qui avait fini par céder à la torture. Il avait dû confesser l'identité de ceux qui conduisaient les plus fragiles au-delà de la montagne pour les confier aux bons soins d'Estrella.
- Je- Commença Augustin, avec l'envie de faire taire le silence lourd qui s'était installé, seulement haché par les sanglots de Jeanne et le sifflement de la bouilloire sur le feu.
- Ils m'ont dit de mettre les enfants dans leur chambre. L'interrompit la jeune femme, s'essuyant les yeux avec le mouchoir que lui tendait Gisèle. Quand je suis revenue, ils étaient trois à le tenir et ils ont... - elle réprima un hoquet - j'ai essayé de les empêcher, je te promets Augustin.
- Gus sait que tu n'es pas une délatrice. Murmura doucement Gisèle en lui tapotant gentiment l'épaule, se tournant ensuite vers la cuisine pour préparer trois tasses.
Tout religieux qu'il était, Augustin n'avait rien à ajouter à cela. Joignant à son tour le silence, il se prit la tête entre les mains, le cœur battant. Rafael était là-haut, il l'attendait même sans doute. Mais il ne pouvait se résoudre à grimper pour goûter au bonheur ne serait-ce qu'une seconde. Le goût aigre de la nausée lui montait aux lèvres.
- Ce n'est pas ta faute Jeanne. Il termina par lâcher, soufflant sur la verveine que lui tendait sa petite sœur. C'est la mienne... J'aurai dû...
J'aurais dû me rendre à Herr Karl dès qu'il m'a fait ses premières avances. Vous auriez été en sécurité étaient les mots qui brûlaient ses lèvres. Il avait cru pouvoir ignorer la menace que faisait planer l'allemand sur lui, voire y échapper - en cette matière, le temps faisait son affaire, il le savait mieux que personne. Mais en fin tacticien, le commandant Altenbach avait soigneusement tissé sa toile, le laissant papillonner innocemment autour d'un bonheur qu'Augustin croyait accessible.
Puis, il avait frappé.
- Dis pas de conneries. Gronda Gisèle. On a été dénoncés, voilà tout.
- N-Nicolas. Renifla Jeanne, tordant son pauvre mouchoir entre ses mains. François lui a parlé hier... Nicolas a toujours été son meilleur ami, il lui a proposé de nous rejoindre...
Augustin déglutit, masquant son trouble derrière une gorgée de tisane brûlante. Nicolas. Fantôme du passé, voilà que son amour d'enfance ressurgissait au pire des moments. Ubi maior, minor cessat ; contrairement à ce que laissait entendre la personnalité bien tranchée qu'avait toujours eu le camarade de conscription de son grand frère, il avait fait le choix de la collaboration.
- J'avais dit à François que c'était une mauvaise idée, normalement il se méfie de tout le monde. Mais il cherchait une nouvelle c-cachette pour Rafael alors il a pensé au moulin et...
- Shh... Tu vas monter te reposer. Fit Gisèle en caressant doucement le dos de sa belle sœur, secoué par les sanglots. Tu ne vois pas d'objection à ce qu'elle t'emprunte ton lit, Gus ?
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Rebellis Fides (MxM)
RomanceFrance occupée, 1941. Médecin devenu prêtre pour dissimuler son homosexualité, une rencontre inattendue avec un résistant communiste risque de chambouler l'ordre établi... °•.ʚ♡ɞ •° Médecin retiré à la suite d'une blessure de guerre, Augustin n'a ja...