9. Anemone

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Le bruit de pas le fit se redresser brusquement. Il faisait nuit dehors et il entendait le bruit environnant des petits animaux de la forêt, quelques grillons, le battement d'aile d'un oiseau nocturne ou d'une chauve-sourire. Il ne pleuvait plus, il s'était endormi très rapidement et il pensait qu'il aurait au moins le sommeil léger, peu habitué à dormir avec si peu de confort mais la fatigue l'avait emporté. Il ne savait combien d'heures il s'était assoupi.

Ses sens restaient néanmoins en alertes, instinctivement il avait ouvert les yeux au froissement de feuilles. Il était certain qu'il s'agissait de pas mais il ne savait pas encore de quel animal. Il déglutit, fermant les yeux en essayant de se concentrer sur le son, la respiration et peut-être une odeur. S'il s'agissait d'un loup, il pourra surement le sentir.

Les pas s'étaient arrêtés mais il sentait qu'il était tout près. Il essaya de se rapprocher de la fermeture éclair, sans geste brusque et sentant son cœur frapper dans sa poitrine comme un damné. Il n'avait pas peur des animaux en temps normal, sauf ceux qui pouvaient l'étriper, comme un ours ou une meute sauvage. Il était un peu près sûr qu'il ne s'agissait pas d'un ours. Leurs pas étaient plus lourds et leur respiration plus forte. A cette distance, il aurait pu entendre les légers grognements du mammifère s'il était aussi gros. D'ailleurs, son instinct lui disait qu'il ne s'agissait pas d'un prédateur, même si son cerveau lui était passé par beaucoup trop de scénarii de film d'horreur.

Doucement, il ouvrit la tente. Le bruit lui semblait assourdissant, la respiration de l'opportun s'arrêta et Hyunjin se figea. Il n'avait même pas encore passé la tête, ni même ouvert le pan de toile. De nouveaux pas, sans précipitation qui s'éloignaient. Il osa alors doucement se pencher vers l'extérieur, coupant sa propre respiration et espérant que le peu de luminosité de la vie nocturne pourrait lui permettre d'en distinguer au moins la forme.

Il ne voyait toujours rien et il remarqua finalement la ligne dans l'horizon, à travers le tronc de des pins blancs. Il était proche du levé du jour, le ciel était plus clair qu'il ne l'avait imaginé à l'intérieur de la tente. La forêt était plongée dans ce filtre bleuté, encore brumeux mais le ciel était clair, il n'allait pas pleuvoir aujourd'hui, même si le froid était un peu plus mordant sur l'aube.

Il regardait en direction du bruit et le vit alors au milieu de la végétation, un cerf. Un immense cerf dont la chaleur du corps l'entourait d'une buée vaporeuse, s'échappant de son pelage humide par la rosée. Ses bois penchés en avant pour manger quelques petites plantes encore vivaces en cet fin d'octobre, relevant la tête et sa coiffe gigantesque, Hyunjin en eut le souffle coupé.

Le ciel s'éclairait un peu plus, le soleil réchauffait la fourrure de la bête, projetait doucement son ombre et se découvrait comme un Prince en son territoire.

Il ne pouvait rien dire si ce n'était contempler. La nature dans toute sa splendeur, calme et reposante. Chez elle.

Il comprenait alors un peu mieux Jeongin, son besoin de s'évader, son amour pour les grands espaces qui composait le territoire du Schlipenbachii. Lui qui était un amoureux des villes, se sentait tomber pour cette vie, pour ce monde qui venait d'un autre temps et qu'il commençait à peine à découvrir.

Ramenant ses jambes à son torse, il resta à observer le cerf de longues minutes, se fondant complètement dans le décor au point d'apercevoir une chouette sur une branche puis un écureuil fouillant le parterre de feuilles mortes, à seulement quelques pas. Il laissa le soleil réchauffer ses joues, profitant du répit, de l'absence de la vie humaine et de ses préoccupations.

APOSTASIE [Skz Fanfic/EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant