Chapitre 1

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Martine avait 19 ans, elle était en deuxième année de droit. 

Nous étions le 15 janvier 2005. 

Le mistral soufflait intensément sur Marseille, Martine remonta son écharpe jusqu'à son nez, devenu tout rose. Ses mains précieusement emmitouflées dans des gants trop grands, ses collants, ses grosses chaussettes, ses Timberland, son pantalon moulant, son tricot et son pull, tout cela la tenait à l'étroit et contribuait à la grossir : elle qui se sentait déjà si ronde. La faculté de St Charles, moderne mais simple, était déserte en cette heure matinale. 

Martine jeta un coup d'oeil à sa montre : 8 h 10 ! Elle était en retard, voilà pourquoi personne n'était dehors. Aussi vite que le permettaient ses vêtements et ses lourdes chaussures, Martine courut ! L'amphithéâtre était plein, deux hommes distribuaient les copies et une jeune femme surveillait, le déroulement de l'opération depuis l'estrade. Martine s'installa au fond, une feuille de papier, le sujet, la trousse et sa carte d'étudiante... Voilà, elle était prête ! La jeune femme nota sur le tableau :  

Début de l'épreuve : 8 h 15. 

Fin de l'épreuve : 11 h 15.  

Une phrase ou deux suffisaient à donner des tremblements aux mains et des accélérations aux coeurs des élèves trop stressés. 

À peine, sortie de son unique épreuve d'Anglais, le portable de Martine sonna.

_ Allô, Jo ! Où es-tu ?

— Je suis en bas ! 

Martine raccrocha en voyant son amie, devant la porte des premiers rangs de l'amphi Lavoisier.

_  Alors ?

— Alors, quoi ? Tu me connais depuis le temps ! On verra, Johanna. Et toi ?

— Moi, bof ! J'espère la moyenne. 

Ne s'attardant pas trop sur le sujet « à chaud ». Elles n'avaient qu'une petite heure pour déjeuner, avant de reprendre la route pour Aix-en-Provence. 

Martine avait une amie qui logeait dans la cité universitaire de St Charles et bien décidée à lui rendre visite, elle acheta un sandwich et traversa la fac à grands pas. 

Le froid, la faim, la difficulté de l'épreuve qu'elle venait de passer et le silence pesant entre elle et Johanna, poussait la jeune fille à courir. L'université grouillait d'étudiants à cette heure, même le vent glacial ne les faisait pas reculer. La cité universitaire étant derrière la faculté, Martine dut la parcourir entièrement, les mains agrippées à son morceau de pain.

Le couloir était ouvert : A midi, personne ne pouvait se permettre de fermer la porte, trop de gens y passaient. Cette fichue porte n'aurait jamais le temps de se refermer. Elle grimpa les escaliers, Jo la suivait. 

Porte 210. Elle tapa une fois, puis deux, puis trois : personne ne vint. Jessica n'était pas là, déçue Martine retourna affronter le froid.

_  On aurait dû d'abord lui téléphoner !

— Je ne comprends pas ! Elle m'a dit que le lundi, elle n'avait pas cours et qu'elle restait chez elle pour réviser les... 

En se tournant, le sac de Martine avait heurté quelque chose. Ce n'était pas, comme elle le pensait un mur en pierre, ou une chaise, non, c'était autre chose. Une chose qui l'appelait par son prénom. Lorsque son cerveau fut en état de traiter la vision qu'elle avait, Martine découvrit une de ses anciennes meilleures amies de collège et un jeune homme ressemblant à s'y méprendre à ...

_Non, impossible, ça ne pouvait pas être lui !

_ Bonjour, Martine ! Tu me reconnais ? Solange !

Un vol pour la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant