Chapitre 16

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Ce matin-là : R.A.S. 

En revanche, l'après-midi, Yves découvrit un Bastier sur l'avenue de la Pointe Rouge. Il téléphona à Martine. Elle arriva cinq minutes plus tard.

_ Vous avez sonné ?

— Non. On vous attendait.

— Très bien. Sonnez maintenant, s'il vous plaît ! 

Une voix de femme répondit à l'interphone. Martine se figea. Après tout, cela faisait plusieurs mois qu'il lui avait écrit, il s'était sûrement remis en ménage.  Elle se ressaisit et répondit : 

_ Bonjour Madame ! Nous sommes le personnel d'entretien, pourriez-vous nous ouvrir s'il vous plaît ? 

La sonnerie d'ouverture du couloir se fit entendre. Ils entrèrent dans l'immeuble. Martine retira son masque, sa perruque et dénoua ses cheveux.

_ Quel étage c'est ?

— C'est au cinquième, Martine.

— Merci, Simon. Vous m'attendez ici, s'il vous plaît. Je vais voir si c'est bien là qu'il habite. 

Elle prit son sac des mains de Jonathan et lui donna ses artifices. Elle monta dans l'ascenseur. Elle sortit son rouge à lèvres et son rimmel. Elle s'en appliqua un peu sur le visage. L'appartement de Bastier se trouvait au fond du couloir. Martine réajusta ses vêtements et sonna à la porte. Une vieille dame vint lui ouvrir. Elle recula un peu sous l'effet de la surprise. La vieille dame s'approcha doucement d'elle :

_ Votre visage me dit quelque chose ?

— Je suis Martine Bardier, Madame. Je cherche... votre fils ?

— Mademoiselle, mon fils est mort il y a cinq ans dans un accident de voiture.

— Je suis désolée, Madame... En fait je cherche quelqu'un qui s'appelle Alain Bastier.

— Je connais un jeune homme qui s'appelle comme ça.

— Est-ce que vous savez où il habite ?

— Oui. Il était là encore hier !

— Quoi ?

— Eh bien, je suis sa tante. J'habitais avec lui le temps que je...Enfin, vous voyez. Il est parti hier soir en me laissant un mot sur la table. Depuis, je n'ai plus de nouvelles. 

Elle fit un geste en direction de l'appartement pour l'inviter à entrer. Elle referma la porte et continua :

_ Il ne vous doit pas de l'argent, j'espère ?

— Non. Il me doit bien plus. Il avait des soucis d'argent ?

— Non, pas que je sache mais vous savez avec les jeunes aujourd'hui, on ne sait jamais.

— Pourriez-vous me montrer le mot qu'il vous a laissé ?

— Oui, bien sûr. 

Elle se dirigea vers le meuble et soudain fit volte-face.

_ Vous êtes cette Martine-là ? 

Elle montrait à la jeune femme une photo sur le buffet. Martine tressaillit. Une photo d'elle quand elle avait reçu l'oscar pour le meilleur premier rôle féminin dans Viol. Elle répondit que oui. Tout en continuant à trifouiller dans les tiroirs, la vieille dame commença son monologue : 

_ Il vous aime beaucoup. Mon neveu a toujours ri de tout et de rien. Je ne sais pas si c'est son divorce ou votre mariage, mais ces derniers temps, il n'était pas commode. Hier, il m'a même engueulé parce que je lui ai fait remarquer que vous étiez un peu maigre pour porter un bébé. Il ne comprenait pas que l'on puisse rire à votre sujet. Je pensais que c'était juste une idole comme moi, à mon époque c'était Johnny Hallyday mais il vous connaissait vraiment. Je ne l'ai compris qu'il y a peu de temps. Quand il a regardé un de vos passages à la télé japonaise. Il connaissait vos réponses et vos réactions. Vous lui avez fait beaucoup de mal, vous savez !

Un vol pour la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant