Chapitre 7

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_ Sortez de la ville ! On verra après. Dit-elle avant qu'il pût prononcer une parole. 

C'est exactement ce qu'il avait pensé. Le voyant de l'interphone s'était éteint et la vitre, les séparant du chauffeur, était levée. Ils étaient seuls. Le désert presque aride, après la ville, fit ressentir à Martine un peu plus sa solitude. La voiture roulait déjà depuis 15minutes et Jerry se décida à briser le silence :

_ C'est Alain ? 

Martine se tourna vers lui. Chaque fois qu'elle entendait ce prénom son coeur se mettait à battre plus vite. C'était une réaction incontrôlable. Elle acquiesça silencieusement de la tête. Jerry lui prit les mains :

_ Cesse de te tourmenter à cause de lui. Il n'en vaut pas la peine. Tu es une jeune femme charmante, amusante, intelligente et maintenant, en plus de tout ça, tu es riche. 

Jerry lui arracha un timide sourire.

_ Tu n'as pas à t'en faire. Un jour, tu trouveras un homme qui t'aimera autant que ce que tu l'aimes. 

Jerry ne savait plus trop bien quoi faire. Devait-il lui dire que cet homme, c'était peut-être lui ou devait-il se taire ? Il opta pour la première solution et Martine choisit cet instant pour lever les yeux vers lui.

_ Martine, il y a des choses que... Enfin... Je crois... Non, je suis sûr... Je t'aime. 

Martine entendait d'abord ses paroles en tant que mots d'amitié et de soutien. Toutes fois, elle devait éclaircir la situation, qui devenait de plus en plus gênante :

_ Tu sais que j'.... Mais Alain ?

— Quoi Alain ? Tu ne l'oublieras jamais, je le sais et je m'en suis fait une raison. Mais je veux être avec toi. 

Elle s'approcha doucement de Jerry pour que celui-ci puisse la repousser, si elle avait mal compris ses intentions. Il reçut la bouche de Martine comme un cadeau précieux. Les lèvres fines et douces de Martine semblaient caresser celles de Jerry. Il appréciait chacun des instants de ce baiser. Martine ressentait une immense tendresse l'envahir, mêlée légèrement à la tristesse qu'elle décida d'ignorer. Lorsqu'une heure plus tard, Jerry refusa d'entrer chez elle, Martine comprit alors que cette relation-là serait différente des autres. 

Jerry sera bien plus que les autres mais bien moins qu'Alain. Cette relation sera presque normale. Bien sûr les sentiments que Martine éprouvait pour Jerry n'étaient pas les mêmes que ceux qu'il éprouvait pour elle, mais cela pouvait durer avec un respect mutuel, de l'amitié, de la compassion...Il savait que Martine ne l'aimait pas mais le comportement fidèle, chose rare, de la part de la jeune femme, le poussait à espérer un peu plus chaque jour.

Depuis quelques mois, Martine coulait ainsi, une existence que l'on pouvait qualifier de paisible. Son travail lui prenait énormément de temps. Ce qu'elle ne regrettait pas puisque cela lui permettait de voir le moins souvent possible Jerry et donc de lui mentir un minimum. Sa liaison avec le chanteur lui permettait d'afficher le masque de la stabilité. La presse commençait à faire circuler la rumeur d'un futur mariage. Jerry n'était pas fou. Il aimait Martine, il voulait son bonheur. Jamais il ne la demanderait en mariage. Elle ne serait pas heureuse, des chaînes aux pieds. Martine ne se sentait vivre que dans les excès : paradoxalement pourtant, elle menait une vie incroyablement monotone jusqu'à ce fameux soir de début juillet. 

Martine revenait d'un tournage qui avait duré trois mois au Mexique. Retrouver sa maison californienne, aussi vide soit-elle, lui faisait du bien. Elle s'allongea sur le sofa quand on sonna. On lui annonça l'arrivée de son petit ami. Jerry entra dans la pièce avec un large sourire et se précipita sur le petit corps meurtri de fatigue de Martine.

Un vol pour la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant