Le mois d'août s'annonçait chaud à Londres. Martine courait les magasins les plus chics pour trouver la tenue adéquate pour ce bal.Ce ne fut qu'en voyant Mélinda parcourir une allée nommée « French Fashion » que Martine se souvint de Teddie et Harriet. C'était un couple de couturier. L'homme s'occupait des robes et la femme de l'entreprise. Jerry les lui avait présentés, peu de temps avant leur séparation, dans une fête organisée en leur honneur chez une grande chanteuse américaine. Elle parvint à retrouver l'adresse de leur maison de couture.Lorsque Martine entra dans la pièce une vieille dame, toute pomponnée vint l'accueillir. Elle n'eut pas besoin de se présenter. Greta lui demanda, avec un large sourire, ce qu'elle souhaitait de la part de H & T.
_ Je dois participer au bal annuel à Buckingham. Il me faut une robe.
La vieille se mit subitement debout, excitée comme une puce et elle empoigna le téléphone. Elle lui offrit alors, une quantité impressionnante de gâteau, de thé et de boissons. Martine n'avait qu'à ouvrir la bouche pour qu'aussitôt la vieille Greta consente à lui donner ce qu'elle désirait. Notre actrice était habituée à ce genre de comportement.
Une demi-heure plus tard, une femme d'une quarantaine d'années, vêtue d'un tailleur ajusté, pénétra dans la pièce. L'attention de Greta fut alors portée sur les deux femmes. Harriet s'approcha de Martine.
_ Vous, ici ? Je croyais que vous n'aimiez pas la haute couture ?— Je n'ai jamais dit ça. Je trouve simplement que vos vêtements sont trop spéciaux. Je n'achèterai jamais une robe, un pantalon ou une jupe que je ne mettrais qu'une seule fois et qui m'aura coûté des millions.— C'est de l'art. Et l'art n'a habituellement aucun prix. C'est un privilège que l'on vous donne de pouvoir les acheter Et encore plus de les porter !— Passons ! Je ne suis pas là pour discuter. Vous n'ignorez pas, je suppose, que dans 15 jours c'est le bal annuel à Buckingham ?— Personne, en Grande-Bretagne et probablement, dans le monde entier, ne l'ignore !— Très bien. Il me faut une robe sensationnelle pour cette occasion.— Puis-je savoir avec qui vous y irez?— En quoi, cela vous regarde ?— Il faut harmoniser les couples. Vous pouvez comprendre que mon mari, vous fera une robe différente si vous y allez avec M. Wilson, qui est un chanteur de pop ou si vous y allez avec l'ambassadeur de France.— Je m'y rends avec M. Scott Smith.— M. Scott Smith ?
Martine trouva la mascarade ridicule. Elle n'appréciait pas qu'on lui pose des questions aussi personnelles simplement pour qu'on puisse lui prêter une robe. Harriet lui donna rendez-vous le lendemain matin, de bonne heure, pour qu'elle rencontre son mari.
Teddie fut plus sympathique. Il la mit à l'aise. Quelques mois plus tôt, elle n'aurait pas osé se faire mesurer sous toutes les coutures mais à présent, elle se pliait à cet exercice, sans complexe.
_ Je n'aurai pas beaucoup de temps. Le tissu ne pourra pas être rare et il n'y aura pas de broderies difficiles.
— Ce n'est pas grave. Je sais un peu ce que je veux. Je veux une robe simple, légère mais longue. Mais quand même, quelque chose d'un peu sexy.— Sexy ? Vous voulez une robe sexy pour ce genre de bal ?— Oui.— Mais c'est Buckingham Palace ! Personne ne s'habille « sexy » là-bas.— Raison de plus ! Je ferai une entrée très remarquée et vous, vous serez les premiers à en récolter les lauriers.
Teddie discuta un long moment avec Martine, tout en dessinant. Elle revint tous les jours à l'atelier pour sélectionner le tissu, la couleur, les boutons, pour essayer la robe, la retoucher et enfin choisir les accessoires. Le pire, c'est que Martine y prit goût et qu'elle se promit d'en acheter au moins une par an. Car, oui, elle l'avait acheté finalement ! Quelle folie : Acheter une robe qu'elle ne mettrait qu'une seule fois dans sa vie. Ses remords furent vite évanouis lorsqu'elle découvrit son reflet le soir du bal, avant de partir.
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Un vol pour la gloire
عاطفيةAvant de vous résumer mon livre, je dois tout remettre dans son contexte : Un après-midi d'été, comme tous les jours, ma grand-mère s'installe pour lire un Harlequin. J'écris depuis un moment. Je me suis renseignée sur ces romans. Tout le monde s'a...