Chapitre 13

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L'appartement de Wilfried était grand et luxueux mais à la surprise de Martine, il était entièrement meublé en moderne. Wilfried paraissait étonnamment gêné. Il ne lui parlait pas beaucoup, si bien que Martine dut mettre « les pieds dans le plat » pour débloquer la conversation :

_ Tu fais la tête ?

— Non.

— Bon, alors. Pourquoi tu ne parles pas ?

— Je suis Un peu gêné.

— De quoi ? Tu es chez toi ?

— Je suis chez moi mais cette situation est... bizarre.

— Quelle situation ?

— Celle-là. Enfin, vous savez bien. 

Martine sursauta en entendant le pronom personnel car Wilfried maîtrisait le français aussi bien que l'anglais et l'erreur n'était pas possible. Elle se raidit.

_ Vous ?

— Oui. Je voulais vous dire que... En public je préférerais que l'on se vouvoie.

— Mais bien sûr ! Et puis quoi ? Tu... Euh, vous ne voudriez pas aussi que je vous parle à la troisième personne ?

— Ne le prenez pas mal ! J'ai été élevé comme ça.

Martine s'approcha doucement de lui. Wilfried était toujours droit et fier. Il était irrésistiblement flegmatique. Elle pouvait concevoir de le vouvoyer en public Après tout, elle avait connu bien pire ! Elle lui souriait. Wilfried parut se raffermir dans sa conviction. Bien qu'il sentît la jeune femme sur le point de le pervertir pendant quelque temps.

_ En public, d'accord mais en privé ? Nous sommes bien en privé, là ?

— Euh. Oui !

— Très bien. Alors peux-tu me dire tu ? 

Elle attrapa la cravate de Wilfried. Il ne savait déjà plus quel était le sujet précédent de la conversation. Elle l'embrassa tendrement. Ses lèvres descendirent jusqu'à son cou. Wilfried se sentant perdre le contrôle, eut la malheureuse idée de se sentir obligé de dire quelque chose. Ce qu'il fit immédiatement, de façon plutôt ridicule :

_ Tu ne veux pas dîner ? 

Martine était incroyablement amusée de tant d'innocence de la part d'un homme tel que Wilfried. Elle leva quelques secondes les yeux vers son partenaire. Il luttait visiblement pour ne pas céder à ses pulsions. Elle lui fit son plus beau sourire et d'un air entendu et lui murmura à l'oreille.

_ Je n'ai pas faim. Pour l'instant !  

Elle sentit les muscles de l'aristocrate se raidirent et soudain, se relâcher. Il referma son étreinte. Martine entoura la taille de Wilfried de ses mains. Elle lui offrit son visage et au moment où celui-ci consentit enfin à lui donner de son propre chef, un baiser, la sonnette retentit. Instantanément, il lâcha sa partenaire, surpris et étonnamment gêné.

_ Ah ! Les invités sont là. 

Il se remit le costume en ordre et jeta un regard sur Martine, qui ne bougeait pas.

_ Tu ne m'avais pas dit qu'il y aurait des invités ?

— Eh bien ! Jusqu'à aujourd'hui, je ne le savais pas moi-même.

— Comment ça ?

— Oui. Tu as fait une telle impression sur Will qu'il a voulu te revoir dès que cela serait possible. Je lui ai donc dit que tu venais dîner, ce soir, chez moi. Il s'est... Enfin, on ne refuse rien au Prince.

Un vol pour la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant