Chapitre 4

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Martine posa ses clés avec un faux calme sur la table du salon. Elle ouvrit en grand les fenêtres : elle avait besoin d'air. Le vent doux et salé de la mer lui caressa le visage. Elle crut se sentir apaisée mais elle entraperçut son reflet à travers la vitre, aussitôt elle fut prise d'une rage incontrôlable à son encontre. 

Elle se mit face à son reflet, regardant profondément ses yeux maquillés et déchira brutalement sa robe en pleurant. En quelques secondes, la soie avait cédé sous les griffures; il ne restait de la robe qu'un morceau de tissu lui recouvrant les cuisses de façon inégale.  Son maquillage avait coulé jusqu'à son cou et ses mains étaient rouges d'avoir tant tiré sur le tissu pour qu'il craque.

 À présent, elle se sentait mieux. Du moins sa colère était partie, il ne lui restait plus que sa peine. Dehors, on entendait les hurlements des enfants qui s'amusaient : Martine ferma brutalement les fenêtres. 

Elle se coucha sur le sofa et enferma son regard dans les méandres d'un plafond parfaitement blanc, comme aurait dû l'être la robe de Solange.

***

5 août. 


Toujours aucune réponse. 

Cela faisait au moins 10 fois qu'Alain venait voir si Martine était chez elle. Elle était bien chez elle, dans son lit. Elle entendait la sonnerie retentir mais ne se levait pas. Elle avait reconnu la voiture dans l'allée. Elle n'ouvrirait pas la porte. Elle se replia sur elle et boucha ses oreilles de ses deux mains. Voilà encore un quart d'heure qu'Alain avait passé à sonner en vain chez elle. Elle entendit le moteur repartir et se sentit toute à la fois soulagée et déçue.

Comment l'oublier si tous les jours que Dieu faisait Alain tentait de la voir ?


_ Il faut que je parte d'ici ! 


***

Nous étions le 10 août, Martine sortit de l'Eurostar. Londres était une magnifique ville et ses amis, Scott et Irène, seraient contents de la voir. Elle n'était pas tout à fait remise de ses trois semaines de torpeur qui avaient suivi le mariage. Elle avait beaucoup de mal à s'habituer aubruit de la grande ville, elle traînait lentement sa valise dans la gare.


_ Martine ! Martine ! 


Enfin, celle-ci se tourna. Ses amis n'avaient pas changé depuis 4 ans. Irène était toujours aussi extravertie, exubérante mais tellement attachante. Scott, toujours aussi calme, détendu et réservé s'approcha de sa jeune amie française, en l'embrassant chaleureusement. Il empoigna sa valise. Martine était heureuse de changer, de ville, de pays, de personne... Alain était si loin à présent et personne n'était au courant de cette petite escapade solitaire. Même parler anglais lui faisait du bien. Elle se sentait décontractée, vidée et légère. 

Elle prit son portable et téléphona à sa mère.

 Bonjour, vous êtes bien sûr le répondeur... 

Martine allait raccrocher mais se ravisa. Quoi de plus mystérieux qu'un message sur un répondeur ? Un message flou... 

_ Maman, c'est Tine ! Je suis partie prendre des vacances. Je vais bien. Je ne te rappellerais pas avant mon retour.  


Elle raccrocha et sourit à pleines dents aux deux Anglais. Même erreur que la première fois qu'elle était venue, Martine allait s'asseoir côté conducteur. Scott se mit à rire et Irène échangea sa place avec celle de Martine.

Un vol pour la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant