Réecrire nos Destins. (Vkook)

20

La semaine passa lentement, chaque jour semblant se fondre dans le suivant, comme une succession de mouvements indistincts. Jungkook n'avait pas cessé de penser à la soirée chez Taehyung, à cette étrange boîte en bois et aux ombres insidieuses qui semblaient danser autour d'eux. Mais plus encore, il pensait à Taehyung. À l'épuisement visible dans ses yeux, à la solitude palpable qui émanait de lui, et à cette douleur invisible qu'il cachait derrière ses sourires fatigués et ses gestes hésitants. Jungkook savait qu'il ne pouvait pas ignorer ce qu'il ressentait, mais il avait aussi l'impression d’être sur un terrain glissant. Il ne savait pas s’il était en droit de s'immiscer davantage dans l’intimité de son voisin.

Les jours suivants, il se montra plus attentif. Il l’observait dans les couloirs, il écoutait ses silences et il observait ses gestes. Taehyung continuait à agir comme si de rien n’était, toujours aussi distant, mais Jungkook avait l’impression que quelque chose en lui s'était adouci, comme une façade qui commençait à se fissurer lentement. Il se sentait différent, comme si une nouvelle forme de compréhension s’était installée entre eux.

Ce soir-là, comme les jours précédents, Jungkook se rendit à l'appartement de Taehyung. Il avait pris son temps pour se préparer, cherchant à atténuer la tension qui bouillonnait en lui depuis leur dernière rencontre. Lorsqu’il arriva, il frappa à la porte, ses doigts frôlant presque nerveusement la surface du bois. La porte s'ouvrit dans un mouvement aussi fluide que celui de la veille, et Taehyung se tenait de nouveau dans l’encadrement, un léger sourire sur les lèvres, mais quelque chose de différent dans ses yeux. Il semblait plus calme, moins éteint que lors de leur précédente rencontre, comme si le poids des jours passés avait légèrement reculé, juste assez pour permettre à un peu de lumière de percer.

« Salut, » dit Taehyung d’une voix plus douce, presque accueillante.

Jungkook hocha la tête, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres, alors qu’il pénétrait dans l’appartement. L’ambiance n’avait pas changé. L’odeur boisée flottait encore dans l’air, l’éclairage tamisé continuait de jouer avec les ombres. Mais ce soir, il n’y avait pas cette même sensation d’angoisse qui l’avait envahi la dernière fois. Ce soir, il se sentait plus calme, plus résolu.

Ils s'assirent à nouveau sur le canapé, mais cette fois, Jungkook ne ressentait plus cette même distance entre eux. Au contraire, il avait l’impression que Taehyung l’avait légèrement invité dans son monde, de façon subtile mais indéniable. Leur conversation débuta sur des sujets légers, mais une fois encore, l’air entre eux était chargé de non-dits. Taehyung semblait se détendre lentement, ses mots devenant plus fluides, moins lourds.

Jungkook, sentant une ouverture, décida de poser une question, mais d’une manière douce, presque comme une caresse. Il ne voulait pas brusquer Taehyung, mais il avait l’impression que ce soir-là, quelque chose pouvait changer. Il s’était préparé à cette question tout au long de la semaine, la répétant dans son esprit. Il voulait comprendre, sans forcer, sans pression, mais avec toute la tendresse qu’il pouvait offrir.

« Taehyung… » commença-t-il, sa voix plus douce que d'habitude, « La boîte que tu as… que tu m’as montrée… ça veut dire quoi pour toi ? »

Les yeux de Taehyung se firent plus sombres, mais à la place de la froideur ou de la fuite habituelle, il y eut une hésitation, un silence, comme s’il pesait chaque mot avant de répondre. Puis, d’un ton presque imperceptible, il répondit :

« C’est un souvenir… Un héritage. Quelque chose de ma famille. Mais ce n’est pas facile d’en parler. »

Jungkook sentit la tension monter dans l’air. Taehyung avait presque baissé les yeux, et son expression se fermait à nouveau, comme une porte que l’on referme doucement mais sûrement. Mais Jungkook, cette fois, ne se laissa pas décourager. Il savait que la conversation n’allait pas plus loin ce soir-là, mais il n’eût pas l’intention de forcer. Il posa une main sur celle de Taehyung, un geste discret mais significatif, un simple contact qui, d’une manière inexplicable, semblait plus lourd de sens que tout ce qu’il avait pu dire jusqu’à maintenant. Il sentait, à travers cette simple pression, l’invisible charge que Taehyung portait, et quelque part, il espérait que son geste puisse lui offrir un peu de réconfort.

Taehyung leva les yeux vers lui, son regard s’adoucissant un peu, comme si cette simple attention suffisait à alléger une partie de son fardeau. Mais à cet instant, quelque chose d’étrange se produisit. Les deux hommes se trouvèrent plongés dans une atmosphère différente, comme si une nouvelle forme de connexion s’était tissée entre eux. Il n’y avait pas de grands gestes ni de déclarations brusques, mais un échange silencieux, une compréhension tacite qui semblait plus forte que tout ce qu’ils auraient pu exprimer par des mots.

Ils restèrent là quelques instants, dans un silence tranquille. Les ombres dansaient toujours sur les murs, mais cette fois, Jungkook n’y prêta plus attention. Son esprit était ailleurs, centré sur Taehyung, sur la manière dont ses doigts tremblaient légèrement sous la pression de sa main. Il n’avait jamais remarqué à quel point la moindre petite chose pouvait être révélatrice. Les gestes de Taehyung, la subtilité dans ses mouvements, son regard fuyant, tout semblait porter un poids invisible que Jungkook n’avait jamais perçu auparavant. C’était comme si chaque souffle de Taehyung, chaque silence, racontait une histoire qu’il n’avait pas encore pu comprendre.

Mais ce qui frappait Jungkook le plus, c’était cette étrange sensation de proximité. Ce n’était pas une proximité physique, mais une proximité émotionnelle. Il n’avait pas à poser de questions, pas à fouiller dans le passé de Taehyung pour ressentir cette connexion. C’était comme si, en le touchant, en étant simplement présent pour lui, il devenait une sorte de refuge, un point d’ancrage dans la tempête silencieuse qui secouait l’intérieur de Taehyung. Ce n’était pas grand-chose, mais pour Jungkook, c’était suffisant. Suffisant pour sentir que, d’une certaine manière, ils se comprenaient.

À un moment, Taehyung se leva soudainement, brisant le silence. Il se dirigea vers la fenêtre, son dos se tendant sous l’effet d’une nouvelle vague de fatigue. Le temps sembla s’étirer, alors que Jungkook restait là, à l’observer. Il avait l’impression que quelque chose allait changer, qu’une partie de Taehyung allait se dévoiler, mais le moment semblait s’échapper entre ses doigts. Il se leva doucement, comme si chaque mouvement devait être mesuré, et s’approcha de lui.

« Taehyung… » murmura-t-il, brisant à peine le silence. « Tu ne dois pas porter tout ça seul. »

Jungkook s'approcha du plus grand , posant délicatement ses mains sur ses hanches.
Taehyung tourna lentement la tête, ses yeux rencontrant les siens. Il y eut une lueur étrange, presque désespérée, qui s’alluma dans son regard, avant de s’éteindre aussi vite. Il soupira profondément et se détourna à nouveau.

« Ce n’est pas quelque chose que je peux partager, Jungkook. Ce n’est pas aussi simple. »

Mais au fond, quelque part, Jungkook savait que Taehyung voulait croire qu’il n’était pas seul. Il le sentait dans la manière dont il l’avait regardé, dans la fragilité qui perçait à travers son masque de calme. Et même si Taehyung n’était pas prêt à tout partager, Jungkook savait qu’il pourrait attendre, qu’il pouvait être là sans forcer. La patience serait son alliée, et il saurait attendre le moment où Taehyung serait prêt à faire un pas, à lui offrir un morceau de son histoire.

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Journal de Jungkook

« Ce soir, il y a eu un moment où je pensais qu’il allait me dire quelque chose, que quelque chose allait enfin sortir de lui. Mais il n’a rien dit. Peut-être que c’est mieux ainsi. Je crois que Taehyung porte une lourde charge, et je ne suis pas sûr qu’il soit prêt à en parler, même avec moi. Je ne peux pas forcer les choses. Mais je sais que j’ai envie d’être là pour lui, même dans son silence.

Je ne comprends pas tout ce qu’il cache, mais je veux lui laisser le temps.