Les Pivoines Du Mal

Chapitre 28 : L'interrogatoire.

Vanessa cligna des yeux, confuse.

- Je rêve ou il s'agit d'un interrogatoire ? Kate ?!

Elle se trouvait dans une salle aux murs gris ternes, froide, éclairée d'une lumière crue qui accentuait chaque ombre sur son visage fatigué. Un bureau en métal, une chaise inconfortable, et cette fameuse vitre sans tain derrière laquelle elle savait que quelqu'un l'observait. Quinze minutes qu'on lui posait des questions sans relâche sur cette nuit-là, au chalet. Les souvenirs lui brouillaient l'esprit.

— Non, Vaness, c'est juste la procédure, je te promets, répondit Kate, d'une voix douce mais contrainte. C'est de cette façon que l'on doit procéder, on n'a pas le choix.

Vanessa eut un rire amer.

— Sérieusement ? Et on ne pouvait pas le faire dans ton bureau, discutant comme des amis ? Lança-t-elle.

Excédé par le comportement des jeunes femmes, l'inspecteur en chef leva les yeux au ciel.

— On n'est pas là pour discuter de la procédure à suivre, mais pour obtenir des réponses, coupa-t-il, sec.

Kate pinça ses lèvres et se tourna vers lui, visiblement irritée.

— Chef, murmura-t-elle, je pourrais vous voir une minute, s'il vous plaît ?

Elle s'écarta, son regard plongé dans celui de Vanessa, un éclat de complicité, mais aussi une tension nerveuse dans le regard.

  À contrecœur, les deux inspecteurs quittèrent la salle, laissant Vanessa seule. La porte se referma dans un claquement sourd, et elle sentit une étrange sensation de vide s'insinuer en elle, amplifiée par le silence glacé de la pièce. Elle ne savait plus si Kate essayait de la protéger... ou si elle aussi avait quelque chose à cacher.

Dans le couloir, le chef se tourna vers Kate, le regard dur.

— Kate, c'est une véritable affaire ! Ce n'est pas parce qu'elle est votre amie qu'on doit lui accorder un traitement spécial.

  Le chef de la police était un homme imposant, aussi bien par sa stature que par sa prestance. Grand et solidement bâti, il dominait la pièce avec une présence qui imposait respect et silence. Ses cheveux courts, parsemés de gris, trahissaient les années passées à gravir les échelons d'une carrière exigeante. Une moustache impeccablement taillée encadrait ses lèvres, ajoutant à son allure de vétéran intransigeant. Sa peau d'ébène portait les marques d'un homme qui avait dû se battre, non seulement contre le crime, mais aussi contre les préjugés, pour en arriver là où il était aujourd'hui.

  Son regard perçant, d'un noir profond, ne laissait rien passer, scrutant chaque détail comme un aigle en chasse. Tout dans son attitude respirait l'autorité naturelle, le professionnalisme et la discipline. Il était l'incarnation même de la droiture, un modèle d'intégrité. Ayant traversé des épreuves innombrables, il avait fait de son parcours un exemple : il ne laissait jamais rien au hasard et appliquait les procédures à la lettre, refusant les raccourcis ou la compromission.

  Chaque mot qu'il prononçait, d'une voix grave et posée, portait le poids de l'expérience et de l'irréfutabilité. Ceux qui travaillaient sous ses ordres savaient qu'il était juste, mais impitoyable envers l'incompétence ou l'indiscipline. À travers lui transparaissait une détermination sans faille : celle de protéger, de servir, et de prouver que, même face à l'adversité, on pouvait s'élever sans jamais perdre son intégrité. Kate respectait profondément cet homme qui l'avait toujours soutenue, malgré les rouages masculins bien ancrés de la police. Elle rêvait de prendre un jour sa place, de devenir la première femme à diriger ce service, comme lui avait été le premier homme de couleur. Elle savait qu'il la considérait comme une protégée, mais elle n'avait pas droit à l'erreur.