Les Pivoines Du Mal

Chapitre 12 : Un duo d'enquêtrice.

  Quelques années plus tôt, la signature des papiers pour l'adoption d'Adam arrivait rapidement et Vanessa s'était donnée pour mission de retrouver le père biologique de son futur petit garçon. Elle se laissa convaincre qu'elle le faisait pour Adam, pour son bonheur de rencontrer, un jour, son vrai père. Mais d'autres raisons la poussaient à effectuer ses recherches.

  L'une d'entre elles était d'avoir la certitude que son père avait connaissance de son existence. Parfois, les mères peuvent prendre des décisions controversées pour protéger leur petit et, souvent, le géniteur n'a même pas connaissance de la naissance de son propre enfant. Les motivations peuvent varier, comme la peur de la réaction du père, le désir de préserver l'enfant d'une situation difficile ou même le mauvais jugement d'une mère. Tout se fait contre le gré du père. Pour Vanessa, il était important de reconnaître que les pères avaient aussi le droit d'être impliqués dans la vie de leurs enfants. Elle-même avait eu des parents qui se complétaient de manière harmonieuse. Chacun d'eux lui avait apporté des qualités distinctes menant à un cadre de vie émotionnel et intellectuel idéal. En devenant mère, elle aimerait reproduire et partager cette atmosphère de sécurité avec Raphaël. En tant que bénévole, la jeune femme était souvent amenée à retrouver des géniteurs. Le pragmatisme avait montré que certains pères chamboulaient toute leur vie pour accueillir un nouvel arrivant dans leur quotidien. Se mettant à la place de cet inconnu, Vanessa pensa que toute personne avait le droit de savoir s'il avait des héritiers. Légalement, il est vrai que le couple adoptant serait officiellement ses parents, mais elle ne voulait pas devenir cette femme qui avait brisé une potentielle famille pour son propre bonheur.

  La deuxième raison était toute simple : Vanessa était dotée d'un instinct insatiable de curiosité qui la poussait irrésistiblement à découvrir l'identité du père biologique. Elle voulait elle-même savoir qui partageait l'ADN de son fils ? Était-il drogué comme sa mère biologique ou était-ce tout simplement un homme quelconque: un agriculteur, un avocat, un médecin, un facteur ? Certes, l'ADN était un sujet complexe qui suscitait un débat entre génétique et environnement, mais il jouait tout de même un rôle important dans la détermination de certains traits de caractère. Et puis, quand elle connaîtra l'identité du père, il serait moins compliqué d'expliquer à Adam, plus âgé, que son seul parent biologique connu était une femme droguée et morte en le mettant au monde. Comme tout aspect de sa vie, Vanessa voulait contrôler la plus infime partie de cette adoption.

  Raphaël, contrairement à elle, vivait au jour le jour. C'est pour ça qu'il décida de la laisser suivre seule cette direction. Il savait que c'était pour elle un moyen de se rassurer. Puis, elle ne ratait aucune occasion de mettre en pratique ses talents d'enquêtrice. Raphaël avait une femme incroyablement passionnée et directive, et il l'aimait pour ça.

  Au fil de ses nombreuses heures passées à visionner des séries policières, Vanessa avait acquis quelques techniques pour conduire ses recherches. Parmi celles-ci, on retrouvait l'utilisation des réseaux sociaux, des annuaires en ligne, de la recherche d'image pour recueillir des informations cruciales sur une personne... Mais sa préférée restait celle de sa meilleure amie, Kate, qui travaillait avec les fichiers nationaux des empreintes génétiques. Le FNAEG était un outil essentiel dans les enquêtes criminelles, permettant aux autorités de relier des individus à des scènes de crimes et de résoudre des affaires grâce à l'analyse des empreintes génétiques uniques de chacun. Kate et Vanessa en avaient fait usage lors d'une enquête particulièrement sombre sur un père accusé de maltraitance. Cette affaire l'avait plongée dans une spirale de violence et de douleur insoupçonnée.

Il s'agissait d'une de ses premières affaires. Vanessa se tenait dans un poste de police, le visage crispé par l'angoisse et les yeux brûlants de fatigue. Elle tentait désespérément de convaincre l'agent à l'accueil.