Sur le banc froid de l'hôpital, j'attendais. Un mal de tête affreusement douloureux était venu m'envahir quelques temps avant. Des infirmiers étaient venus me demander si je ne voulais pas être sûre de ne rien avoir moi non plus mais je me sentais bien, physiquement. Je me sentais si seule. Pourtant, à mes côtés, les gars étaient restés pour moi mais surtout pour Alex. Je canalisais ma tristesse et ma colère tout particulièrement. Ce mec n'était pas seul. Il avait l'air beaucoup trop stupide pour avoir mené une telle opération. Je réfléchissais à la raison pour laquelle ils avaient choisis mon meilleur ami mais sans trouver. Puis je me disais que ça ne pouvais être que... Une main passais devant mes yeux et je sortais de mes pensées. Dylan me tendais un café. Je lui faisait un faible sourire et le remerciai. Mince ! Je pensais à quoi déjà ? Je ne pouvais pas continuer d'avoir ce genre de réflexions alors que mon meilleur ami était mourant sur un vieux lit d'hôpital. Mes yeux fatiguais. Je n'avais pas dormi depuis l'événement passé. Même durant le trajet jusqu'à l'hôpital, mon esprit n'était pas orienté pour. Il n'y avait que nous dans cette salle d'attente, les autres étaient remplies. Aaron ne m'avait adressé aucun regard ni même la parole. Je le comprenais mais ça me rendais encore plus en colère que personne ne veuille me parler pour décompresser l'atmosphère. Je soupirais, énervé, et je jurais dans ma langue, l'espagnol. Ils tournèrent la tête dans ma direction. Je relevais la mienne et les observais tour à tour. Une infirmière entra et nous annonça qu'il n'avait rien de grave mais que ça aurait pu lui être fatal. Elle demanda aussi ce qu'il s'était passé mais le silence retomba et elle partis. Plus le temps passait, plus ma rage augmentais. J'ai tellement envie de leur dire leurs quatre vérités à tous !-Tu te sens un peu mieux, tenta Collin.
Je ne lui répondais pas. Je le fixais avec un regard meurtrier. La tension dans la salle était tellement forte que les infirmiers n'osaient pas entrer. Il baissait les yeux et retournait s'asseoir. Liam me proposa d'aller me chercher à manger mais je l'envoyais bouler. Dylan fit de même pour une couverture ou je ne sais quoi et je l'envoyais lui aussi bouler. J'entendais mon colocataire souffler et je me tournais dans sa direction. Ses yeux étaient remplis de rage et je savais que c'était pour moi et non pas pour les gens qui avaient fait subir ça à mon meilleur ami. Je me remis droite sur le banc, lui tournant le dos et il marmonna des choses incompréhensibles. Je tapais du pied sur le sol. Ils se mirent à râler en chœur.
-Sérieusement, j'essaye de ne pas péter un câble depuis tout à l'heure mais ça commence vraiment à me soûler, lâcha froidement mon coloc.
-J'ai le droit de taper le sol avec mon pied non ?
-C'est pas ça, il se plaça devant,moi les bras croisé. Les gars ont été trop gentils avec toi alors que tu les envois bouler voire même tu ne leur répond pas. Ils font de leur mieux pour que tu ailles bien et toi, tu fais juste ton ingrate.
-Moi j'ai rien demandé ! J'ai pas besoin de réconfort ou d'aide. Rentrez-vous ça dans le crâne. Je ne suis pas en porcelaine, je n'ai pas besoin de protection. Je vous remercie pour votre intervention pour Alex mais c'est tout !
-T'avais raison l'autre fois.
-Comment ça ?
-Ce baiser. C'était bien une erreur.
Ils partirent. Ils me laissaient seule. Seuls ces mots restaient à présent dans la pièce vide. Je n'imaginais pas que ce prendre le retour me ferait l'effet d'un gifle puissante. Malgré moi, une larme coula le long de ma joue. Ses mots m'avaient fait mal.
*
Je me retrouve encore une fois seule. Je l'ai mérité. Comme à chaque fois. Je ne sais pas faire preuve de tact dans ces moments là. La partie de moi que j'enferme au plus profond de moi ressort sans que je le veuille et détruit tout sur son passage. Y compris moi. À cause de ça, je me renferme. Parler ne m'aide pas. Parler ne m'a jamais aidé. Je n'y arrive pas. Plus on est gentil avec moi, plus je suis horrible. Je ne prends pas la main qu'on me tend pour avancer. Je préfère rester où je suis ou alors revenir en arrière. Comme une lâche. Comme mon père. Plus je vais mal, plus les gens autour de moi en souffre. Je deviens vraiment méchante et sort des mots, des paroles abominables. J'extériorise en faisant du mal aux gens que j'aime. Je suis un réel fardeau. Je m'habitue à la solitude à force. Je suis juste pourrie de l'intérieur. J'ai de la chance d'avoir encore des gens autour de moi mais je ne m'en rends pas compte. Je suis égoïste. Tellement égoïste. Je garde tout pour moi mais au bout d'un moment je craque, j'explose. Un corps et un esprit humain ne peut pas contenir autant de choses à la fois. Je n'aime clairement pas exprimer ce que je ressent. Ce n'étais pas comme ça que fonctionnais ma famille. Moins tu en montres, mieux tu te porteras. J'ai toujours suivi ces paroles comme un mantra. Je les comprends. Je les ai compris bien trop vite, beaucoup trop jeune. Elles ont pris sens lorsque j'ai été harcelé. Une partie de moi n'est toujours pas passée à autre chose et ça me hante. Je suis toujours en colère. En colère contre moi d'avoir été aussi faible et en colère contre les personnes qui m'harcelaient. Au fond de moi, ma haine ne demande qu'à remonter à la surface. Le jour où ça arrivera, plus rien ne n'empêchera de crier ou faire je ne sais quoi qui pourrait m'être fatale, comme finir en prison.
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A Double Tranchant
Novela JuvenilLaya, 24 ans, et son meilleur ami Alex sont des « espions » de leur famille dans la mafia et partent pour l'université d'Edinburgh en Ecosse. Un colocataire très spécial, Aaron aussi dans la mafia (russe, écossaise), va lui mener la vie dure mais v...