ERWANN CHEZ LES PIRATES

Chapitre 10

Entretemps, l'ombre ressemblant à un petit animal espionnait les pirates après les avoir suivis. De plus, dans le village où les Thénar étaient les chefs, personne ne s'était aperçu de l'absence d'Erwann. A part quelques personnes, beaucoup craignaient les horribles Thénar. Ceux-ci étaient prêts à trouver les trésors qui allaient les rendre puissants. Quant à l'Arc-Sky, il naviguait toujours avec un capitaine restant à l'écart dans sa cabine. Il arrivait qu'il soit tellement troublé avec le prince-sorcier dans les parages qu'il n'osait plus sortir. Soudain, Erwann réclama Corentin, espérant de vraies explications. Les deux garçons se retrouvèrent à l'écart. Face-à-face, ils finirent par se parler :

-Explique-moi ce qui s'est passé avec nos parents. Je suis triste et furieux. Je m'en suis bien souvenu et je te vois mal participer à la disparition tragique de mes pauvres parents. Pourquoi Corentin, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Le capitaine fut bien obligé de raconter l'histoire pour éclaircir son abandon.

-Mon pauvre Erwann, je regrette terriblement que mes vilains parents t'aient traité si mal. Je te jure que je n'approuvais pas la jalousie qui les a poussés à faire tuer tes parents bien-aimés. Juste parce que Mysterytale ne voulait pas d'eux.

-Alors pourquoi m'as-tu abandonné malgré tout ? J'avais vraiment besoin de toi !

-En réalité, je ne me suis pas enfui de mon plein gré, ils m'ont forcé à partir en me menaçant de te faire du mal. C'était un déchirement pour moi et je me suis juré de te retrouver. Seulement, c'est devenu plus compliqué que prévu. Et mon retour devait être spectaculaire en tant que pirate. Voilà maintenant je te demande pardon mon petit brun adoré. Vas-y ! Lâche-toi, allez énerve-toi et casse moi la figure si tu veux !

Effectivement, le jeune orphelin lui donna des coups assez forts avant de se laisser câliner en pleurant dans ses bras. Seulement, cela avait fait beaucoup de bruit dehors.

- Que se passe-t-il ici ? Tout le monde s'inquiète et a entendu des pleurs !

- Ne t'inquiète pas Mallia. Erwann et moi, nous nous sommes expliqués et tout va bien.

-Ah ! Il a retrouvé la mémoire, si je comprends bien ? Cela veut dire que vous êtes réconciliés ?

-Oui. Merci Mallia, dit Erwann en se calmant. Je suis maintenant très heureux de te retrouver, Corentin. Je vais enfin pouvoir me sentir beaucoup mieux. Merci encore !

Après coup, Mallia, rassurée, retourne voir les autres pour les prévenir. Quant aux deux garçons, ils finissent par se confier l'un envers l'autre tous en se câlinant.

-Je me souviens de tes gentils parents qui m'ont bien accueilli et tu me saluais en me câlinant toujours après avoir couru vers moi quand je venais te voir.

-Tu sais, nous vivions dans la forêt loin des mentalités étriquées et des préjugés. Tout cela me fait de la peine. Juste parce que ma mère était authentique et incroyable et que mon père faisait un peu le « fou-fou » pour nous amuser, je suis devenu orphelin. Voilà pourquoi je ne m'entendais pas du tout avec plusieurs villageois. Les animaux étaient mes amis et ils les ont massacrés aussi. Mais bon, je ne veux pas critiquer tes parents...

-Ne t'en fais pas. Je sais à quel points mes parents sont matérialistes. C'est d'ailleurs dans les commerces assez prospères que j'ai commencé à voler pour pouvoir me nourrir. Bien sûr, les terreurs de la nuit nous ont pris par la violence une partie de notre trésor. Mais notre force de cœur est toujours là. Et notre amitié se renforce de plus en plus.

Les deux garçons se consolaient de la mort des parents d'Erwann et du mauvais comportement des deux Thénar. Le prince-sorcier et le capitaine-pirate se promirent, avec autant d'affinités, d'essayer de se soutenir et de veiller l'un sur l'autre. Pendant ce temps, les triplées se chamaillaient toujours, les jumeaux se sentaient toujours aussi bêtes, Mr et Mrs Mobapar se trouvaient toujours aussi petits. Et Mallia se sentait toujours inutile malgré son envie de faire la maman. Tous étaient très heureux de faire partie de l'Arc-Sky. Mais il manquait toujours un petit quelque chose de palpitant ou quelque chose de très important pour chaque membre du bateau pirate.