(...)quand un homme peine à supporter celles d'une migraine.
Iris.
— Mais enfin, que fait-elle ? s'impatienta Eugénie de Marcilly, en agitant son éventail devant sa figure empourprée.
Sa toilette en moire loutre et velours broché lui conférait un petit air austère qui selon Iris était voulu. L'espace d'une poignée de secondes, alors que la bague de fiançailles attendait dans la poche de sa redingote, il se demanda comment ses propres parents se seraient comportés en pareille situation. Auraient-ils approuvé qu'il se remarie après la perte de sa femme ? Sans aucun doute en ce qui concernait son père, il aurait voulu que son fils engendre un héritier. En revanche, du côté de sa mère, il n'en avait pas la moindre idée. Qu'auraient-ils pensé de Gabrielle ? Victor l'aurait trouvée trop audacieuse, pour sûr, et ce trait de caractère lui aurait déplu. Il aurait également réprouvé sa faiblesse durant la visite du clos. Une demoiselle sans la moindre tenue, un embarras pour le futur époux. Pas encore marié et déjà encombré de son fardeau, entendit-il son fantôme lui murmurer à l'intérieur de son esprit. Henriette, elle, en aurait probablement ri sous cape. Les situations cocasses l'amusaient, pour autant, il ne fallait pas en oublier les bonnes manières. Et encore moins Victor...
Le sourire qui s'était dessiné sur les lèvres d'Iris au souvenir de sa mère mourut à la pensée suivante et comme à l'accoutumée, sa gorge se noua. Il préféra ne pas s'attarder sur le passé au risque de voir son humeur s'assombrir.
Le silence était un terrible complice.
À ses côtés, Violette remua sur le sofa. Elle ne semblait pas à son aise. Iris savait qu'elle craignait de donner mauvaise impression, de ne pas plaire. Il aurait voulu la rassurer : ce n'était pas elle qu'on jugerait – quoique ? – et elle était parfaite, autant dans son attitude que dans sa mise.
Iris, naturellement attentif aux détails, cultivait cette aptitude au quotidien dans son travail et avait noté le bon goût de sa sœur. Il ne lui connaissait d'ailleurs aucun faux pas.
Pour l'occasion donc, elle avait revêtu une élégante toilette de dîner en faille et satin saumon. Le corsage à pointes affinait sa taille déjà très svelte et les bandes de failles brodées dont il était constitué ajoutaient une touche de coquetterie à sa tenue. Les manches s'arrêtaient au niveau du coude, toutefois sa peau pâle n'apparaissait que peu, dissimulée sous ses gants. La jupe formait un ensemble compliqué composé de volants ornés de broderies anglaises sous lesquels un plissé en satin luisait et par-dessus lesquels on observait un drapé du même tissu, des coques ainsi qu'une écharpe autour des hanches agrémentée d'un nœud sur un côté.
Quelle complexité que ces atours ! Son habit noir brillait par sa sobriété et il n'avait besoin d'aucune assistance pour le passer. C'était là une des nombreuses libertés des hommes.
Néanmoins, il le reconnaissait volontiers, tout le raffinement des dames était un plaisir pour les yeux de la gent masculine. À ce propos, il se demandait comment Gabrielle apparaîtrait. Il misait sur une toilette en soie, plutôt claire. Crème, peut-être. Si la demoiselle savait se montrer désagréable dans son attitude, elle ne l'était pas à regarder, contrairement à ce qu'il avait affirmé à sa sœur.
— Bon, je vais monter, annonça Gustave en joignant le geste à la parole.
Il esquissa deux pas avant d'être interrompu par l'arrivée de Justine. La jeune fille, déjà attentive à son allure, avait, elle aussi, accordé un soin tout particulier à sa toilette.
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Iris
RomanceGabrielle est révoltée. Ses parents, ont décidé de l'unir au vicomte Iris du Val d'or ! Héritier d'un grand patrimoine, il doit une partie de sa fortune et de sa renommée à son prestigieux vin ancestral, Le Clos des Dieux. Malheureusement, sa répu...