chapitre 4

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Les elfes restèrent tapis dans la forêt durant la nuit, guettant le moindre signe de l'avancée des orques. Mais ceux-ci ne vinrent pas.

Thranduil commençait à perdre patience, lorsqu'il vit finalement des ombres se déplacer derrière les arbres.

Ils se trouvaient à une centaine de mètres. Indéniablement, il s'agissait des orques.

Thranduil fit un signe de tête en direction de Deren, et l'elfe brun ordonna au reste des archers de se mettre en position d'attaque. Ils attendirent encore quelques minutes, espérant que l'ennemi ne les verrait pas dans la nuit en avançant.

Mais les silhouettes des orques cessèrent de bouger soudainement, et ils se fondirent dans les ténèbres.

Thranduil eut un mauvais pressentiment.

Avaient-ils été repérés ?

Rien ne bougea plus dans la forêt, et les elfes commencèrent à s'interroger sur les intentions de leur ennemi.

Que font-ils ? se demanda Thranduil.

Les elfes échangeaient des chuchotements et des regards interrogatifs entre eux. Thranduil leva la main pour leur ordonner de garder le silence.

L'œil perçant de du roi elfe essaya de voir à travers les branches des arbres, mais il ne parvint pas à distinguer le moindre signe de vie.

Cela sentait le coup monté.

Alors qu'il commençait à se demander s'il n'était pas temps de passer à l'offensive, Thranduil vit une lueur rougeoyante apparaître à l'horizon.

Doucement, elle émergea du fond de la forêt, faisant chatoyer les troncs noirs des arbres. Cette lueur grossit et devint vite inquiétante, car elle ne cessa de grandir et de s'étendre. Sa lumière se renforça, éclairant presque tout un pan de la forêt. Et c'est alors que Thranduil l'entendit... ce craquement et ce souffle bourdonnant si distinct.

Une odeur acariâtre de bois brûlé s'éleva dans l'air, et les elfes sylvains qui se trouvaient en hauteur, perchés sur les branches des arbres, virent alors la fumée et les braises ardentes qui montaient vers le ciel.

- Naur ! s'écria un elfe.

Paniqués, les elfes se mirent à descendre des arbres.

Thranduil resta immobile, ramené brusquement des milliers d'années en arrière sur un autre champ de bataille. Hypnotisé, il regarda le feu dévorer la forêt, happé par de lointains souvenirs qui firent naître la terreur dans son cœur. La chaleur devenait insoutenable, et le feu émergea de la forêt comme un gigantesque brasier. Mais Thranduil voyait autre chose... alors que la température montait, il eut soudain l'impression de sentir une haleine plus que familière et nauséabonde lui souffler sur le visage.

Il vit revit alors devant lui deux yeux jaunes immenses et cruels, qui le transpercèrent et le forcèrent à rester immobile. Un corps gigantesque rampa sur le sol jusqu'à lui, et ouvrit sa gueule... laissant échapper un feulement menaçant.

Puis il vit sa gorge s'illuminer de flammes...

- Thranduil !

Le cri d'Aphadon le sortit de sa léthargie. Thranduil tourna la tête, et vit que l'elfe avait posé une main sur son épaule.

- Nous devons fuir ! s'écria Aphadon. Monseigneur, nous ne pouvons pas rester là !

Ses yeux verts étaient agrandis par la peur, et Thranduil reprit alors ses esprits.

Il réalisa que le feu avait pris l'allure d'un incendie géant, et qu'il se rapprochait dangereusement de la position des elfes. Les flammes montaient à présent très haut dans le ciel, engloutissant les arbres de la Forêt Noire. La fumée devint plus épaisse, et les elfes commençaient à tousser et à se protéger les yeux.

La Forêt Noire : La destruction de Dol GuldurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant