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Pdv Milia

Je me réveillai brusquement, ma respiration haletante, les muscles crispés par une douleur insoutenable. C’était comme si chaque fibre de mon corps hurlait, me suppliant d’arrêter un supplice invisible. Les lumières tamisées de la chambre d’hôpital projetaient des ombres dansantes sur les murs, amplifiant mon malaise.

Je tentai de me redresser, ignorant les élancements violents qui parcouraient mon dos et mes jambes. Mes mains s’agrippèrent au drap, mais mes bras ne suivirent pas. Une faiblesse inexplicable paralysait mes gestes.

Avec un dernier effort désespéré, je poussai sur mes coudes, mais mes jambes lâchèrent. Je tombai lourdement sur le sol, un cri étouffé s’échappant de mes lèvres. La douleur explosa comme un feu d’artifice, irradiant de ma hanche à ma poitrine. Dans ma chute, ma tête heurta violemment la table de chevet.

Le bruit résonna dans la pièce comme un coup de tonnerre. Tout tournait autour de moi, les murs semblant s'effondrer dans un tourbillon vertigineux.

Une silhouette entra précipitamment dans la pièce. Une infirmière se pencha sur moi, ses mains délicates mais fermes tentant de me relever.

— « Mademoiselle, calmez-vous. Tout va bien… Vous allez… »

Ses paroles se perdirent dans un brouillard sonore. Je ne comprenais rien. Tout ce que je percevais, c’était un flot de murmures indistincts, mêlé aux battements assourdissants de mon cœur.

Je voulais parler, dire quelque chose, mais mes lèvres refusaient de bouger. Je sentis mes jambes flageoler sous moi. La panique montait en moi comme une marée incontrôlable.

— « Non… attendez… je… »

Mes mots se noyèrent dans un sanglot étranglé. Et puis, tout devint noir. Avant de sombrer, des voix affolées me parvinrent. Lointaines. Méconnaissables.

Pdv Clémence

Je jetai un dernier coup d’œil à Milia, qui dormait profondément. Sa respiration régulière était presque apaisante, contrastant avec l’angoisse qui me tenaillait depuis que je l’avais vue dans cet état. Je pris une grande inspiration et sortis discrètement de la chambre, décidée à profiter de ce moment de répit pour obtenir des réponses.

Emma était toujours dans le hall des urgences, un regard inquiet gravé sur son visage.

— « Clémence ? Tu restes encore un peu ? » demanda-t-elle, sa voix hésitante.

— « Oui, je vais discuter avec le médecin et quelques membres du personnel. Je veux comprendre ce qui s’est passé. Tu devrais rentrer, Emma. Je te tiens au courant. »

Elle hocha la tête, visiblement réticente à partir, mais elle finit par obéir.

Je passai les heures suivantes à parler avec les infirmiers et le médecin en charge. Ils furent cordiaux, mais leur diagnostic restait évasif. De nombreux tests avaient été effectués, mais les résultats ne révélaient qu’un corps épuisé et maltraité par le stress et la pression.

Ne trouvant pas de réponse satisfaisante, je me résolus à contacter un psychologue que je connaissais bien : Daniel, le mari d’une ancienne coéquipière. Sa voix chaleureuse à l’autre bout du fil me rassura légèrement.

— « Clémence, tu as bien fait de m’appeler. D’après ce que tu décris, il y a plusieurs signaux d’alerte. Stress chronique, possible dépression… Ce n’est pas qu’une question de santé physique. Elle cache probablement beaucoup de choses. »

Ses mots résonnaient en moi comme un avertissement. Mais je savais que Milia avait besoin d’espace. Si je la brusquais, elle se refermerait comme une huître.

— « Merci, Daniel. Je vais être là pour elle, mais je ne veux pas qu’elle se sente surveillée ou jugée. »

Il me félicita pour ma patience, ajoutant qu’il serait là si j’avais besoin d’aide.

Lorsque je retournai dans la chambre, Milia dormait toujours profondément. Je m’assis près de son lit, ouvrant un livre pour me distraire. Mais même les mots imprimés sur la page ne suffisaient pas à éloigner mes pensées.

Je finis par sortir mes copies à corriger, mais ma concentration était ailleurs. À chaque bruit de couloir, mon regard se portait sur Milia, comme si je craignais qu’elle disparaisse à tout moment.

Vers minuit, mon téléphone vibra. C’était Juline.

— « Alors, comment va-t-elle ? » demanda-t-elle d’une voix douce.

— « Toujours endormie. Mais elle est stable. »

Juline sembla soulagée.

— « Et toi, Clémence ? Comment tu tiens ? »

Je poussai un soupir, cherchant mes mots.

— « Je fais ce que je peux. Mais… »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase. Un bruit sourd retentit dans la chambre. Mon regard se tourna immédiatement vers Milia.

Elle était étendue sur le sol, inconsciente, dans les bras d’une infirmière qui semblait paniquée.

— « Juline, je te rappelle. »

Je raccrochai précipitamment et courus vers Milia, mon cœur battant à tout rompre.

— « Que s’est-il passé ?! » demandai-je à l’infirmière, ma voix trahissant ma panique.

— « Elle a essayé de se lever et s’est effondrée. Elle doit avoir perdu connaissance en raison de la douleur et de l’épuisement. »

Je m’accroupis à côté d’elles, mes mains tremblantes caressant doucement le visage de Milia.

— « Pourquoi tu te fais ça, Milia ? Pourquoi tu ne nous laisses pas t’aider ? » murmurai-je, plus pour moi-même que pour elle.

Les infirmiers arrivèrent pour l’installer à nouveau sur son lit, et je m’assis à ses côtés, refusant de la quitter des yeux.

Cette nuit-là, je pris une décision. Peu importe les murs qu’elle avait érigés autour d’elle, je trouverais un moyen de les abattre. Parce qu’au fond de moi, je savais que je ne pourrais jamais la laisser affronter ses démons seule.

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À suivre....

Entre Deux FeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant