𝐘𝐨𝐮, 𝐌𝐲 𝐀𝐧𝐠𝐞𝐥 𝐚𝐧𝐝 𝐌𝐲 𝐒𝐚𝐢𝐧𝐭 [𝘛𝘰𝘫𝘪 𝘍𝘶𝘴𝘩𝘪𝘨𝘶𝘳𝘰]

↳ Collier de perle

Le temps des fêtes approchait, ce qui voulait dire une chose : faire du shopping. Tu achetais des cadeaux pour tout le monde, surtout pour Misumi et Megumi. Megumi recevait plus de cadeaux, puisque son anniversaire approchait aussi. La pièce de rechange était remplie de paquets, et Toji n'arrêtait pas d'en acheter encore et encore.

Une autre particularité de décembre, c'était le concert de l'école pour les parents et tuteurs des enfants. Megumi avait décidé de rejoindre l'orchestre, parce que Yuji y participait aussi. Tu te retrouvais donc au premier rang dans un auditorium de lycée que l'école primaire avait loué.

Tu faisais de ton mieux pour être une mère encourageante, mais c'était tellement dur de ne pas te boucher les oreilles. Toji voulait faire pareil, mais il utilisait déjà ses mains pour couvrir les oreilles de Misumi. Heureusement, le bruit affreux ne venait pas de Megumi, parce qu'il jouait du triangle, et cet instrument faisait à peine un son dans cette horrible performance.

Tu filmais tout, mais tu étais tellement tenté d'arrêter l'enregistrement et de supprimer la vidéo. Tu espérais que la performance se termine rapidement. Le temps semblait s'étirer. Le spectacle continuait encore et encore, jusqu'à ce qu'enfin le silence tombe.

Tout le monde s'est mis à applaudir, pas à cause de la performance, mais pour célébrer le silence qui avait envahi l'auditorium. Tu applaudissais aussi, et Toji a retiré ses mains des oreilles de Misumi pour applaudir également. Misumi a suivi le mouvement et applaudi.

– Merci mon Dieu, c'est fini, a murmuré Toji, et tu as hoché la tête en réponse. 

Vous vous êtes levés, enfin deux d'entre vous, parce que Toji portait Misumi, et vous attendiez que Megumi vous rejoigne. Il vous avait repérés, tous les trois, puisqu'il était au premier rang.

Il est arrivé avec un grand sourire, ce qui t'a tout de suite fait comprendre qu'il fallait mentir. Il semblait tellement fier, et tu n'allais pas briser son petit cœur. Il a levé les yeux vers toi.
– Alors, maman, c'était comment ?

– T'as été incroyable, mon chéri ! T'as un avenir tout tracé avec le triangle. Personne ne le jouait comme toi.

Tu l'as complimenté avec enthousiasme, mais tu as remarqué le regard en coin de Toji. Tu lui as lancé un regard noir avant de te concentrer à nouveau sur ton fils. Tu étais tellement tenté de lui pincer la joue, mais tu t'es retenu, sachant que Megumi se plaindrait en disant que tu l'embarrassais devant ses amis.

– Et toi, papa, t'en as pensé quoi ? demanda Megumi en se tournant vers Toji, qui afficha un sourire maladroit. 

Tu l'as fusillé du regard, et il a compris ce qu'il devait dire.

– C'était super, Gumi. Définitivement le meilleur. Ce concert était vraiment incroyable, a menti Toji, sachant que, s'il ne le faisait pas, tu te mettrais en colère et arrêterais de coucher avec lui pendant une semaine ou plus.

– Et toi, Mimi ? demanda enfin Megumi à la plus jeune. Toji a déposé un baiser sur la joue de Mimi, mais en réalité, il lui soufflait quoi répondre.

– Incroyable, Goomi, a-t-elle répondu. 

Le garçon avait l'air sur un petit nuage, et tu étais tellement heureux de le voir comme ça. Tu ne voulais pas gâcher ce bonheur, alors tu étais forcé de mentir encore un moment, jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour comprendre la vérité.

– Bon, dis au revoir à Yuji. Ton père a réservé une table dans un restaurant, et on ne peut pas être en retard.

Après le dîner, tu te retrouvais à marcher un peu dans la ville. Tu tenais la main de Toji, tout en gardant un œil sur Megumi, qui tenait celle de Misumi.

En marchant distraitement, tu t'es arrêté dans un parc que tu n'avais pas visité depuis des années. Tu t'es arrêté net, ce qui a fait s'arrêter Toji aussi. Il s'est vite souvenu de cet endroit. C'était là où tu lui avais posé des questions sur sa cicatrice. Toji a sifflé, ce qui a fait arrêter Megumi à son tour.

– On s'arrête ici, a dit Toji, ce qui a fait revenir Megumi en portant Misumi vers vous deux. 

Tu as souri à Toji avant de déposer un baiser sur sa joue.

Cette nuit-là, tu espérais que tu finirais en couple avec Toji, parce que tes sentiments pour lui ne cessaient de grandir. Mais tu savais que ce n'était pas possible à l'époque, puisqu'il avait une femme. Maintenant, tout était tellement différent de ce que ça avait été.

Le paysage était exactement le même, parce que c'était cette période de l'année. Tu t'es retourné vers ta fille qui appelait ton nom. Tu savais qu'elle avait repéré l'aire de jeux faiblement éclairée par les lumières de Noël.

– On peut y aller ? demanda-t-elle. 

Tu as regardé ta montre. Il était tard, et si elle jouait, elle risquait de ne pas dormir de la nuit. Tu as dû secouer la tête. Tu savais qu'elle allait faire une crise, c'est pourquoi tu as sorti ton téléphone pour faire quelque chose que tu n'aimais pas vraiment faire. Tu lui as donné ton téléphone.

– Vous voulez bien vous asseoir un moment ? as-tu demandé, et ils ont accepté. Ils se sont assis, et Misumi jouait avec ton téléphone pendant que Megumi la surveillait.

– J'ai du mal à croire que tout ça s'est passé il y a si longtemps..., a commenté Toji, ce qui t'a fait acquiescer.

– J'ai encore du mal à croire que tout ça ait eu lieu, as-tu répondu. Toji a attrapé ta main et t'a conduit à un banc pour t'asseoir. Un endroit où tu pouvais surveiller les enfants, mais pas assez proche pour qu'ils entendent. Vous vous êtes assis tous les deux.

– Je veux te demander... Est-ce que tu le regrettes ? Parce que moi, non, répondit Toji, te laissant perplexe.

– Eh bien... J'aimerais dire non, mais une partie de moi, si. S'il te plaît, ne le prends pas mal, mon amour. Même si j'aime mes enfants et toi, tellement de choses se sont passées, commenças-tu. J'ai été accusée de tout, j'ai dû prendre deux boulots, je suis tombée enceinte... Et même si je l'aime, je n'étais pas prête à devenir mère. Je me préparais à avoir des jumeaux, et je n'ai eu qu'un seul enfant. Tellement de choses se sont passées qu'une partie de moi regrette tout.

– Je comprends, mon amour. Je ne suis pas vexé parce qu'une partie de toi le regrette. Je n'ai pas vécu tout ce que toi tu as traversé, même si c'était une chose qu'on a faite ensemble.

Il passa un bras autour de tes épaules, déposant un baiser sur ta tempe. Puis, il fouilla dans sa poche et sortit un objet. Il te fit tendre la main avant de déposer quelque chose dans ta paume.

– Je comptais te rendre ça, mais je ne suis pas sûr que tu le veuilles.

Dans ta main reposait le collier de perles que tu lui avais lancé avant de le quitter.