Chapitre 24 : L'ombre de l'autel

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HARPER


La chambre est plongée dans le silence, seulement brisé par la respiration régulière de Dimitrov et Youri dans la pièce voisine. Mais quelque chose cloche, je l'entend elle. Des murmures étouffés, des sons brisés.

Olivia.

Je me redresse, tendant l'oreille. Elle bouge dans le lit, agitée. Un faible gémissement traverse la distance entre nous, suffisant pour réveiller cette tension dans ma poitrine. Je m'approche, chacun de mes pas sont silencieux.

Ses cheveux bruns sont éparpillés sur l'oreiller, une mèche collée à son front humide. Elle tremble. Son visage d'habitude si serein est tordu par une douleur que je ne supporte pas de voir. C'est comme si quelqu'un lui volait son souffle et son calme. Je serre les poings.

Qui ose hanter ses rêves ?

- Non arrête... Murmure-t-elle d'une voix rauque, presque inaudible.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je m'assois près d'elle, la main tendue, mais sans la toucher encore. Pas tout de suite. Sa fragilité est une chose sacrée, quelque chose que je veux protéger autant que je veux briser. Je me penche et murmure son nom.

- Olivia.

Elle se réveille en sursaut, ses grands yeux noirs cherchant un ancrage. Moi. Toujours moi. Je la tire contre mon torse, mes bras l'enfermant. Elle est si petite, si fragile dans mes bras que j'en ai presque peur. Mais ce n'est rien à côté de la rage sourde qui monte en moi.

- Qu'est ce qu'il t'as fais Olivia ? Je demande, ma voix basse mais tranchante.

Elle ne répond pas. Elle tremble toujours, sa respiration saccadée, mais je la sens céder. Elle s'accroche à moi comme à une bouée. Sa tête se pose sur mon épaule, son souffle chaud glisse contre ma peau marquée.

Elle s'endort finalement, ses doigts accrochés à mon t-shirt comme si elle avait peur que je disparaisse. Je la regarde pendant plusieurs minutes, des heures peut-être. Chaque détail d'elle m'obsède : la courbe de sa mâchoire, la douceur apparente de ses lèvres, et ce putain de vide dans son regard quand elle a ouvert les yeux.

Elle s'endort alors sans un mot, sans m'expliquer ce qu'il lui a fait. Mais je n'oublierai pas. Je trouverai qui lui a fait ça, et je le détruirai.

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La lumière perce à travers les rideaux, un rayon blanc venant frapper mon visage. instinctivement, je grogne et cligne des yeux, désorienté. La pièce est calme, presque trop? L'horloge digitale sur la table de chevet affiche quatorze heures. Bordel, j'ai dormi plus que prévu.

Je tourne la tête et mon regard se pose sur elle. Elle est toujours là, sa silhouette est emmitouflée dans les draps. Ses cheveux bruns tombent en vagues autour de son visage. Elle dort encore, mais il y a une légère tension dans sa mâchoire, comme si ses cauchemars n'étaient jamais loin.

Je me lève doucement, veillant à ne pas faire de bruit. Un dernier regard vers elle et je quitte la chambre. Dimitrov et Youri m'attendent sûrement déjà en bas.

Le hall de l'hôtel est presque désert. Le silence est pesant mais il n'a rien de calme. Ce genre de silence précède les tempêtes. Chaque pas que je fais résonne dans ma tête, comme une horloge qui tourne, un compte à rebours vers ce qu'on va affronter.

Je trouve alors le duo dans un coin reculé du restaurant de l'hôtel. Dimitrov, grand et imposant, est adossé contre la banquette, son bras tatoué posé négligemment sur le dossier. A côté, Youri est penché sur la table, son regard perçant fixé sur un téléphone. Ils ont l'air détendu, mais je les connais assez pour savoir que ce n'est qu'une façade.

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