Il faisait sombre en cette nuit de deux juin mille neuf cent quatre-vingt-dix sept. Il était dix-huit heures moins le quart je crois, et tu m'avais supplié de te laisser partir. Ce n'était pas loin de la boulangerie, après tout.
CInq ou six minutes à pied auquels on ajoute cinq minutes pour le pain ainsi que le retour, dans une vingtaine de minutes et même moins tu serais à la maison. Alors je t'ai laissé partir. La ville était calme et le ciel était sombre. Tu avais mis ta veste en jeans délavée et tes nouvelles baskets et tu m'avais sautée dans les bras pour me remercier de te laisser. Je crois que ça t'avais fait te sentir libre; pouvoir aler errer dans une ville silencieuse, et faire un peu de bruit et mettre un peu de vie.
Les nuages cachaient le soleil, mais tu n'avais pas peur, Deux euros dans ton porte-monnaie, le sourire aux lèvres et tu t'en allais en sautillant.
Mais tu n'es pas rentrée. Tu n'es pas rentrée après vingts minutes même pas après une heure.
La boulangerie avait ferlé et les rues étaient dépeuplées. Seules les gouttes d'eau brisaient le silence de ce deux juin.
Et tu n'es pas rentrée. J'ai cru que tu étais partie chez une amie crier ta liberté, mais aucune ne t'avais vue. J'ai cru que je devais renoncer, faire mon deuil; la police m'avait dit d'attendre le lendemain, qu'ils ne pouvaient rien faire.
Quels imbéciles.
Il faisait sombre en cette nuit du deux juin mille neuf cent quatre-vingt-dix sept. Il faisait sombre lorsque tu es partie, et il fit grand soleil le surlendemain lorsque je mis des affiches annonçant ta disparition, il pleuvait dans mon coeur.
Tu n'es plus revenu , ton petit corps retrouvé dans une avenue de Paris, froid et pourtant vivant. Tu avait dix ans, tu ne te souvenais plus.
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Un petit bout de moi...
RandomJe ne dirais pas que je suis barge, Dingue, où que j'ai besoin d'un psy, mais... * Attendez on me dit que je dois enlevez la négation. * Capharnaüm de mots, de pensées, de textes. Bonne Lecture ! du moins si vous lisez.