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''Il est minuit. Il est minuit et je ne sais pas quoi faire. Je fixe le plafond, d'un blanc éblouissant qui s'assombrit petit à petit, durant les longues heures de la nuit, suite à la diffusion de toutes mes idées noires qui le rende maussade. Elles envahissent tout mon espace vital, dans une seule et unique optique d'anéantissement, d'étouffement.
Il est minuit. Il est minuit et mon esprit fait des siennes. Je n'arrive pas à m'endormir, des tonnes de mots me viennent à l'esprit, et je tente en vain de les assembler pour construire quelque chose de sensé ; un raisonnement qui aboutirait à une solution concrète.
Il est minuit. Il est minuit et oui, il est vrai que je cherche une solution. Une solution qui serait formée des multiples réponses aux mille et une questions se bousculant vulgairement dans mon encéphale.
Il est minuit. Il est minuit et je ressens un vide immense, continuant de s'agrandir seconde après seconde. Le vide dû au manque d'une personne, détruisant petit à petit chaque parcelle de mon organisme, même les plus résistantes et les plus impartiales.
Il est minuit. Il est minuit et je n'ose fermer les yeux, de peur que ses images qui me rongent ne refassent surface et qu'elles m'emportent dans le grand large dévastateur, dans lequel je me noierai.
Il est minuit. Il est minuit, et je déteste la personne que je suis. Je l'imagine avec un regard réprobateur se posant sur toutes les mauvaises décisions prises, sur tous les regrets accumulés, sur les fausses paroles prononcées. Je hais cette personne qui sommeille en moi, qui devient moi, et qui a la capacité de tout dévaster sur son passage.
Il est minuit. Il est minuit, et je ne vois pas une simple humaine allongée sur un lit, mais un monstre. Un monstre qui mérite ce qui lui arrive, qui ne devrait certainement pas respirer à cette heure-ci, mais bien au contraire être six pieds sous terre.
Il est minuit. Il est minuit, et il y a toutes ces voix qui me rappellent sans cesse que je ne vais nul part et que rien ne me sera jamais accessible. Elles me content au présent mes démons du passé qui ornent dorénavant mon futur. Elles me rappellent toutes les paroles, toutes les situations que je tente en vain d'effacer de ma mémoire.
Il est minuit. Il est minuit, et je me fascine à visualiser la Mort sous toutes ses formes. Je réfléchis au pourquoi du comment, à la façon dont elle pourrait surgir, un moyen de la chasser et à ce qu'il y a après, une fois qu'elle nous as prit au piège.
Il est minuit. Il est minuit, et mon esprit digresse. Je suis maintenant en train de me rendre compte que nous sommes constamment pris au piège. La Vie est un piège, la Mort en est un autre. Le seul moment de liberté serait donc celui du plus ou moins long instant se déroulant entre les deux. Cet instant durant lequel nous souffrons. Le bonheur est emprisonné, donc la liberté fait mal.
Il est minuit. Il est minuit, et je me sens comme une personne qui viendrait de boire une bouteille entière de vodka alors que je suis absolument sobre. Je ne comprends pas pourquoi, tout s'embrouille, tout devient superficiel et futile. J'ai un mal de tête pas possible, mon cerveau bouillonne en pensant à toutes ces heures auxquelles il va encore avoir à faire face.
Il est minuit. Il est minuit, et je suis seule. Pourtant, je continue de me cacher sous de fausses apparences, m'entraînant à esquisser un sourire derrière lequel personne ne pourrait déceler ma peine.
Il est minuit. Il est minuit, et je me demande comment est-ce que je réussirais à faire face à cette nouvelle journée qui approche. Au lever du soleil, mes phobies referont surface et je devrais lutter pour les camoufler, elles aussi, épuisant le peu de force qu'il me reste vaguement. L'éternelle réitération des journées suivant une routine infernale et fracassante.
Il est minuit. Il est minuit et je tourne autour de quelques syntagmes tous aussi obscènes les uns que les autres. Les métaphores se heurtent à la réalité, pour finir par mourir dans un trépas démesuré.
Il est minuit. Il est minuit, et mon souffle se saccade, une boule de stress vient se lover au creux de mon ventre, et les mots se font rares. Ils laissent la place aux vrais maux.
Les secondes, les minutes, les heures se sont écoulées, il n'est plus minuit, mais rien a changé.''

Un petit bout de moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant