"Pardon ??"
Heu... ils m'ont vraiment dénoncé à Chuck ?! L'homme répond immédiatement d'une voix calme.
"Votre passé a été dévoilé de manière anonyme. Nous ne pouvons pas avoir de criminelle au service de l'État. Par contre, pour avoir fait 4 années de travail irréprochable, nous acceptons de ne pas vous faire arrêter. Vous pourrez passer dans la semaine chercher vos affaires personelles."
Je ne sais pas quoi dire. C'était prévisible. Pourtant, ça... ça fait tout drôle. Je ne suis plus agent secret.
Je répond simplement un "ok." d'une voix que je fais tout pour faire assurée, alors qu'au fond de moi j'ai envie de lui claquer la porte sur sa putain de tête. C'est pas de sa faute, mais je suis sure qu'il prend un malin plaisir à m'annoncer une nouvelle pareille. Ça se voit à sa façon de me parler, de se tenir. On voit bien que derrière cette mine faussement désolée se cache un immense sourire.
Ou alors, je sombre carrèment dans la parano ! En tout cas, le mec reste planté là, comme un con, les bras ballants.
"Bon, tu sais tu peux partir hein, je vais pas me sucider ou quoi pour ça, c'est qu'un travail. Et j'aimerais être un peu tranquille là."
Le mec respire un bon coup avant de me dire d'une traite : "Vous devez me rendre les clés de la chambre, ce n'est plus pris en charge par la base."
Aah ok. Bon. Donc en plus je me retrouve à la rue. Génial. Je vais dans la cuisine, et enlève les clés de leur place habituelle pour les déposer dans la main tendue du mec.
"Content ?" Je lui adresse un faux sourire. "Ou alors il faut que vous m'enleviez autre chose ?"
L'homme se passe la main nerveusement sur son crâne rasé.
"-Hum, en fait, vous êtes priées de ne prendre avec vous que le strict nécessaire, car toutes vos affaires sont propriétées de l'État.
-Et je peux savoir ce que le gouvernement en a à foutre d'une brosse à dent ou d'un tee-shirt ? Ils vont en faire quoi ?
-Mademoiselle. C'est la procédure.
-La procédure ? Mon cul ouais. Dites juste que me foutre à la porte ça vous suffit pas, il faut en plus que je n'ai rien sur moi !
-Si vous n'obtempérez pas je vais devoir...
-Vous allez devoir quoi ?! Me sanctionner ? Mais qu'est-ce que vous aller me faire ?? Tout ce que j'avais je ne l'ai plus ! J'ai plus rien ! Vous voulez quoi de plus ? La lune ? Et bah allez la chercher vous même. L'appart sera libre dans 10 minutes. Et si vous pouviez dégager en attendant, j'ai pas envie de recroiser votre tête de merde."
Je le vois pincer les lèvres, genre il se retient de me répondre. Pff. Il croit il j'ai peur de lui ? Mais finalement, il recule d'un pas et me laisse fermer la porte. Je me rend compte que j'ai les yeux humides, et ça m'étonne. Je suis vraiment bien trop sentimentale en ce moment.
D'ailleurs, il faut que je me reprenne. Je ne pleurerai plus. Ça suffit. Je suis pas une fille qui passe son temps à se lamenter. Même si ma vie semble s'écrouler, je dois garder la tête haute en toutes circonstance.
Je m'empare d'un sac, et je fourre dedans mon portable, une robe, des baskets, un pull, et mon porte monnaie. Je finis par prendre quand même mon arme favorite, un pistolet plutôt court, discret et léger, et je sors de la chambre.
Par bonheur, l'homme m'a écouté et n'est pas là. Heuresement.
En fait, maintenant, je suis libre ?
Les Flemmings n'ont plus de moyens de pressions contre moi, je n'ai aucune attache nul part, j'ai le choix de faire tout ce que bon me semble. Et pourtant, toute cette liberté me fait peur.
En sortant de l'hôtel, je vais dans la banque la plus proche, et me dirige vers un guichet.
"Bonjour, dis-je à la secrétaire en face de moi. J'ai 4 comptes en banque actuellement. J'aimerais retirer tout mon argent en liquide.
-Bien sur,votre nom s'il vous plaît ?
-Elise Yells."
Elle tappe sur son clavier, tandis que je m'accoude sur le bureau. Ça risque d'être long. Depuis tout ce temps, mes comptes en banque regorgent. Je n'ai jamais ou presque utilisé l'argent amassé dessus, l'État se chargeait de toutes mes dépenses. Mais entre la somme récoltée par mon ancien boulot et celle de toutes missions, là, je suis... bien. Vraiment bien. Enfin niveau argent !!
La dame me regarde soudain avec des yeux ronds.
"-Mlle Yells ??
-Oui...
-Hum, d'accord. Je... je vais prendre vos cartes..."
Je dépose mes 4 cartes de crédits et tape le code pour chacune d'entre elle. La dame ne me quitte pas du regard, surement en se demandant comment ça se fait qu'une fille aussi banale que moi ai autant d'argent, et surtout pourquoi je veux tout enlever.
Un quart d'heure plus tard, je prend deux malettes dégorgeant de liasses de billets, et déclare à la secrétaire que je veux fermer mes comptes. Je ne souhaite plus aucune attache. Nul part. Je veux aller là où je veux, sans aucune contrainte.
Je veux... voyager. Je veux découvrir de nouveaux paysages. Je veux me poser quelque part. Je veux rencontrer des gens qui ne me quitteront pas au bout d'un temps limité. Je veux oublier Thomas. Je veux oublier Tyler. Je veux oublier cette Madison. Je veux penser par moi même. Je veux me redécouvrir, je veux à nouveau apprendre à me connaître.
Et tout ça... en ce moment, j'ai l'impression que je peux le faire. Je me sens libre comme jamais. Je pourrais aller n'importe où... Madrid... Tokyo... Moscou...
Et je peux même... non. Pourquoi je n'y ai pas pensé avant ? Ça y'est... je peux enfin... aller les revoir ?
Ok. Je me dirige vers la gare St Lazarre. Direction Bordeaux.
Maman, Chloé, me voilà.
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Fin du chapitre 5 !
Je sais, il est pas très long, mais le prochain chapitre le sera plus ;)
Bizouw à toutes et merci pour vos votes et commentaires !!♡