Cela faisant environ 2 heures que j'étais dans le train, la tête jetée en arrière, je regardais les néons grésiller et projeter leur faible lumière.
Soudain, la voix automatique annonça la gare de Bordeaux. Je cachais mal mon excitation, et une mémé à côté me lança un regard interrogateur. Je me contentais de l'ignorer gentiment. Plus rien ne comptait maintenant, j'allais les revoir.
Dans chaque vie, il y a des personnes vitales. Moi, ça faisait un paquet d'années que je ne les avaient pas vu. Alors forcèment, l'émotion est bien présente là !
Je descend rapidement sur le quai de la gare. Il fait déjà presque nuit, en même temps il doit être 21h45 ou quelque chose comme ça.
Cette gare était remplie de souvenirs. Combien de fois j'avais attendu sur ce quai, pour me rendre ici et là à travers la France, pour accomplir mes homicides, mais aussi, plus jeune, pour me rendre à Paris avec des amis, ou alors pour prendre juste le train, et me rendre n'importe où. Juste pour le plaisir de me retrouver seule avec moi-même, pour resentir ce sentiment de liberté qu'on recherche étant ado.
Je souris, en repensant à cette époque. Je n'avais pas fait de "crise" d'adolescence, pour la simple et bonne raison que je me sentais nettement trop mature pour faire ma rebelle. Pff. Si jeune et déjà si prétensieuse !
Je poussais les portes de la gare, et inspirait un bol d'air frais, je mis le pied dans ma ville natale.
Le paysage familier me faisait tout de suite me sentir chez moi.
Je remontais tout d'abbord la large rue remplie de commerces fermés à cause de l'heure tardive, puis bifurquais dans une courte ruelle qui débouchait dans une cour avec deux immeubles. Cette cour avait été celle de mes premiers pas, de ma première amie, de mon premier baiser, de ma première dispute avec ma mère...
Je rejoignis l'entrée de notre immeuble en trotinant, trop heureuse d'être ici.
J'appuyais sur le bouton de l'interphone, et lorsque la voix endormie de ma mère décrocha, ma joie était à son comble.
"C'est Elise", Criais-je presque à la petite boîte grise.
J'entendis un hoquet de surprise, et puis ma mère ouvrit la porte. Je montais quatres à quatres les escaliers, jusqu'à arriver au troisième étage. Ma mère attendait devant la porte, les bras ballants et la bouche bée.
La voir en vidéo avait été quelque chose, mais la voir comme ça en était une autre. Si je ne m'étais pas tout à l'heure promis de ne plus pleurer, je crois que j'aurais choisi ce moment pour verser une larme.
J'avançais à grandes enjambées vers elle pour la prendre dans mes bras. Je fermai les yeux, pour respirer son parfum. Qui n'a pas changé.
J'ai l'impression de rêver. Je ne sais pas si vous avez déjà vécu le manque d'un être cher, mais c'est très dur. Je ne sais plus quand j'ai arrêté de compter les fois où j'avais rêvé de ce moment où je rentrerai enfin à la maison.
Quoi qu'il en soit, notre étreinte dura quelques minutes, après quoi ma mère recula un peu pour poser ses mains sur mes épaules et me contempla.
"Tes cheveux... enfin, sinon, tu n'as pas changé ! me dit-elle, avant de sourire.
-J'ai un peu grandi, regarde. Je te dépasse maintenant.
-Tu sais, quand je te disais de nous rejoindre, je...
-Non. Enfin, je veux dire, je n'ai pas démissioné pour ça, t'inquiètes !
-Mais alors...
-Heu... hum. On m'a viré."
Je vis de la compassion sur le visage de ma mère. Elle ne savait rien sur mon métier, mais elle savait qu'il me tenait assez à coeur pour m'éloigner d'elles.
"Mais t'inquiètes ! Ça va !" La rassurais-je. Et c'était vrai. Surtout après que j'eu apperçu une silhouette s'avancer vers moi avec hésitation.
"Elise ??"
Chloé. J'ouvris mes bras et elle se jeta dedans en rigolant.
"Waw ! Qu'est-ce que tu fais là ?!" Me dit-elle après s'être éloignée un peu.
"-J'avais envie de venir, c'est tout ! Lui répondis-je en haussant les épaules. C'est incroyable, t'as vachement grandi dis-donc !" Lui dis-je pour changer de sujet.
Elle aquiesa, et puis me tira par le bras en me disant "allez viens, t'as pas vu ma nouvelle chambre !"
Et je rentrais chez moi.
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○○PDV CHLOÉ○○
Je comprenais vraiment pas ce qu'Elise faisait là, mais tant mieux. La joie de la revoir enfin avait vite chassé mon moment d'incompréhension. Avant qu'elle n'entre dans ma chambre, je cachais en vitesse mes restes de mégots et ouvrit en grand la fenêtre. Hors de question qu'elle sache que je fume.
"C'est bon, tu peux entrer !" Lui criais-je.
Elle ouvrit la porte, et resta un moment bouche bée, avant de me dire "Waw ! C'est toi qui l'a rénové ?" d'un ton surpris. "Eh ouais !" Dis-je toute fière. C'est vrai qu'avant, ma chambre était simplement grise, avec un lit simple et un bureau, pas grand chose de plus.
J'adorais ma chambre. C'était mon repère, mon entre. Je l'invitai à s'assoir sur mon lit et sautai à côté d'elle pour atterir en tailleur sur le sommier.
"-Bon alors, quoi de neuf ? Lui demandais-je.
-Quoi de neuf ? Aha, y'a pas mal de choses depuis 4 ans ! Mais bon, dis moi toi !"
Heu.. que dire. Tu vois, je fume maintenant, je prend régulièrement des cuites avec mon mec, et je me suis fais faire deux tatouages dans le bas du dos récemment. Ah oui, et je ne suis plus vierge.
"-Alors. Quoi de neuf dans ma vie ? Heu... Depuis 4 ans... Je suis rentrée au collège, enfin je suis en troisième maintenant... J'ai une super bande d'amis, je me suis découvert une véritable passion pour le shopping, et j'ai aussi commencé a jouer de la guitare.
-Tu joues de la guitare ? me demanda-t-elle.
-Ouaip. Je te montre ?
-Vas-y."
Je m'emparais de ma guitare beige et l'accorda rapidement, avant de commencer à faire glisser mes doigts dessus. J'avais commencé à en jouer il y a 4 ans, depuis son départ en fait, juste pour le fun au début. Mais très vite, c'est devenu vital pour moi de jouer au moins tout les jours, autant que mes cigarettes. La mélodie que mes doigts produisait me détendait incroyablement, et me vidais la tête.
Je ne sais pas combien de temps j'ai joué, mais je sais qu'Elise m'a écouté, admirative, pendant tout ce temps. Et ensuite, nous sommes allées dîner. C'était... comme avant. C'était parfait. Comme si le manque causé par son départ était enfin comblé. Ma mère n'avait pas semblé aussi heureuse depuis longtemps.
Ensuite, je suis sortie me ballader avec elle, pour lui montrer un peu les changements, les travaux, les nouveaux commerces...
Pendant tout ce temps, on a pas arrêté de parler. De tout et de rien, pour essayer de rattraper le temps perdu.
Et maintenant, emmitouflée dans mes couvertures, je me rend compte que je n'ai pas fumé une clope de l'après-midi, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps.
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Voilà pour le sixième chapitre !
Je sais qu'il n'y a pas beaucoup d'action en ce moment, mais ça arrive ! En tout cas merci pour vos lectures et vos votes !
La chambre de Chloé en média, pas beaucoup d'interêt mais ça m'amusait de la mettre ^^
J'espère que vos rentrées (si elles étaient aujourd'hui) se sont bien passées ! Perso moi c'est demain, et je streesse... mais bon xD
Bizouw à toutes♡
