Je ne sais même plus quoi penser. J'ai vaguement envie de mourrir, mais aussi je crêve d'envie de manger un bon burger...
Pourtant, c'est sans aucun entousiasme que, tel un zombi, je prend le chemin d'un fast food et m'assied à une table, en contemplant tristement mon assiette de frites et mon sandwich.
C'est pas Ryan le père. C'est Thomas. Et moi ? Je suis la mère. Waw. Grande logique. Je suis aussi dans la merde.
Pourquoi ? Au fond, ça change rien que ce soit Thomas, Ryan ou n'importe qui d'autre puisque ce bébé ne verra jamais le jour...
Mais d'un autre côté, alors que je sais que Ryan m'aurait encouragé à avorter, je me sens obligée d'avoir l'accord de Thomas car après tout, le spermatozoïde à la base de tous ces problèmes ne vient pas de moi. Il vient de lui. Et en quelque sorte, cet embryon lui appartient autant qu'à moi. La poisse quoi.
Surtout que je sais que si j'avorte, il n'en saura jamais rien étant donné que... oh ! Il m'a quitté. Parce que.. oh ! Il me deteste. Parce que j'au un peu tué son père.
Sale con. Il me met dans les emmerdes et il se casse. Mais si je vais le voir, et que je l'oblige à m'écouter, alors il ne pourra plus ignorer le fait qu'il est futur peut-être ex papa, et donc il sera aussi responsable que moi dans cette affaire.
Un sourire sadique prend place sur mes lèvres. Thomas, me voilà.
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Après avoir dit à Chloé et Maman que je devais règler une affaire de boulot, je prend un vol direct pour la Floride.
Le vol passe très vite étant donné que je m'endors direct et ne me réveille qu'une fois arrivée.
Et puis une heure plus tard, je suis au bord de la falaise.
Je me souviens qu'il y a 4 ans, un agent s'était succidé du bord de cette falaise. Il ne supportait plus la pression que Chuck exercait sur lui et sa famille pour qu'il garde des secrets pas très jolis de la base.
Je me souviens aussi de cet autre agent, il y a 2 ou 3 ans, qui s'était pendu à ce chêne là, parcque sa femme avait été tuée à cause d'un meurtre qu'il avait commis pour "l'État".
Enfait, je ne me souviens même plus pourquoi je suis restée là toutes ces années.
Dans cet endroit où les gens se croient suppérieurs à tout le monde, où ils croient qu'ils ont le droit de rétablir la justice à leur façon, sans se soucier des pions qu'ils manipulent pour ce-faire.
Non, je ne sais vraiment pas.
Je m'assied au bord de la falaise. Mais au lieu de tapper sur le petit recoin, sur les bords du précipice, je reste là, à contempler les vagues s'écraser 50 mètres plus bas sur la falaise abrupte.
Et j'envoie un message à Thomas.
Un simple :
"Rejoins moi en haut de la falaise."
En espèrant que ça marche.
Les premières minutes, je suis très optimiste. Il va venir. C'est sur. Je sens soudain des picotements sur mon bras, et un frisson parcours mon corps. Je baisse les yeux et hurle.
Deux minutes plus tard, le cloporte est mort et enterré six pieds sous terre. Il m'a fait une de ces frayeurs cet enfoiré... je me rassied, et attend à nouveau. La nuit commence à tomber, la température aussi, et je ne sais pas quelle force, quel courage ou quelle naïveté arrive à me faire rester ici.
Le temps passe. Je grelotte maintenant tout ce que je peux, il caille trop.
J'ai vraiment été conne là-dessus. Genre il allait venir en mode "saluut saluut alors qu'est-ce que tu voulais me dire de beau ma jolie ?" Pfff.
Pourtant je reste.
Durant la nuit, je ne ferme pas l'oeil et passe par toutes les émotions possibles et immaginables. Tout d'abbord, de la tristesse. Ensuite de la colère, avant de faire la folle complêtement surecxitée au point d'aller faire un footing dans les bois vers 2h00 du matin.
Et puis j'ai voulu rentrer, dégoutée de la vie, de Thomas, de tout. Avant de retourner au bord de la falaise pour révasser un peu.
Là, le soleil est en train de se lever doucement, alors que moi, crevée de fatigue, je ne veux que me coucher. Je baîlle longuement, devant un spectacle pourtant merveilleux.
Une aube dorée, teintée de nuages rosés et pourpres me fait face, me dominant de toute sa splendeur.
Complêtement abrutie par la fatigue, je me lève dans un élan de force et me dresse de toute ma longueur en levant le poing.
"Saluut saluut alors qu'est-ce que tu voulais me dire de beau ma jolie ? Hin hin hin..."
...
"Une longue journée m'attend ! Tu ne me fait pas peur, soleil ! C'est pas toi qui m'empêchera de dormir !"
Et je m'écroule littéralement par terre.
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J'ai dormis exactement 4 heures et 23 minutes, si j'en crois ma montre. Le soleil est à présent bien haut dans le ciel, et pourtant mon moral est au plus bas. Il est pas venu.
"HÉ !!!"
Je sursaute et me retourne directement.
Il n'y a personne. Je suis en train de délirer ?!
"LÈVE LA TÊTE !!"
Je lève les yeux vers la cime des arbres. Bah, à part du feuillage vert, je ne vois rien. Ah si, là il y a une... cabane en bois ?! Ah mais ouii c'est vrai qu'on a un observatoir !!
Et le con qui était dedans cette nuit ne m'a même pas proposé de venir, ah ouais nan mais ok ! Sympa !
Il a attendu que j'ai passé plus de dix heures dans le froid pour me proposer de venir. En trotinant, je rejoins le gros cyprès et en m'aggrippant à des petits marches taillées dans l'arbre, je me hisse jusqu'à l'intérieur.
J'étais déjà allée dans cet endroit une ou deux fois, et c'était encore plus confortable que dans mes souvenirs. Le chauffage apporte tout de suite de une chaleur plus que bienvenue à mon corps. Il y a des petits coussins partout, des poufs, une télé et même un petit coin cuisine. D'ailleurs, je vois un homme de dos, en train de faire du café.
"Ha, j'en prendrai un moi aussi s'il vous plaît, ce sera pour vous faire pardonner de m'avoir vu geler pendant toute la nuit sans rien faire pour m'aider !"
Je l'entend ricaner. Bon.
Je m'approche de l'observatoir. Une vue panoramique sur tout le bord de la falaise, pour surveiller les allées et venues des gens. Donc le mec m'aura vraiment vu galèrer tout ce temps, sans rien faire.
Une tasse de café fumante se présente soudain devant moi..
"HAaaaaa mercii.. ?!"
Avant de se retirer brusquement. Heu ?
Je me retourne. Le mec boit entièrement le café devant moi, avant de reposer la tasse vide sur la table.
Et évidemment, ça n'aurait pas pu être quelqu'un d'autre. Parfait. On va commencer ce pour quoi je suis venue.
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