Chapitre 2

232 16 2
                                    

Durant cette période de noir, beaucoup de souvenirs me revinrent. Celui qui me marqua le plus fut celui-ci.

  J'avais dix ans. C'était la veille de la disparition de ma mère. Nous étions en voyage à Melbourne, pour l'anniversaire de mon frère. Nous étions au restaurant. Mon père, ma mère et mon frère riaient ensemble. Nous étions encore une famille heureuse et unie. Je ne sais pas pourquoi, mais pendant le repas, je sortis dehors. Le restaurant dans lequel nous mangions n'était qu'un petit restaurant près d'une ruelle.

  Dans cette ruelle, j'entendis un cri étouffé. Prise de curiosité, je pris mon courage de petite fille à deux mains et tournai dans cette ruelle. Etrangement, ce que je vis ne m'effraya pas du tout. J'étais d'autant plus curieuse. Un homme mordait dans le cou une jeune femme. La douleur pouvait se lire sur son visage.

  Tous les autres enfants se seraient enfuis ou auraient appelés leurs parents, mais pas moi. Je restai là et observa l'homme.

  Il s'arrêta de la mordre et se mit à l'observer attentivement, certainement dans les yeux. Je ne vis pas son visage mais je n'entendis que ce qu'il lui dit :

-    Tu t'es fait mordre par le chien de ton voisin. Il est méchant il faut que tu ne t'en approches pas trop la prochaine fois !

-    C'est vrai qu'il m'a fait mal, répondit la femme, comme hypnotisée.

-    Oui, continua l'homme. Maintenant rentre chez toi et ne parle à personne jusqu'à ce que tu sois arrivée.

  La femme s'en alla dans ma direction et passa devant moi sans me voir. Je fronçai les sourcils.

-    Je crois que vous lui avez fait mal ! m'exclamai-je une fois que la femme fut partie.

  L'homme se retourna lentement vers moi. Il était très grand et mince. Ses cheveux étaient blonds. La seule chose qui me marqua vraiment était le sang autour de sa bouche. J'aurais certainement dû être effrayée, mais je n'éprouvais qu'une étrange fascination.

-    Qui es-tu ? me demanda-t-il.

-    Moi ? répondis-je. Je m'appelle Julie.

  La règle « ne parle pas aux inconnus, surtout s'ils te proposent des bonbons » n'a jamais marché pour moi. Je parlais à qui je voulais, quand je le voulais et si je le voulais.

  Il s'approcha de moi et se baissa à ma hauteur. Il me regarda dans les yeux. Ils étaient bleus foncés.

  Ses pupilles se dilatèrent.

-    Tu n'as rien vu petite Julie, me dit-il.

-    Si ! Vous avez mordu la femme ! m'exclamai-je.

  Il parut un instant déconcerté, mais il se reconcentra sur moi.

-    Non tu n'as rien vu, continua-t-il.

-    Mais puisque je vous dis que si, m'énervai-je. Je ne suis pas folle quand même.

  Puis je réfléchis un instant.

-    J'ai compris ! lançai-je. Vous ne voulez pas que je raconte ce qu'il s'est passé !

  Il hocha lentement la tête d'un ait soupçonneux.

-    Ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien. Je n'ai que dix ans, mais je sais garder un secret.

  Quelques secondes ma mère apparu derrière moi. Elle parut effrayée devant l'homme. Celui-ci se déplaça jusqu'à elle à une vitesse si grande que je ne le vis pas se déplacer. L'homme prit ma mère par les épaules, la regarda dans les yeux et lui dit lentement :

TransforméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant