Transformée

Chapitre 24

L'eau coulait sur mon visage. J'étais sous la douche depuis une petite demi-heure, sans bouger, juste en profitant de l'eau chaude qui me coulait sur la peau. Je fermai mes yeux ais les rouvris aussitôt. Dès que je les fermais, les images de tout ce qu'il c'était passé réapparaissaient, et je ne voulais pas les voir. Je voulais juste tout oublier.

Je sortis et me plaça devant le miroir. Il était couvert de buée. J'attendis que cette buée s'en aille pour observer mon reflet. Depuis une semaine que j'étais rentrée dans la maison d'Elio, mes cicatrices n'avaient pas encore disparues. Alban m'avait dit qu'elles ne disparaitraient complètement que dans quelques années. Enfin, il me semblait qu'il m'avait dit ça. Depuis mon retour, je n'avais jamais été vraiment consciente de ce qu'il m'arrivait. Je refusais de me nourrir, si bien que mes amis ont dû me mettre sous perfusion pour ne pas que je meure.

Je me suis réveillée quelques heures auparavant. Ils ne devaient pas l'avoir encore remarqué ; ils étaient bien trop occupés par les préparatifs du couronnement de notre nouveau souverain. C'était pour ce couronnement que je m'étais réveillée, enfin, je crois... Je me devais d'être présente. Et je devais passer à autre chose. Ce couronnement marquerait le début d'une nouvelle ère, et un renouveau pour moi.

Je décidai de démêler mes cheveux. Un mois que je n'avais rien fait. Maintenant qu'ils étaient beaux et propres, je pouvais prendre ma brosse et défaire chaque nœud. Cette opération qui aurait dû durer deux minutes en dura finalement dix. Mes muscles étaient encore engourdis et je n'avais pas récupéré une parfaite motricité.

J'enfilai ma robe. J'étais obligée d'en porter une, mais personne n'avait spécifié laquelle. Ce jour était censé être un jour de fête, pour moi, c'était un jour de deuil. Je ne porterai pas un vêtement coloré pour ce couronnement, mais bien une robe noire, simple mais jolie, m'arrivant un peu au-dessus du genou.

J'appliquai un peu de maquillage sur mes yeux et je fus enfin prête.

Je sortis pour la première fois depuis une semaine de ma chambre et descendis les marches. Je croisais Rose, qui eut la bonne idée de ne faire aucun commentaire, mais de seulement m'adresser un sourire.

En bas, je traversai le salon où se trouvait Alban, et j'arrivai à la porte d'entrée. Je pris une grande inspiration avant de l'ouvrir. Le vent extérieur fouetta mon visage. Je posai un pied à l'extérieur de la maison. Pour la première fois depuis un mois, j'étais enfin à l'air libre.

Je m'assis sur les marches du perron et profita de cet instant. J'étais en vie.

Alban vint s'asseoir à côté de moi.

-J'ai cru que tu resterais dans cette chambre jusqu'au prochain siècle, dit-il. Ca aurait été compliqué de te faire rattraper tout ce que tu as manqué de l'évolution humaine.

- Je crois comprendre qu'Elio fait un très bon travail avec Samuel, rétorquai-je sèchement.

Depuis une semaine, je n'avais pas eu de nouvelles ni d'Elio, ni de Samuel. Je comprenais que Samuel n'ait aucun compte à me rendre, mais Elio aurait dû être là pour moi après ce que j'avais perdu.

Alban leva les mains au ciel.

-Ce n'est pas à moi de t'expliquer ce genre de choses, dit-il. Et ça ne te va pas de te mettre en victime. Je pensais que tu étais une battante.

Je me tournai vers lui rapidement.

-Tu n'as aucune idée de ce que j'ai vécu là-bas, fis-je.

- Tu serais étonnée de savoir ce que j'ai vécu, répondit-il posément. Je me suis fait torturer aussi, et pas seulement étant vampire. Je suis peut-être le mieux placé pour comprendre ce que tu ressens.