Chapitre 13

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Quelques temps plus tard, je reçus à nouveau de la visite. Etrangement, c'était de nouveau Elio. N'était-il pas partit pour les Etats-Unis, essayant sans succès de me sauver ? C'était ce que je croyais du moins, mais il fallait croire que ce n'était pas le cas.

De plus, il fit comme si notre dernière « discussion » n'avait pas eu lieu.

Lorsqu'il entra dans ce qu'on pourrait qualifier de cellule me retenant, il s'assit à quelques pas de moi. J'étais, bien sûr, surprise de le voir, car je pensais qu'il était parti pour rencontrer les sorcières.

Elio se contenta de poser une main affectueuse sur mon épaule.

- Tu es déjà rentré ? demandai-je d'une voix bien trop faible à mon goût.

- Rentré ? s'étonna-t-il.

- Oui, tu es venu me voir pour m'annoncer que tu avais trouvé un remède chez les sorcières ! Et que j'avais raison !

Elio fronça les sourcils.

- Je ne vois pas de quoi tu parles... Tu es peut-être bien plus atteinte qu'on le croyait.

Ce fut mon tour de froncer les sourcils. Depuis quand osait-il me traiter comme ça ? Il croyait vraiment pouvoir s'en sortir ? Même aussi faible que je l'étais à cet instant, je n'allais certainement pas me laisser faire !

- Tu m'as prise pour qui ? Tu ne me parles pas comme ça !

- Je te signale que je te suis bien supérieur, s'emporta-t-il.

- Si tu étais tellement supérieur je serais déjà guérie, m'emportai-je à mon tour.

- Tu ne peux pas être sauvée ! s'exclama-t-il.

J'eus un moment d'hésitation. Durant une seconde, je ressentis un mélange de plusieurs sentiments : l'incertitude, la déception et surtout, la peur. J'avais peur parce que je n'avais dorénavant aucun espoir de guérison. J'avais peur parce que maintenant je savais que j'allais mourir.

- Tu m'as dit le contraire ! m'exclamai-je, refusant de voir la vérité en face.

Elio parut agacé.

- Il n'y a aucun moyen de guérison, dit-il.

Il fit une pause avant de continuer :

- Ce n'était pas toi qui étais convaincue qu'il n'y avait aucun moyen de guérison ?

Visiblement, l'être que je pensais être mon ami n'attendait pas de réponse de ma part, puisqu'il continua.

- Je suis vraiment désolée de ce que t'arrives, dit-il sans que son ton laisse paraître tout sentiment bienveillant. Mais tu étais condamnée. Tu t'y étais résignée.

Je ne répondis pas. Même si je pensais que j'allais mourir, je gardais un infime espoir que je survivrai. A vrai dire, j'espérais de tout mon cœur que j'allais vivre. Ce n'était qu'à cet instant que je me redis compte que je n'étais pas résolue à mourir...

J'étais convaincue qu'il me restait tant de chose à faire... Mais, à cet instant, je n'avais qu'une seule en tête.

- Alors, ce qu'il s'est passé entre nous n'était pas vrai... chuchotai-je.

Elio me regarda avec une expression d'incompréhension, qui confirma mes soupçons.

- Que s'était-il passé entre nous ? demanda-t-il.

- Rien, laisse tomber.

- Dis-moi.

- Ce n'est pas grave je te dis, répondis-je.

- Explique-moi ! cria-t-il.

- Tu m'as embrassé, criai-je à mon tour.

L'espace d'un instant, Elio ne bougea plus. Puis, il se mit à rire.

- Moi ? T'embrasser.

C'était l'instant le plus humiliant de ma vie. Il se moquait de moi, sans scrupules...

- Excuse-moi, mais c'est la chose la plus stupide que j'ai entendue depuis longtemps ! s'exclama-t-il entre deux éclats de rire. Si j'étais encore humain, j'en aurais certainement eu les larmes aux yeux.

Je le foudroyai du regard. Depuis quand Elio s'était transformé en une personne méchante et aussi stupide ? Mais la réponse me vint directement l'esprit.

Rose.

Puisqu'Alban n'était plus dans le tableau, la Fleur avait dû se précipité sur son second choix. Cette fille avait transformé Elio.

- Rose elle a quoi de plus que moi ? m'emportai-je.

Elio me dévisagea avec un air amusé.

- Tout d'abord, elle est bien plus belle que toi ! Et puis, elle a tout de mieux que toi.

Puis, il me sourit.

- Honnêtement Julie, tu n'es pas une personne agréable, autant à regarder que pour ta personnalité.

J'en avais assez. Je ne voulais pas en entendre plus.

- Va-t'en, chuchotai-je.

- Pardon ?

- Va-t'en ! Casse-toi ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas.

Je lui tournai le dos à présent.

Il se leva rapidement et s'en alla. Je pouvais très bien imaginer son petit sourire stupide et méchant.

Je ne comprenais pas comment il avait pu devenir comme ça... Même Rose ne pouvait pas avoir une influence comme ça ! C'était dur à avouer, mais elle n'était pas aussi diabolique que ce que je disais.

Je ressentis un pincement au cœur. J'allais mourir. Et en plus, j'allais mourir seule. Personne ne m'aimait. J'étais une affreuse personne, qui ne méritait rien de plus que ce qu'elle avait à cet instant.



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