Chapitre 12

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Les jours qui suivirent furent calmes. Je ne reçu aucune visite.

Je ne pouvais m'empêcher de me demander à quoi je devais ressembler si quelqu'un me voyait à travers mes barreaux d'argent. Je devais certainement être assez pitoyable... Enfin, je n'avais pas vraiment le choix.

J'avais perdu tout repère temporel. Je dormais souvent, vu que je n'avais que ça à faire. Enfin, je m'imaginais mille et une choses impossibles que j'aurais faites si j'étais restée humaine. J'étais d'ailleurs assez étonnée de garder ma tête au point de me souvenir de ce dont j'avais pensé des jours plutôt.

Hier, je m'étais imaginée vivre seule avec des chats. Mais pas comme une vieille personne ayant perdu sa tête. Je me voyais restant tout aussi fidèle à moi même. Honnêtement, hurlant sur les voisins de dessus qui faisaient trop de bruit. Oui, parce que je ne voulais pas vivre seule dans une maison. C'est bien trop angoissant ! Et puis, dans les films d'horreur, ils habitaient tous dans des grandes maisons !

Aujourd'hui, je m'imaginais avoir des enfants. Je m'imaginais avoir trouvé l'amour de ma vie et être heureuse. Je faisais un travail que j'aimais et je m'étais adoucie, sans pour autant changer. L'homme de ma vie était quelqu'un qui m'acceptait entièrement, aussi insupportable que je peux l'être...

Alors que j'étais perdue dans mes songes de bonheur, allongée sur mon lit, je ne le vis pas rentré. Je ne remarquai pas non plus qu'il s'assit près de moi et qu'il m'observait. Pour ma défense, j'avais les yeux fermés et perdu tous pouvoir surnaturels étranges et, étrangement, tout cela me manquait, mais bien sûr je ne le dirais jamais à haute voix.

Au bout de quelques secondes, je remarquai sa présence.

Ses cheveux étaient toujours aussi blonds, ses yeux, toujours aussi beau. Son visage paraissait inquiet, mais ce n'était peut-être qu'une impression, après tout, j'étais certainement encore en train de délirer.

- Salut, dis-je en le regardant dans les yeux.

Elio sourit. Oui, il sourit sans que j'aie eu besoin de le demander, sans que j'ai fait quelque chose d'amusant ou quoi que se soit de bizarre. Il souriait comme s'il était heureux de me voir, comme s'il était heureux de voir que j'étais toujours en vie et que je pouvais parler.

Subitement, je repris conscience qu'il y avait toujours des gens auxquels je tenais là-bas, dont je ne savais même pas s'ils allaient bien.

- Comment va mon frère ? demandai-je en m'asseyant difficilement.

- Il va bien, répondit simplement mon ami.

Attendez. Est-ce que je l'aurais appelé « ami » ? Mettez ça sous le compte de la fièvre et de la maladie surtout !

Mon frère... Maxim... Il devait certainement m'en vouloir horriblement. J'avais été une terrible personne avec lui. Je l'avais presque tué...

Comme s'il avait lu dans mes pensées, Elio lança :

- Ton frère t'aime et ne t'en veut pas du tout pour ce que tu as fait. Il sait que...

- Que je vais mourir, terminai-je.

Elio sourit à nouveau, sans que je puisse savoir pourquoi. Etait-il heureux que je meure ?

- Tu as vraiment une sale tête, chuchota-t-il en passant une main affectueuse sur ma joue.

Je souris à mon tour.

- Je ne perds quand même rien de mon charme naturel, rétorquai-je.

Ma réplique saurait certainement été excellente si je n'avais pas été prise par une quinte de toux, m'obligeant à me plier en deux. Comme à chaque fois, je crachais un tout petit peu de sang.

Lorsque je relevai la tête, je visage d'Elio s'était durcit.

Il s'assit à côté de moi.

- On a trouvé une solution, finit-il par chuchoter.

Je levai des yeux pleins d'espoir vers lui.

- Ah oui ? demandai-je.

- Il se trouve que l'idée que tu as eue n'était pas si stupide que ça.

- Qu'elle idée ?

- Les sorcières.

Je mis quelques secondes avant de comprendre de quoi il parlait. Déjà que j'ai une idée concernant les sorcières était un peu stupide, mais en plus que j'aie raison...

- Tu parles de l'idée de ma mère ! m'exclamai-je.

- Ecoute, tu n'as pas vu ta mère, répondit Elio en évitant de me regarder.

- S'il y a une seule chose dont je suis sûre, c'est que je l'ai vue ! Tu crois vraiment que j'aurais eu une idée comme ça toute seule ? Je ne connais rien des sorcières !

Elio ne répondit pas.

J'étais, pour ma part, vexée qu'il ne me croie pas. Mais je voulais en savoir plus sur ce plan.

- Et où allez-vous trouver une sorcière ? demandai-je.

- Louise aurait une idée. Nous partirons tous les deux très bientôt pour les Etats-Unis.

Je ne répondis pas, mais je le pensais très fort. Les Etats-Unis étaient un très grand pays. Il n'y avait presque aucune chance qu'ils trouvent une sorcière voulant les aider à temps. Une sorcière qui aide un vampire, c'était du jamais vu d'après ce que j'avais lu dans le carnet d'Elio. J'avoue l'avoir relu quelques fois, jusqu'à ce qu'il le change de cachette, ce qui était fortement problématique...

Elio me tourna finalement son regard vers moi et plongea son beau regard bleu foncé dans le mien.

- On va te sauver, dit-il simplement.

Puis, il fit une chose dont je n'aurais jamais pensée qu'il me fasse : il me prit dans ses bras. Son étreinte était calme et rassurante. J'oubliais tout, la maladie, les problèmes, les vampires... Je ne pensais plus qu'à lui. Il était mon seul monde à cet instant précis.

Je levai ensuite les yeux vers lui et nos regards se croisèrent.

Il se pencha lentement vers moi, avant de poser un baiser délicat sur mes lèvres.

Mon premier baiser. Je crois que personne d'autre n'aurait était plus qualifié pour me le donner. Il dû être surpris lorsque je lui rendis son baiser.

Nous nous embrassâmes pendant plusieurs secondes, qui étaient les plus belles de ma vie à cet instant.

Elio colla ensuite son front au mien et chuchota d'une voix douce :

- Je vais te sauver.

Sa voix était calme et douce. Je fermai les yeux.

Lorsque je les rouvris, il n'était plus là.

Tout c'était passé comme dans un songe. Un beau songe. Le plus beau de ma vie.



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