Une ombre dans la lumière Tome 1: Histia

Chapitre 3

Karlus et Marina sursautèrent quand on frappa à leur porte. Karlus, un vieil homme de 50 ans à la peau marquée par l'âge et aux cheveux grisonnant, grommela en sortant de son lit : « Qui peut bien nous déranger à cette heure ? ». Il attrapa une lampe à huile, l'alluma et descendit au rez-de-chaussée. Il ouvrit la porte, mais il n'y avait personne. Il la referma violemment en râlant : « Maudits gamins ! ». Alors qu'il repartait se coucher, il entendit des pleurs de bébé. Il rouvrit la porte et découvrit un bébé dans son landau sur le palier. Il regarda demanda : « Il y a quelqu'un ? À qui est ce bébé ? » Mais n'eut aucune réponse et ne vit personne. Il rentra le landau et appela sa femme. C'était une belle blonde de 35 ans aux yeux verts.

Karlus et Marina étaient mariés depuis peu. Ils venaient tout deux de familles riches romaines. Leur mariage était un mariage de convenance pour remplir les coffres de la famille de Marina. Le couple ne s'aimait donc pas et l'idée de passer à l'acte, même si c'était pour assurer la descendance, les dégoûtait. Ils avaient décidé de ne pas le faire tant que cela ne serait pas nécessaire.

Le couple vivait dans une villa romaine en périphérie de la ville. Elle était blanche au toit jaune avec des colonnes de marbre blanc pour le soutenir. L'intérieur était richement meublé. Ils possédaient un magnifique jardin entretenu pas des serviteurs.

Marina descendit les escaliers et fut surprise de voir son mari avec le landau :

« À qui est ce bébé ?

- Je n'en sais rien, on l'a déposé sur le pas de notre porte.

- Et vous n'avez pas vu la personne qui l'a déposé ?

- Vous vous doutez bien que si je l'avais vu, je lui aurais rendu.

- Exact mon cher, pardonnez mon égarement. »

Le bébé n'arrêtait pas de pleurer ce qui agaça Karlus : « Voulez-vous bien faire taire ce bébé. Il me détruit les oreilles ! ». Marina s'exécuta et pris le bébé dans ses bras en le berçant doucement :

« - Alors mon trésor d'où viens-tu ?

- Il y a un message.

- Que dit-il ?

- Que nous avons été désignés pour élever cet enfant jusqu'à ce que sa demeure soit de nouveau sûre. Le bébé est une fille répondant au nom de Marion et qu'on recevra régulièrement la visite de son frère Julien.

- La lettre est signée ?

- Oui, ce message est de la part de... »

Karlus fut si choqué en voyant le nom de l'auteur du message qu'il peinait à parler.

« - Karlus ? De qui est ce message ?

- C'est... C'est... La reine !

- La reine ?

- Oui, la reine Cloé !

- C'est une plaisanterie ?

- Non non regarde ! Il y a de sceau royal ! »

Karlus montra la lettre à sa femme pour prouver ses paroles. Marina fut tout aussi surprise que lui. Ils restèrent sans voix un long moment avant que Karlus ne reprenne la parole :

« - Vous savez ce que cela signifie ?

- Dites-moi ?

- Cela signifie que nous sommes importants pour la reine au point qu'elle nous confie sa fille.

- Important pour la reine ?

- Imaginez Marina : nous à la cour de la reine. Imaginez la réaction des autres lorsqu'elle dira : « Ces gens ont élevé et protégés ma fille »

- Oh Karlus...

- Marina, nous allons monter dans la hiérarchie !

- Karlus tout cela est fabuleux ! »

Le couple jubilait à l'idée de savoir que c'était la reine qui leur avait donné cette mission. Mais Karlus fit redescendre tout le monde sur terre :

« - Reprenons nos esprit ma chère. Ces idées ne sont rêveries.

- Rêves qui pourraient devenir réalités.

- Certes, mais analysons le message : il est écrit que nous devons élever Marion comme notre propre fille jusqu'à ce que la sécurité au palais soit rétablie ce qui signifie que pour le moment, son origine doit rester secrète.

- Mais comment allons-nous justifier sa présence ? Je ne peux me faire passer pour sa mère. Trop de monde m'a vue dernièrement et ne croiraient pas à une grossesse.

- Vous avez raison, et mon grand âge ne ferait qu'accentuer ce mensonge. Réfléchissons... »

Karlus réfléchis un moment avant de s'exclamer :

« - J'ai trouvé ! Nous allons modifier la vérité !

- Comment ça ?

- Nous avouerons que Marion est bien notre fille adoptive, mais que sa vraie mère est une cousine lointaine décédée il y a peu.

- Karlus vous êtes remarquable !

- Merci ma chère. Bien maintenant que le problème est réglé, discutons de l'avenir de cet enfant. »

Le couple resta un bon moment dans le salon à discuter des projets pour Marion. Ils se mirent d'accord sur son éducation : elle apprendrait les langues, les bonnes manières, la broderie et tout ce qui touche au monde de la noblesse. Il fallait que la reine soit fière du couple.

Les jours suivants furent difficiles pour Karlus et Marina. Il fallut qu'ils apprennent à s'occuper du bébé : changer les langes, donner le biberon, déchiffrer les pleurs du bébé...Tous ces inconvénients agaçaient Karlus. Heureusement que Marina avait des amies qui étaient mères pour l'aider dans ces tâches disgracieuses. Karlus lui préféra s'occuper des achats de meubles, vêtements et jouets pour Marion. Dans tous les cas, le couple s'en tenait à leur promesse de cacher la vérité sur Marion. Marina faillit à plusieurs reprises dire la vérité, mais elle se rattrapa à chaque fois.

Au bout de six mois, Julien vint frapper à la porte de la villa du couple. Ce fut Karlus qui lui ouvrit :

« - Votre majesté ! Quel honneur de recevoir votre visite !

- Euh... Merci.

- Vous venez pour votre sœur ?

- Exactement.

- Marina ! Le prince veut voir sa sœur ! »

Marina arriva avec Marion dans les bras enveloppés dans un linge soyeux. Elle tendit le bébé au prince : « Votre majesté. » Le prince prit Marion et la regarda avec le sourire :

« - Elle est magnifique. Je vois qu'elle ne manque de rien.

- Ne vous en faites pas majesté, nous prenons bien soin de la princesse comme l'a souhaité votre mère. Nous avons caché ses origines par mesure de sécurité.

- Parfait. »

Karlus sourit voyant le prince satisfait. Il posa alors la question :

« - Dites-moi mon prince, que se passe-t-il au palais pour que la princesse soit en danger ?

- Je ne peux le dire, car cela alarmerait la population.

- Bien votre majesté, pardonnez mon offense.

- Ce n'est rien. »

Julien redonna Marion à Marina et reparti faire son rapport à la reine. Cette dernière fut soulagée de savoir que ses filles étaient en parfaite santé et bien élevée. Quant au couple, ils reprirent leur nouvelle vie de parents adoptifs.