Chapitre 6

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Manon était dans la cour de son village, jouant avec les autres enfants. Soudain, elle entendit Olivia l'appeler. « J'arrive ! » Répondit-elle. Elle courut vers sa maison où ses parents l'attendaient sur le pas de la porte. Elle était presque arrivée quand elle sentit que quelque chose n'allait pas. Elle vit la tristesse sur le visage de ses parents « Maman ? ». Le paysage commença à s'assombrir, « Maman ?! ». D'un coup, des mains d'ombres sorties de nulle part l'enserrèrent et la tirèrent en arrière, « MAAAMAAANN !!! ».

Manon se réveilla en hurlant et dégoulinant de sueur. Marion se réveilla en sursaut en entendant sa sœur. En moins d'une minute Julien ouvrit la porte de la chambre, affolée, pas encore habillé :

« - Que se passe-t-il ?

- Elle a fait un cauchemar. Dit Marion en prenant sa sœur dans ses bras. »

Manon était assise sur le lit, elle regardait partout autour d'elle, paniquée et en sanglots, comme perdue dans cette chambre qui était pourtant la sienne. Mais comment un enfant de quatre ans peut s'approprier une chambre alors qu'il n'y a passé qu'une nuit ? Julien la regarda, peiné, il la prit dans ses bras :

« - C'est rien, c'est fini, je suis là.

- Je veux ma maman.

- Elle viendra ne t'en fais pas. »

Julien savait de quelle "maman" elle voulait parler, mais il ne releva pas. Il savait que le temps d'adaptation serait long et difficile. Voyant que Marion commençait à avoir les larmes aux yeux, il la prit également dans ses bras. Il attendit que les filles se calment. Lorsqu'il sentit leur respiration et leurs cœurs s'apaiser, il voulut se lever, mais Manon le retint. Il fut surpris, mais il ne résista pas, il était encore trop tôt pour se lever, mais trop tard pour se rendormir. Il décida de rester jusqu'à l'arrivée des servantes. Il fit signe à sa belle d'un soir qui attendait depuis tout ce temps devant la porte, seulement entourée d'un drap pour cacher sa nudité. Elle lui rendit son signe de tête et repartit en direction de la chambre de Julien.

Julien repensa à sa journée de la veille. Il essaya de se convaincre qu'il n'avait rien fait de mal. Effectivement, il était content d'avoir arraché Marion à cette famille de bourges qui ne voyait en elle que l'or et le pouvoir. Mais il repensa à Alexandre et Olivia, des paysans ne vivant que du strict nécessaire et pourtant si heureux et rempli d'amour. Et de l'amour, ils en avaient tellement pour Manon.

« J'aurais jamais du. » Pensa-t-il. Julien savait, il savait que la vie ici n'était pas faite pour deux petites filles de quatre ans. Il en avait fait les frais avant elles. Il savait que ça allait être un calvaire pour ses sœurs. Alors il était déterminé à respecter la promesse : faire que cette nouvelle vie soit la moins pénible possible.

Deux servantes entrèrent alors portant une grande vasque nacrée. Elles étaient toutes maigres, la peau pâle. Leurs cheveux et leurs fronts étaient cachés par des bandanas de lin. Leurs vêtements étaient faits de la même matière, c'étaient de simples robes droites. En voyant Julien, les servantes baissèrent la tête en rougissant.

« - Sire !

- Ce n'est rien mesdemoiselles, je vais retourner dans ma chambre me préparer. Vous savez ce que vous avez à faire ?

- Oui sire, répondirent-elles sans relever la tête. »

Julien regarda ses sœurs. Marion le regardait, à genoux sur le lit, mais Manon était toujours assise sur lui, la tête contre son torse, elle s'était rendormie. Il lui caressa doucement la joue. « Hey. » Manon ouvrit doucement les yeux, elle regarda son frère qui lui souriait, puis elle rebaissa la tête visiblement désolée pour son comportement. « Ce n'est pas grave. Vous vous préparez et vous me rejoignez en bas avec père et mère pour le petit déjeunez. » Marion pris alors la main de sa sœur et lui fît un sourire pour la rassurer. Manon lui rendit. Les filles acquiescèrent les paroles de leur grand frère. Julien se leva, salua les servantes et reparti vers sa chambre.

Une ombre dans la lumière Tome 1: HistiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant