Chapitre 17

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La traversée de la forêt se passa sans réel danger. Comme il le pressentait, Caïn vit que les soldats avaient fait demi-tour et s'était lancés à leurs trousses. Nos quatre compagnons durent s'éloigner de la rivière afin de les semer. Cela les priva d'un énorme atout. Ils durent se priver de se laver et ne burent que le nécessaire contenu dans l'outre de Caïn. De plus, cela rallongea leur voyage d'une journée.

Ce sont épuisés, affamés et assoiffés qu'ils arrivèrent au bout de la forêt. Ils débouchèrent sur une vaste plaine dont le terrain était abîmé. L'herbe éparpillée en touffes irrégulières, preuve de nombreux passages.

Au loin, un petit village barricadé de hautes palissades de bois se distinguait au milieu de cette terre battue. Caïn pouvait en distinguer les sons et l'agitation qui en émanait. Il soupira de soulagement :

« Daün... Enfin.

- Oh, on dirait chez moi ! S'exclama Manon.

- Ah vraiment ? Lui demanda Caïn. »

Manon le lui confirma avec un grand sourire et un hochement de tête. Caïn n'en revenait pas, elle avait beau être fatiguée, elle avait toujours le sourire. Ce n'était pas vraiment le cas pour Marion, qui était dans les bras de Caïn. Trop fatiguée quelques heures auparavant et son aile blessée pesant, il s'était proposé pour la porter. Elle avait accepté sans faire de manière. C'était un énorme progrès selon Caïn. Peu à peu, Marion s'ouvrait au monde. Mais en cet instant, elle regardait cette grande plaine avec ses grands yeux bleus curieux.

Caïn la reposa au sol, près de sa sœur. C'est à ce moment qu'Alice sortit des feuillages, en baillant et en grognant : « Ah, bah, ce n'est pas trop tôt. » Mais son frère ne répondit pas. Pas une remarque, rien. Ce n'était pas dans son habitude. Pensant qu'il ne l'avait pas entendu, Alice interpella son frère :

« Caïn ?

- Attends, dit il sèchement. »

Alice, surprise du comportement inattendu de son frère, l'observa attentivement. Elle vit alors la légère décoloration de son œil spécifique à son pouvoir de sondage. Comprenant ce qu'il faisait, elle le laissa faire et attendit sagement qu'il termine.

Caïn sondait effectivement le village, et ce qu'il voyait ne lui donnait pas le sourire. Des affiches de recherche étaient placardées aux murs des maisons et des gardes faisaient des rondes. Il soupira de dépit :

« Ils nous ont devancés.

- On va devoir continuer sans s'arrêter ?! S'affola Alice.

- Moi je ne peux plus, j'ai trop mal, geignit Marion en se massant la base de son aile blessée.

- Euh... Ce n'est pas que ça me dérange de continuer, mais... Commença Manon.

- Pas la peine de le cacher, Manon, je sais que tu es fatiguée. Et pour être franc, moi aussi. »

Les filles étaient médusées. Comment un homme cent fois plus fort qu'elle pouvait être aussi épuisé qu'elles. En voyant la mine stupéfaite de sa sœur, Caïn s'expliqua :

« On n'a pas mangé à notre faim depuis notre départ et là ça va faire quasiment une journée qu'on n'a pas bu. C'est donc normal qu'on soit épuisé. Il faut qu'on s'arrête. On n'a pas le choix, si on veut terminer le voyage vivant et en bonne santé, il faut qu'on s'arrête à Daün.

- Je comprends. Mais comment on va faire pour échapper à la garde royale ? S'inquiéta Marion. »

Caïn baissa la tête et se mit à réfléchir. La garde royale était grande, avec un peu de chance, les gardes présents à Daün ne l'avait jamais vu et n'avait de lui qu'une description. La solution ne se fit pas attendre :

Une ombre dans la lumière Tome 1: HistiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant