Livre I - Chapitre 7

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Royaume d'Attica, Belleria — jour : 107, mois : été, année : 222

Le Liss coula à flot une bonne partie de la nuit, jusqu'à ce que tout le monde ne s'écroule de fatigue. Et alors que le soleil n'était pas encore apparu derrière l'horizon, Aurora fut la première à se réveiller. Encore un peu enivrée, elle leva la tête. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait, encore une fois.

Puis, lorsqu'elle fut convenablement éveillée, Aurora put constater qu'elle était encore dans le même salon privé où elle avait passé la soirée. Celsen était dans ses bras, collé contre sa poitrine. Immédiatement, elle remarqua que son corset avait été retiré. Elle leva les yeux au ciel, trop d'alcool la dévergondait, elle le savait pourtant. Mais bon, encore heureux, elle n'avait enlevé que ce bout de cuir, et était toujours habillée de son nouvel uniforme.

En se relevant un peu, elle put voir, derrière la table, Arastain tenant une des jolies hôtesses par la taille, affalé sur des coussins et son gros nez pongé dans le corsage de la femme. Bagul, en revanche, dormait la tête dans les bras, à moitié avachi sur la table, une de ses mains tenant encore la bouteille de Liss vide. Aurora ne voyait que son crane chauve dans la pièce mal éclairée, mais elle le reconnut facilement.

Devant ce spectacle, elle prit garde ne pas brusquer Celsen qui ronflait sur le parquet quand elle se leva. Très discrètement et à pas de loup, Aurora se dirigea vers la porte coulissante du salon pour prendre l'air à l'extérieur. Comme sa chambre au palais de Chisongaï, la salle donnait sur un petit jardin intérieur.

Il faisait encore noir, pourtant Aurora distingua sans mal, assis sur les marche, un grand homme brun, enveloppé d'un long manteau noir pour se protéger du froid du matin, fumant une pipe dont la vapeur parvint aux narines d'Aurora.

« N'essaye pas de t'échapper, fit le grand homme qu'elle voyait de dos.

— Capitaine Scheik ? répondit-elle.

— Bien sûr, dit-il en se retournant. Qui d'autre pourrait aller chercher ses soldats dans un endroit si mal famé et de si bonne heure de surcroît ? »

Aurora eut un petit rire méprisant.

« Ils vont avoir des problèmes, n'est-ce pas ? lui demanda-t-elle.

— Oh que oui. »

Il tapa le plancher à côté de lui avec sa main et la regarda dans les yeux.

« Assieds-toi. »

Aurora s'exécuta et vint s'asseoir près de lui.

« J'espère au moins que la soirée a été bonne.

— Ça valait le coup, répondit simplement la jeune femme. J'ai appris beaucoup de choses sur votre passé.

— Tu veux dire qu'ils t'ont raconté pourquoi j'ai rejoint le clan de Chisongaï ? »

Elle hocha la tête.

« Alors ? Ressens-tu de la pitié pour moi ?

— Non, répondit-elle sèchement. Je pense toujours que vous êtes un trou du cul. En revanche, maintenant, je peux comprendre pourquoi. »

Scheik se mit à sourire, amusé.

« Ah, fit-elle en le pointant du doigt, je vous ai encore eu ! »

Sa mine se renfrogna dans la seconde, vexé d'avoir encore rit à ses remarques.

« Mais ce n'est pas vrai ! fit-il en ayant l'air de paniquer. Comment fais-tu ça ?

Les Chroniques d'AtticaWhere stories live. Discover now