Livre III - Chapitre 2 - Partie 1

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Royaume d’Attica, Devios-Bel-Ur  — jour : 126, mois : été, année : 224

La navette d’Aurora et Martine se posa alors que le matin n’avait pas encore pointé le bout de son nez derrière la ligne d’horizon. L’objet avait certainement été repéré par la garde de Nyx, car elles n’étaient pas passées sous le cumulus orageux, contrairement aux autres Osdellerae, cependant, comme elles se rendaient dans une ville encore libre, elle n’irait pas la rechercher, surtout que les petites navettes étaient bien plus rapides que les engins de guerre de leur ennemie. En fait, Nyx aurait pu le faire, elles y étaient préparées, mais leur voyage se déroula sans encombre.

Quand l’extraterrestre et la jeune femme mirent pied à terre, la navette posée dans une des cavernes de la falaise de la ville de Devios-Bel-Ur, Aurora engagea son pas afin de se rendre au château du roi et procéder à la réunion stratégique, mais Martine lui attrapa la main avec ses petites pattes et stoppa son geste.

L’humaine regarda un instant l’insecte. Il lui manquait plusieurs pattes, et son abdomen avait été réparé maladroitement avec des plaques d’acier. Aurora n’y avait pas prêté attention dans le bunker, car elle avait autre chose à faire, et il faisait trop noir dans la navette pour le remarquer, mais maintenant, cela lui sautait aux yeux. Martine avait dû être torturée sur le vaisseau mère. C’était certainement pour cela que Bagul ne voulait plus, pendant un moment,  maintenir les satellites inactifs.

« Qu’y a-t-il ? demanda Aurora en chassant son regard sur ses blessures.

— Je peux m’occuper seule de la réunion avec le roi Davennion. Va voir tes amis. »

Aurora ouvrit les yeux en grands, surprise.

« Mais Guarth…

— Guarth n’est pas là. Et je sens que te séparer d’eux ne serait-ce qu’une minute de plus ne nous sera pas bénéfique

— Le roi ne va pas flipper en te voyant ? »

Aurora voulut ravaler ses mots, elle ne voulait pas vexer Martine, or son apparence était quelque peu repoussante et elle ne désirait pas qu’on lui cause des ennuis à cause de cela.

« Je suis une Déesse pour eux. Ne l’oublie pas.

— Quand même. »

Martine croisa les pattes.

« Vellia a raison, tu es vraiment buttée. Puisque je te dis que ça va aller. »

Puis, elle la poussa vers la sortie de la caverne.

« Va voir ton homme. Je ne sais que trop ce qu’être séparé de son amant veut dire.

— Scheik n’est pas mon amant.

— Hé bien, fais en sorte qu’il le devienne, tripe buse. »

Aurora se figea.

« Triple Buse ? répéta-t-elle avec un air confus.

— C’est une insulte, non ?

— Oui, mais on ne l’utilise plus depuis des centaines d’années.

— Aurora chérie, tu parles une langue qui a traversée des millénaires. Certaines expressions reviennent à la mode chez nous. C’est tout. »

Elle sourit au pou. Il était vrai qu’elle avait vraiment envie de revoir Scheik.

En parlant du loup, ce dernier venait de finir sa garde de nuit au sommet de la tour de guet et avait commencé à rentrer à la caserne. Il était fatigué et déprimé. Sa chambre vide ne lui remonta pas le moral. Zellian, Lenavel, Bagul et Arastain étaient au front. Seuls Madenn et Terrion demeuraient encore à Devios-Bel-Ur, or ils dormaient dans d’autres chambre. La cité avaitt été désertée d’une bonne partie de ses habitants, ces derniers préférant éviter les batailles qui se déroulaient de plus en plus près, et les plus courangeux s’étant déplacés sur le front pour combattre. Il ne restait donc plus grand monde à Devios-Bel-Ur. La ville était depuis terriblement triste et le blé venait à manquer. Mais pour le moment, c’était bien le dernier de ses problèmes. Les Démons progressaient de plus en plus. Celui-là était le plus important.

Les Chroniques d'AtticaWhere stories live. Discover now