Les Chroniques d'Attica

Livre I - Chapitre 1

Attention : MATURE

Royaume d'Attica, région de Belleria — jour : 1, mois : printemps, année : 200

Le temps s'écoulait différemment à Attica par rapport à la Terre. Les journées étaient plus courtes, les semaines découpées autrement ainsi que les mois, et un an, période durant laquelle la planète faisait une rotation complète autour du soleil, ne correspondaient pas tout à fait à ce qu'Aurora et Aurel avaient connus jusque-là.

C'était prévisible, ils étaient dans une autre dimension et qui plus est sur une planète différente de la leur. Mais ils n'étaient pas pris au dépourvu. Ils avaient bien étudié ce nouveau monde et s'étaient forgés un petit tableau pour ne pas être perdus une fois sur place :

– 1 jour attique = 22 heures attiques = 19 heures et 30 minutes terriennes

– 1 semaine attique = 10 jours attiques = 8 jours terriens

– 1 mois attique = 80 jours attiques = 75 jours terriens (un mois correspondait en fait à une saison, semblables à celles trouvées sur Terre)

– 1 an attique = 320 jours attiques = 298 jours et demie terriens

Donc à six heures, heure locale, Aurel et Aurora se retrouvèrent projetés dans une forêt en plein sur le sol humide recouvert de mousses et de feuilles. L'atterrissage était toujours difficile après le passage par le portail et celui-là ne faisait pas exception. Il était extrêmement difficile de prévoir l'endroit où on allait apparaître à Attica. Enfin, ils avaient vu pire. Le robot envoyé en éclaireur la dernière fois s'était carrément retrouvé dans l'océan, à quelques kilomètres de ce bois, et il leur a fallut en construire un autre ainsi que modifier le programme de coordonnée du portail. Cette fois au moins, ils étaient au sec et avaient atterri à seulement quelques mètres du sol.

Aurora n'avait rien de cassé, quoique son épaule gauche avait été déboîtée par l'impact. Qu'à cela ne tienne, un petit coup dessus et elle reviendrait à sa place, ce qu'elle fit après s'être relevée. La jeune femme grimaça, car ce n'était pas une sensation des plus agréables. Toutefois, cette peine n'était rien comparée à ce qu'elle avait pu subir auparavant.

Autour d'elle, la nature était sauvage et la forêt primaire, sans sentier ni passages aménagés, ne devait pas voir été foulée par l'homme depuis longtemps. Les espèces de végétaux et d'animaux étaient semblables à ce que l'on pouvait trouver sur Terre, il y avait encore mille ans. Sauf qu'en analysant leur ADN, Aurel et Aurora avaient trouvé quelques subtilités. Par exemple, trouver des rongeurs verts pouvant se camoufler parfaitement dans les mousses n'était pas rare à Attica. Leurs loups étaient également bien plus épais et plus grand que ceux que l'on pouvait observer au Museum d'Histoire Naturelle d'Europolis. De plus, ils avaient quelques espèces géantes de reptiles qui ressemblaient aux dinosaures, disparus il y avait soixante-cinq millions d'années sur Terre. Ces derniers avaient d'ailleurs plus la forme de dragons que de vrais dinosaures et demeuraient une espèce assez rare. Mais R-79Explor, leur robot sonde, en avait observé quelque-uns nichés aux cimes des montagnes.

Il était encore tôt à Attica. Le matin venait de pointer le bout de son nez et la rosée était toujours présente sur la mousse du sol. Ils avaient atterri à une dizaine de kilomètre de la ville où ils voulaient refaire leur vie. Cependant, il fallait partir maintenant, car Aurora et Aurel avaient encore un bon bout de chemin à parcourir pour l'atteindre.

« Oh la vache, je suis trop vieux pour ce genre de choses, fit Aurel en se levant difficilement.

— Allez courage. Nous y sommes presque ! »

Lui tendant sa main pour se relever, il l'attrapa et se mit debout.

« Il fait un peu froid non ? » remarqua-t-il en frottant ses mains sur ses larges épaules.