Livre II - Chapitre 4

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Royaume d'Attica, Belleria — jour : 318, mois : hiver, année : 222

Au parlement où le roi Bareck siégeait toujours, malgré son âge avancé, deux sujets étaient à l'ordre du jour. Le premier était bien entendu la guerre qui sévissait dans le sud-est du royaume et le second, et non des moindres, étaient les jeux de Katakor qui devaient normalement se dérouler quand débuterait le mois d'été de cette année. Le principal sujet portait sur l'annulation ou non de ces derniers pour des raisons de sécurité.

N'étant pas tous d'accord, les membres du conseil se disputaient. Dans la salle de réunion, un brouhaha constant empêchait quiconque de s'entendre. Bareck les regardaient avec dédain et énervement, il haïssait le chahut. De manière évidente, les membres du gouvernement n'étaient pas d'accord sur la façon avec laquelle devait se dérouler les événements de l'année prochaine. Plus que deux jours avant la nouvelle année, il ne fallait donc pas perdre de temps.

« Nous ne devons absolument pas négliger le fait que les Démons pourraient profiter des jeux pour nous attaquer ! » annonça un des membres du conseil.

Davennion, le fils aîné de Bareck qui siégeait également là-bas, faisait partie de ceux qui ne voulaient absolument pas que l'on annule les jeux et il tapa du poing sur la table.

« Ces jeux sont aussi vieux que notre civilisation ! Même pendant toutes les grandes guerres qu'Attica a menées, jamais on ne les a retirés. Ils sont sacrés.

— Mais ils coûteront énormément d'argent. Vous oubliez mon prince que nos réserves sont vides.

— On pourra trouver l'argent, répondit Amon, le trésorier à l'humour douteux. Je suis plus inquiet pour la sécurité de la ville. Nous ne devons pas négliger le fait que les bateaux qui sont revenus de la bataille ont clairement décrit l'attaque d'une armada de dragons blancs. Nous ne savons pas à quoi nous avons exactement à faire. »

Pour la première fois depuis que la réunion a commencé, il y eut enfin un moment de silence qui apaisa les nerfs du vieux roi.

« Il a raison, poursuivit un autre conseiller. Cela pourrait être très dangereux de laisser courir les jeux alors qu'on ne sait même pas où Death a trouvé ces bestioles.

— On travaille dessus, fit Esopte, le général en chef des armées de Belleria. Mais je rejoins votre avis. »

Il se tourna vers le roi.

« Majesté, on ne peut pas courir le risque de les voir débarquer pendant les jeux. Il y aura énormément de citoyens là-bas, je ne voudrais pas risquer leur vie pour une simple distraction. Ils seront plus en sécurité chez eux. »

Davennion se mit en colère.

« Tu ne peux pas faire ça père ! Tu ne peux pas enlever la seule distraction qu'a notre peuple durant ces temps incertains. Au moins, les jeux libéreront l'esprit des habitants un moment. C'est bien la seule chose qu'il leur reste.

— Sans compter que cela montrera aux Démons que nous n'avons pas peur d'eux », enchérit un petit homme portant de nouvelles lunettes.

Esopte fronça les sourcils.

C'était un homme très attirant bien qu'il avait près de cinquante années attiques (un peu plus de quarante ans terriens). Il possédait une gigantesque carrure et des muscles saillants, mais son visage était marqué de rides d'expression qui montraient qu'il ne souriait pas souvent. Enfin, avec ses cheveux châtains grisonnants qu'il gardait longs, Esopte possédait énormément de charme qu'il se complaisait à utiliser pour séduire la gent féminine. En éternel célibataire, un peu misogyne, il ne s'était jamais marié et préférait la compagnie des femmes uniquement dans son lit. Il parlait peu mais n'était pas idiot. Il savait bien à quel point laisser courir les jeux était dangereux, même si les raisons énoncées pour les maintenir étaient fondées.

Les Chroniques d'AtticaWhere stories live. Discover now