before | 𝓭𝓪𝓻𝓵𝓲𝓷𝓰 𝓹𝓪𝓷

2. Disputes

Oui. Des gros problèmes, elle allait en avoir !

Tante Millicent avait toujours méprisé les parents de Wendy de l'avoir éduqué comme une personne de classe moyenne, alors qu'ils étaient des personnes riches, et bien connues de la capitale. Elle répliquait sans cesse que si Wendy avait été élevée comme elle le méritait, elle serait déjà fiancée, voir mariée. Wendy ne pouvait s'empêcher de rire intérieurement quand elle entendait ses sottises. Elle ? Mariée à 15 ans ? Mais dans quel but ? Tout ça lui paraissait imaginable. 

La jeune fille soupira : 

- Que vous a t-elle dit ? Vous avez cédez à ses caprices ? J'imagine ?

- Ce n'est pas ça, répondit Mary Darling.

Wendy, tout de même effrayée, se permit d'hausser le ton : 

- Je ne vous comprend pas... Elle vous traite et vous parle comme si vous n'étiez que des moins que rien ! Et vous vous laissez faire, sans jamais rien dire en retour ! 

- Ne t'énerve pas, Wendy, on ne t'a encore rien dit !

Wendy resserra ses doigts sur ses couverts, puis poussa un soupir. Elle reprit son calme et posa un regard interrogateur à sa mère.

- Elle nous a juste parlé de tes papiers d'orientation, de ton avenir...

- Pourquoi est-ce qu'elle viendrait mettre son nez dans cette affaire ? demanda t-elle.

- Wendy, les écrivains sont mal vu de la société, et tu le sais très bien. Et les femmes dans ce domaine, c'est encore pire, mon trésor. Je ne suis pas certaine que la place d'une jeune fille soit d'être derrière une machine à écrire. Avec des convictions pareilles...  Nous... Nous aurons du mal à te trouver un mari...

Elle avait déclaré son monologue avec une telle douceur que les trois enfants restèrent sans voix. Les deux plus jeunes ne comprirent pas bien. Mais Wendy n'en revenait pas. Sa mère ne penserait jamais de telles propos. La jeune fille se demandait alors comment Tante Millicent avait fait pour lui retourner à ce point le cerveau.

- Vous n'allez quand même pas m'obliger à me marier d'une telle manière ? Elle vous manipule, mais vous êtes tellement aveugle ! Vous faites tout ce qu'elle vous dit, par peur qu'elle vous retire l'argent qu'elle vous donnes chaque mois, pas vrai ?

Un silence s'installa dans la pièce à vivre. Wendy était en colère, et ses frères rêvaient tout simplement d'être ailleurs. Le repas s'acheva dans une atmosphère lourde, et les enfants remontèrent dans leur chambre.

Ce soir là, les parents des trois enfants sortirent à un bal, où Monsieur Darling allait retrouver ses collègues de bureau. Les enfants restèrent seuls mais John et Michael étaient déjà profondément endormis dans leur petit lit. Ils avaient l'habitude d'être seul le soir, et d'avoir leur grande sœur et leur chien Nana comme gouvernantes. Wendy se leva un moment dans la soirée, ne trouvant pas le sommeil. Elle ne comprenait tout simplement pas pourquoi sa vie devait déjà être ainsi. Nous n'étions tout de même pas au 18ème siècle ! Et dire qu'elle pensait que les années 1900 étaient une forme de renouveau pour la gente féminine. Qu'elle était naïve ! Les moeurs semblaient toujours les mêmes. Tout était injuste. En réalité, elle était en colère contre le monde entier. 

Elle devait se changer les idées. Il devait y avoir un bon livre à la bibliothèque du salon, de quoi se divertir ! Elle descendit l'étage, trainant les pieds. Son coeur était serré. Quand elle passa la porte de la grande pièce à vivre, son cœur s'arrêta de battre pendant un instant, quand elle vit quelqu'un rentrer par la fenêtre principale.