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8. L'ombre

Le petit frère de Wendy hurla, pendant que l'ombre le traînait dans toute la pièce. Baelfire tapa sur la main de Wendy, pour lui faire signe de rester cacher. Mais elle hurla à son tour, quand elle le vit sortir de dessous la cachette. Elle le regarda se placer devant l'ombre, sans la moindre trace de peur dans ses yeux.

- Lâche le tout de suite ! cria t-il.

Et comme si l'ombre l'avait reconnu, elle lâcha le garçon, et se dressa à la hauteur de Baelfire.

 - Laisse cette famille tranquille ! ordonna t-il.

L'ombre. On ne voyait que ses yeux verts perçants qui brillaient de mille feux. 

- Si tu arrêtes, tu pourras m'emmener à Peter. Tu pourras me ramener.

Wendy cria le nom du garçon en sortant de dessous le lit avec John. Elle se plaça devant son ami en le prenant dans ses bras, en le suppliant presque :

- Je t'en supplie, ne fais pas ça !

- Wendy. Je te remercie. Merci de m'avoir hébergé et d'avoir prit le temps de t'occuper de moi. Mais désormais, c'est à moi de te rendre un service.

Tous en tenant Wendy dans les bras, Baelfire tendit sa main à l'ombre qui la prit aussitôt. L'ombre monta vers le plafond, ce qui entraîna le jeune homme et Wendy dans les airs.

- Lâche moi, Wendy ! Je m'en sortirai ! lui cria t-il.

Wendy ne pouvait pas le laisser dans ce pétrin, après tous ce qu'il lui avait révélé et après toute la confiance qu'il avait misé sur elle. Elle ne pouvait pas le lâcher, il était trop tard. Elle n'avait pas entendu ce que criait Baelfire. Jamais, au grand jamais, elle n'avait ressenti une telle chose dans son estomac. Ses pieds avaient littéralement quitter le sol de la chambre d'enfant.

L'ombre passa au delà de la fenêtre et les deux adolescents se retrouvèrent dans le vide. Elle ne se posait même plus de questions. Elle aillait voir Neverland, le pays du possible, le pays imaginaire. Cette île merveilleuse. Et ça n'allait pas être ce Peter Pan qui allait lui gâcher son voyage. Après tout, ce n'était qu'un gosse. 

Elle n'y croyait pas. Elle allait vivre l'histoire qu'elle avait toujours voulu écrire. L'ombre descendait et remontait vers le ciel, deuxième étoile à droite, tout droit jusqu'au matin. Ils étaient maintenant loin des toits des maisons. Baelfire était pâle comme un cachet, et il regardaient Wendy, les yeux remplis d'incompréhension et de tristesse.

Il se sentait coupable de devoir l'entraîner là dedans. 

Elle se sentait monter haut, loin dans le ciel. La brise du soir lui traversait les cheveux. Elle volait, son estomac se soulevait. Pour elle, elle se trouvait déjà au paradis. Toutes ses angoisses allaient partir, elle n'allait plus devoir se soucier de quoi que ce soit. 

L'aventure qu'elle allait vivre, c'était ça son avenir.

Baelfire tenait la jeune fille tous contre soi, pour ne pas prendre le risque de la faire tomber. Et pourtant, quelques minutes plus tard, lorsqu'une lumière blanche rendit aveugle l'obscurité du ciel noir, l'ombre les lâcha. Leurs deux corps de détachèrent, mais leur main, restait toujours liées, entrelacées l'une à l'autre. Et ils tombèrent dans le vide, main dans la main. Pour s'empêcher de crier, Wendy coupa sa respiration et ferma les yeux.

Quand elle sentit son corps se fracasser sur le sol, elle ne vit plus rien. Sauf les ténèbres.