'' Maman maman, il est où papa ? Je cours vers elle, et me réfugie dans ses bras. J'ai peur, je ne sais pas pourquoi mais j'ai peur ... J'suis ce petit môme innocent mais inconsciemment conscient de ce qu'il se passe, conscient que la situation tourne au drame, et que celui que je considérais jusqu'ici comme mon papa, n'est devenu qu'un simple étranger à mes yeux, à nos yeux ...
Maman pleure, mais papa s'en fou. Il sort de la chambre avec une ceinture à la main, et un sourire menaçant aux lèvres. Papa s'avance, par réflexe je me mets devant lui pour protéger maman. Mais papa n'en a que faire. Il me pousse violemment, j'atterris de l'autre côté de la pièce. Papa tape, maman pleure et le supplie d'arrêter. Mais papa continue tout en rigolant, je crois que c'est l'effet de l'alcool, c'est maman qui me la dit.
Maman, elle m'a toujours dit, tu sais wouldi, l'alcool c'est pas bon, ni pour la santé, ni pour le moral. Elle me disait toujours que l'alcool faisait des ravages. J'ai pas trop bien compris le sens du mot, mais je crois que ça veut dire que c'est mauvais. C'est pour ça que maman m'a dit de ne jamais en prendre... ''
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- Monsieur réveillez-vous, revenez, vous pouvez le faire. David va prévenir Stéphane, dis lui qu'il se dépêche. On peut pas le perdre lui aussi.
Je sens des claques sur mon visage et des voix qui me sont inconnues. J'essaye d'ouvrir mes yeux, mais je ne le fait que difficilement, je n'y arrive pas, mes paupières sont beaucoup trop lourdes. Je me laisse alors aller. Mais je revois encore la vision de mon père battant Yemma, alors je m'acharne à ouvrir les yeux, je fais tout mon possible.
La lumière me brûle les yeux, je sens que ma tête est lourde, je ne me sens pas bien, j'ai l'impression que je ne suis plus le même, j'sais pas ce qui m'arrive, et ça m'effraie... J'essaye de me redresser, pour analyser la situation mais je n'arrive plus à bouger ! Je ne peux plus bouger putain, c'est quoi ce bordel ?! Qu'est ce qu'il m'arrive ? Je tourne ma tête et je vois, je vois du sang putain, beaucoup de sang. Au loin je vois le corps de Nad par terre, sans signe de vie. J'essaye de me lever pour aller vers lui, pour voir ce qu'il à, comment il va. Je ne comprends même pas ce que l'on fait là. Je ne me souviens de rien. Dans mon dernier souvenir, je me vois dans la voitures avec mes potes, puis après plus rien.
Y'a deux gars qui tentent de me maintenir sur place, mais je ne les écoute pas. Je ne veux rien savoir. À ce moment là, je veux juste aller voir mon frère. Je rampe vers Nadhem. J'essaye de me relever, mais je n'y arrive pas, je ne sais pas pourquoi, quelque chose me bloque. Je finis tant bien que mal à arriver à côté de lui, mais ... ile st trop bizarre. Ce n'est plus le Nad que je connais, celui là est chelou. Il est tout pâle, tout froid avec les yeux fermés. Et le sang ! Y'a du sang partout, beaucoup de sang. Sur son visage, ses habits, son corps entier en est recouvert. Je le secoue, je crie son nom en le suppliant de me répondre.
- Nad, s'te plaît Nad, répond moi, je t'en supplie... Nadhem, s'te plaît frère, tu peux pas me laisser, j'ai besoin de toi moi, je suis pas prêt à te perdre. C'est pas possible, non pas toi. Tu vas pas laisser ta mère et ton p'tit frère tout seuls hein. Ils ont besoin de toi, on a tous besoin de toi.
Je sens que l'on essaye de m'éloigner de lui, mais je ne peux pas le laisser, pas lui, pas mon ami, pas mon frère...
- Monsieur, calmez vous ! Ça ne sert à rien, on ne peut plus rien faire pour votre ami.
Ils finissent par le recouvrir d'un drap blanc, alors j'explose. Je me mets à chercher Yougo du regard. Il est où lui aussi, c'est impossible que je sois le seul survivant. J'apperçois derrière moi des pompiers, tentant de retirer le corps de Younes. D'après leurs dire, il serait rentré dans le volant. Après plusieurs tentatives ils réussissent à l'extraire. Je cris pour qu'on m'emmène le voir. Ils réussissent à me déplacer vers lui. Je m'approche de lui, il est couvert de sang, exactement comme Nadhem. Il est aussi tout pâle et a les yeux fermés. Mais lui respire encore. De ma main tremblante, j'essaye de lui toucher le visage, et de lui murmurer ces quelques paroles :
- Yougo, Younes, J'espère que tu m'entends. Sois fort frère, tu vas t'en sortir, je le sais t'en es capable. Fais le pour Nad, il est parti là haut... On ne le reverra plus notre frère. T'sais celui qui nous faisait toujours rigoler, c'est finit. Mais il reste nous deux dans le trio infernal, tu me diras ce n'est pas pareil, mais c'est comme ça You, c'est la vie. Alors je t'en supplie bats toi, pour nous, pour lui.
Il respire, enfin il fait des bruits chelous. Mais ses yeux sont toujours clos. J'ai tout de même un espoir. On se battra à deux s'il le faut, on le fera pour Nadhem.
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'' Et Parce que la mort c'est la fin d'une vie. Parce que la mort, ça te mets un stop. T'as des milliards de projets en tête, mais il te suffit d'une fraction de seconde, pour que tout s'évapore, pour que tout ne sois plus que poussière. Et à ce moment là, quand tu meurs, et bah c'est fini. Tu cesseras d'exister, tu disparaîtras de cette surface, et tout redeviendra comme avant. Les gens iront même jusqu'à en oublier ton nom. Bien sûr, tu resteras vivant, enfin comme la lumière d'une bougie, mais seulement dans le cœur des gens qui t'ont réellement aimé. Tu finiras par être réduit seulement à une poussière. Et parce qu'au final, on sera juste un nom gravé sur une tombe. ''
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Le récit d'El Gawazi
Short Story{ Ne ramenez pas à demain ce que vous pouvez faire aujourd'hui. } « Vieillir est obligatoire, mais grandir est un choix. » Youssoupha « Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint. » Demi Portion