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" - Tu vois cet arbre ?

- Ouais je le vois.

- T'as vu il a pas de feuilles ?

- Ouais je vois...

- Ouais bah il représente exactement le déroulement de notre vie à nous.

Je regarde Nadhem, nd comprenant pas où il veut en venir. 

-T'as vu l'arbre naît un jour. Dabord il est petit, après il grandit petit à petit, et tu vois il donne des fruits, tout est tranquille, les gens  sont contents, tout va bien. Après tu vois, plus il grandit, plus les années elles passent, moins il a de fruits, ses branches tombent, les gens s'en foutent, personne le calcule. Y'a même des gens qui veulent le couper et tout, ça va loin dans des délires tu vois. Puis vient un jour où il perd toutes ses feuilles, une à une elles finissent par tomber, il a plus rien cet arbre. Et là, les gens commencent à dire " ouais t'as vu cet arbre est mort " y'en qui font font les choqués, qui sont triste et tout le blabla. Mais en vrai tout le monde s'en tape. Les jours passent, cet arbre commence à être oublié et la vie reprend normalement. Tu vois où je veux en venir ou pas ?

- Arrête la coke frère. 

- N'importe quoi Raïs, tu comprends que dalle. Cet arbre là que tu vois, il nous symbolise. La petite histoire que je viens de te raconter c'est nous, c'est notre putain de destinée à nous tous.
Écoute moi bien. Moi, Nadhem, un jour je suis né, les gens étaient content, ils affichaient vla les sourires quand ils me voyaient tout ça. Ensuite j'ai commencé à grandir, deux ans, trois ans, quatre ans, les gens me kiffaient toujours. Comme l'arbre, je leur donnait mes fruits : c'était mon amour, mon innocence, mes rires d'enfant encore insouciant. Puis pareil que l'arbre, j'ai grandis et là les gens commencent à changer. J'deviens un bonhomme, un homme tu vois, je comprends dans quel monde je vis, je capte le vice des personnes qui m'entourent. Alors comme l'arbre mes feuilles tombent. Je souris moins, je m'isole plus, j'ouvre ma gueule et je me défend, je me forge une carapace, et les autres ça les dérangent, ils n'aiment pas. Y'a plus personne qui te calcule, chacun sa gueule, tout le monde s'en tape. Hé ouais poto t'as changé, t'agis plus comme eux le voulaient. Puis y'a ce fameux jour où je vais finir par perdre toutes mes putain de feuilles, où je vais finir par m'en aller. Parce que ouais je suis pas immortel. Je vais me tailler de cette vie . Et bah ce jour, ça fera comme l'arbre : les gens vont  d'abord être tristes mais rien que trois mois plus tard, tous auront repris leur chemin. Tu comprends maintenant ?

- Je réitère ma réponse, arrête la coke frère, ça te réussit vraiment pas.

-  Putain Raïs, t'es con ou tu fais exprès. Ce que je veux te dire, c'est que quand tu naît, les gens  t'aiment. Mais plus tu grandis, plus tu te retrouve seul. Chacun pour soi, tous t'envient, veulent te mettre des battons dans les roues. Et puis quand tu meurs, tu ne seras plus qu'un blase gravé sur une tombe. On pleurera quelques temps sur toi, mais ça passera. Et tu resteras encore vivant que dans le cœur de quelques personnes qui t'aiment vraiment. Pour tout le reste, ils en oublieront même jusqu'à ton prénom... 

                                                                             .............................

- Yemma, on fait quoi ? J'en ai marre de cette situation.

- Laisse le ma fille, il a besoin de temps.

- Mais Yemma, ça fait trois semaines qu'il est comme ça. Trois semaines qu'il fait genre de dormir, trois semaines qu'il  ne s'est pas levé de ce putain de lit, si ce n'est pour aller à la salle de bain et encore. Trois semaine qu'il ne dit pas un mot. Il se nourrit à peine. Je sais qu'il est mal mais putain moi aussi je suis pas bien. Nadhem et Younes c'étaient comme mes frères à moi aussi. Mais ils sont parti Yemma, ils reviendront plus, c'est comme ça c'est le mektoub*.

Le récit d'El GawaziOù les histoires vivent. Découvrez maintenant