Le récit d'El Gawazi

09

- C'était vla le truc de ouf les gars ! Ah dommage vous étiez pas là.

- Eh ne l'écoutez pas ce mytho. Y'avait que dalle, à part une ou deux meufs potables.

- Wouah Souley t'es sérieux ? Tu va me dire que celle avec la petite robe rouge c'était pas de la bebom ?

- Ah ouais j'avoue que celle-là...

- T'avoue rien du tout. Ferme la ouais.

Comme à leur habitude, Souleyman et Malik débattent de leur soirée. Chacun croit qu'il à pecho la plus belle meuf de la ville. Au final tous les deux sont restés bien gentiment à leur place, à mater leur fantasme de loin.

Quand il n'y a que les histoires de petites meufs et de cam qui rythment nos journées, et ambiancent nos hall d'entrées.

-  Papapa regarde moi ce missile. Et mademoiselle, t'as fait tomber quelque chose,  la jeune fille aux cheveux d'or s'arrête et regarde en notre direction, t'as fait tomber mon cœur poupée.

On explose de rire. Souleyman nous fera rire jusqu'à la fin avec ces disquettes qu'il ne veut jamais renouveler. 

- Souley t'abuse, innove bordel innove, dis-je en me retenant pour ne pas rire de plus belle.

Tout ce cirque n'a pas l'air d'amuser la jeune fille ; ça se voit à ses yeux. Elle a les yeux revolvers. Elle aurait eu des Kalash à la place de ses pupilles elle nous aurait achevé un par un. Elle est très distinguée, ses cheveux blonds errent au vent. Elle est vêtue d'un haut Channel et d'une petite paire de pompe de la même marque. Celle-là, c'est sûr qu'elle ne côtoie pas le même béton que nous. Elle a des yeux très foncés, mais c'est ce qui fait tout son charme. 

Elle le regarde avec un regard encore plus noir que ses pupilles, et décidé d'ouvrire sa bouche.

- Les mecs comme toi, je les trouve en ouvrant un dictionnaire. Lettre P, mot : Pathétique, fit-elle avant de s'en aller dans attendre une quelconque réponse.

Alors là ! Il ne nous en fallait pas plus pour nous  retrouver à terre, nous tenant le ventre tant on rigolait  rigolant jusqu'à ne plus en pouvoir. D'une part parce que sa "vanne" était pourrie mais surtout parce la tête de Souley c'était décomposée. 

- Eh vas-y ferme ta gueule, t'as cru t'étais fraîche ? 

- Souley je t'avais prévenu !  Elle vient pas du même monde que nous celle-là.

- Et vous savez quoi ? Vous m'avez soulé, je me casse.

- Reste bébé, t'as fait tomber mon cœur , réplique Malik toujours à terre, en repartant une nouvelle fois dans un fou rire.

Ces moments là, valent de l'or. Il n'y a rien de plus beau, qu'être heureux même avec peu. Depuis la mort de mes frères, que Dieu leur fasse Miséricorde, je retrouve un semblant d'espoir avec eux. Je ne les compare pas à Nadhem et Younes, ils sont incomparables, mais eux ce sont aussi mes amis.

J'ai enfin réussi à sortir de mon pieu. J'ai arrêté d'en faire qu'à ma tête, et j'ai un peu écouté Yemma et Meyssa. Finalement, quoi que je fasse ils ne reviendront pas pour autant.

Je suis toujours en fauteuil roulant. J'ai raté toutes mes séances, c'est maintenant trop tard pour que je puisse remarcher un jour, enfin d'après les médecins. C'est pas grave, je l'ai voulu, alors je fais avec. 

On est toujours assis devant ce hall. On se remémore les souvenirs d'un temps.

- Eh Raïs, mais c'est pas ton daron là-bas ?