CHAP 19

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Si j'avais crié ? Je ne m'en souvenais pas...

Les seuls souvenirs de ma chute furent que j'eus l'impression que tout mon corps allait imploser, surtout ma tête. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi fort et assourdissant de toute ma vie. Tout mon être bouillonnait, pareil à de la lave en fusion lorsqu'un volcan s'apprête à la vomir. Puis subitement, plus rien ; je n'entendais, ni ne voyais, ni ne ressentais plus rien, sauf un bien-être absolu...

Mais cela ne dura pas. Très vite je fus prise de nausées, nous chutions à une vitesse excessivement dangereuse. Au travers des yeux de l'Aigle, je pus voir que ce qui nous entourait, défilait à une allure surnaturelle où plus exactement, je supposais que les lignes de différentes couleurs qui passaient devant ses yeux, étaient les éléments qui nous entouraient. Mais quand le sol se fit de plus en plus proche de nous, que les arbres devinrent de plus en plus gros et grandirent à vue d'œil et que l'Aigle ne donnait pas l'impression de comprendre que nous allions nous écraser, je hurlai d'effroi. Au même instant quelque chose nous percuta de plein fouet et nous projeta sans ménagement sur le côté. Complètement déstabilisé et paniqué, l'Aigle partit en tournoyant sur lui-même pendant ce qui me parut être une éternité. Je fus ballottée, malmenée, brinqueballée dans tous les sens, sans pouvoir opposer une quelconque résistance, sans pouvoir m'accrocher à quoi que ce soit... je vivais un véritable cauchemar qui, contrairement à celui que j'avais fait lorsque j'avais passé la nuit dans la caravane de Gino, était réel. Les tourbillons prirent fin lorsque, violemment, nous percutâmes un obstacle se trouvant sur notre trajectoire. Dans un bruit assourdissant, nous nous écrasâmes sur le sol, avec autant de grâce qu'un bulldozer...

L'Aigle était sonné, mais réagit pourtant quand Raoul vint se poser près de nous. Il se redressa péniblement et remit de l'ordre dans son plumage.

— Rien de cassé ? me demanda Raoul, sur un ton où je crus décerner une pointe de moquerie.

— Tu trouves drôle qu'on ait failli mourir ??? m'emportai-je sous le coup de l'émotion.

— Tout de suite les grands mots. Une petite chute n'a jamais tué personne ! railla-t-il.

— T'appelles ça une petite chute ? Je me suis crue dans un grand huit géant sans fin... Tu m'avais dit qu'il saurait voler...

— Pour ça, il aurait fallu qu'il soit bien positionné lorsque la transformation a eu lieu, ce qui n'était pas le cas ! Je t'avais dit de plonger et tu as sauté donc il ne s'est pas retrouvé la tête la première en direction du sol, il n'a pas pu déployer ses ailes pour s'en servir. Il a d'abord fallu qu'il se tourne. Après, il était trop tard pour voler, le sol était déjà trop proche...

— C'est de ma faute alors ?

— Et oui ! Je suis intervenu pour vous éviter un atterrissage trop brutal en vous déviant de votre trajectoire et vous avez fini dans ce pauvre sapin...

Le regard de l'Aigle suivit celui de Raoul. Un énorme sapin était couché sur le sol, cassé à sa base...

— C'est nous qui avons fait ça ??? Impressionnant... dis-je dubitative.

— Prête pour recommencer ? me demanda-t-il.

Je réalisai soudain qu'il y avait comme un léger souci :

— Moi oui, mais lui je ne sais pas...

— Pense très fort à ce que tu veux de lui, il comprendra, il est habitué à ce qui se passe dans ton cerveau, dit-il en s'élançant avec la grâce d'un Dieu.

Je me concentrai sur ce que j'attendais de l'Aigle, mais rien ne se passa...

— Y veut pas ! constatai-je sans surprise.

LES AILES DE MA VIE - L'initiationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant