Finalement, Gino avait gagné et je m'étais couchée bien sagement, car la seule idée que Guito puisse avoir des reproches à me faire, avait largement suffi à me rendre raisonnable. Seule dans le lit, Gino s'étant absenté pour vérifier si les garçons avaient besoin d'aide pour Kimy et Fati, je repensais à mon Aigle. J'étais inquiète, c'était la première fois que je rêvais de sa mort et cela me mit mal à l'aise. Jamais je n'aurais cru que mon cerveau puisse se laisser aller à de tels cauchemars et je ne savais pas comment l'interpréter. Était-ce un signe ? Et si oui, lequel ? Et les deux hommes qui pourchassaient Raoul, étaient-ils des Sanguinaires ?
Je m'endormis sans avoir de réponse mais sans faire de mauvais rêves, dans les bras de Gino, qui une fois revenu m'avait veillée le temps de regarder un film.
À mon réveil, j'étais seule. Je rejoignis la maison en courant pour ne pas laisser le temps au froid de m'engourdir, mais lorsque mes yeux tombèrent sur les baskets propres de Daven, posées bien en vue sur le rebord de la fenêtre, je me rappelai brutalement notre brillante performance de la nuit. Lorsque j'ouvris la porte, toutes les têtes se tournèrent vers moi et crièrent en chœurs :
— BONNE ANNÉE !
Surprise par cet accueil, je restai pantoise sur le seuil, quand une petite voix se fit entendre :
— La porte, par pitié !
C'était Kimy qui, assise à la table de la cuisine en se tenant la tête entre les mains, paraissait souffrir le martyre.
M'adressant à tout le monde, je fis un petit signe de la main en leur souhaitant aussi une bonne année et vins m'installer près de mon amie.
— Ça va pas ? lui demandai-je, préoccupée de la voir si mal.
— J'ai un mal de tête, c'est horrible ! T'as pas mal toi ?
— Euh... non.
— Et t'as pas été malade ?
— Non plus.
— T'as de la chance, j'te jure que plus jamais de ma vie, tu me reverras boire. J'suis trop mal...
— Bien fait pour toi ! lui rétorqua Daven. Ça t'apprendra à vouloir jouer dans la cour des grands !
— Oh, ça va toi. La ramène pas, ça me casse la tête encore plus...
Puis relevant la tête en sa direction, elle ajouta :
— Est-ce qu'il faut que je te rappelle une certaine nuit ???
— J'étais pas dans le même état que toi !
— Mais bien sûr, murmura-t-elle en se prenant la tête entre les mains.
— Et Fati, t'as des nouvelles ? demandai-je à mon amie.
— J'ai pas osé demander, me dit-elle tout bas. Je me suis fait massacrer toute la nuit par Daven, alors là qu'il s'est calmé, je dis pu rien. Mais à mon avis, Younes l'a pas loupée. Il était pas ravi quand il l'a ramassée, hier...
Gino prit un tabouret et se glissa près de moi.
— Tu me dis pas bonjour ce matin ? me glissa-t-il dans l'oreille.
— Bonjour ! lui répondis-je en lui faisant un petit sourire en coin.
— C'est tout ?
Comprenant son allusion, je lui dis tout bas :
— Y'a trop de monde...
— Ah bon ? Ça te dérangeait pourtant pas cette nuit !
Je lui fis les gros yeux, pour qu'il n'en dise pas plus, ce qui le fit éclater de rire. Puis il s'enquit sur mon état.
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LES AILES DE MA VIE - L'initiation
ParanormalLili a quinze ans, sous ses airs d'adolescente ordinaire, elle dissimule pourtant un lourd secret. Mais l'approche d'inévitables bouleversements et l'arrivée de Gino vont venir contrarier sa vie. Comment va-t-elle s'y prendre pour gérer ces cataclys...