Laissant les deux ronfleurs au pays des songes, je rejoignis Nellita dans la cuisine. Elle préparait le repas du soir. M'asseyant près d'elle, je lui proposai mon aide qu'elle accepta avec un certain soulagement. Dans un demi-sourire, elle me dit :
— Ça manque sérieusement de main-d'œuvre ici. C'est fou comme ils savent se défiler dès que l'heure du repas approche.
— C'est de la faute de Guito ! affirmai-je.
— Quoi ?
— Ben oui, il pensait plus à sa main-d'œuvre qu'à la tienne et il t'a fait plus de garçons que de filles !
Dépitée, elle conclut :
— L'égoïste !
Puis après réflexion, elle ajouta :
— Il m'a peut-être fait qu'une fille, mais si je compte bien, j'en ai quand même trois !
Même si je savais qu'elle parlait de Kimy et de moi, je pris mon air le plus innocent et dis :
— T'as des filles cachées ? Tu me l'avais pas dit !
— Oh non, elles sont pas cachées, y'en a même une devant moi. Et je vais t'apprendre un truc... C'est les hommes qui ont des enfants cachés, pas les femmes. Question de pratique !
Je pouffai de rire et m'attelai à éplucher les pommes de terre qu'elle avait posées devant moi en me parlant. Puis, elle me demanda :
— Ils font quoi les deux autres ?
— Tu me croirais si je te disais qu'ils révisent leur géographie ?
Elle fit mine de réfléchir avant de s'exclamer :
— Autant que si tu me disais qu'ici c'était «La petite maison dans la prairie au pays des bisounours» !
La comparaison était bien trouvée ! Chez les Dhoms, on était bien loin des séries ou dessins animés très moralisateurs qui passaient à la télévision et dans lesquels tout finissait toujours bien. Nellita en savait quelque chose pour avoir un mari ex-braqueur et un fils en prison ! Et que dire de moi alors qui avait déjà rencontré tant de malheurs ? Sur ce point là, je ne pouvais qu'être en accord avec elle...
Le repas se passa sans encombre, je soufflai mes quinze bougies disposées maladroitement par Donnie et Tito, accompagnée par les cris de ma famille de cœur et de mes amis, puis j'ouvris mes cadeaux en commençant par celui qui se trouvait devant moi, un sac fermé par un ruban. J'en sortis une veste pour l'hiver, en cuir marron avec une capuche à moumoute. Cintrée, elle était très «dans l'air du temps», et vraiment très belle.
Involontairement, mon visage se tourna vers Daven.
— Tu remarqueras qu'il y a les étiquettes dessus, me dit-il sans être très convainquant.
— Donc si elle ne me va pas, tu pourras la ramener en magasin et me la changer ? lui répondis-je sérieusement.
Daven ne dépensait jamais d'argent, hormis pour la nourriture et la boisson. Par contre, il empruntait pour un temps indéfini...
— Non, parce qu'elle va t'aller !
— Pfft, je le savais. Les étiquettes c'est pour faire joli, n'est-ce pas Daven ?
— Pas du tout. Mais je vais pas ramener une veste alors qu'elle est à ta taille, ce serait débile !
— Mouais, lui répondis-je pas dupe. On va dire ça comme ça.
Le suivant, de Fati et de ses frères, était un parfum hors de prix, scandaleusement hors de prix. Le genre de parfum qu'il était impossible d'avoir en ma possession étant toujours à l'école. Mon regard soupçonneux, se dirigea encore vers Daven...
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LES AILES DE MA VIE - L'initiation
ParanormalLili a quinze ans, sous ses airs d'adolescente ordinaire, elle dissimule pourtant un lourd secret. Mais l'approche d'inévitables bouleversements et l'arrivée de Gino vont venir contrarier sa vie. Comment va-t-elle s'y prendre pour gérer ces cataclys...