LES AILES DE MA VIE - L'initiation

CHAP 11

 Le lendemain matin, ce fut l'esprit torturé que j'attendis le bus qui m'emmènerait au collège. J'avais toujours aussi mal ; je n'étais pas en paix avec moi-même pour avoir si mal agi. Je me doutai aussi que la journée allait être pénible, d'autant plus quand je vis Kimy se diriger vers moi. Habituellement, elle traînait la patte lorsqu'il fallait prendre le bus pour le collège mais à sa démarche si déterminée, je compris qu'elle devait déjà savoir...

— Il s'est passé quoi hier avec Gino ? me demanda-t-elle sans préambule.

De mauvaise humeur, je lui répondis :

— On n'est pas compatibles !

Elle leva les yeux au ciel et, agacée, insista :

— Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

— Je ne fais pas dans le ménage à trois, c'est tout...

— JE LE SAVAIS !!! s'écria-t-elle abasourdie. Je l'ai dit à Daven que ça ne pouvait être que ça. Mais comment a-t-il pu te faire ça ???

— Tu n'y es pas Kimy. Pour une fois, c'est pas moi qui suis le plus à plaindre...

— Comment ça, je comprends pas ?

— Il est déjà fiancé à une autre et il va se marier l'été prochain !

Le choc l'obligea à s'asseoir sur le banc de l'arrêt de bus.

— Alors là, j'en reviens pas.

— Qui te l'a dit ?

Elle m'expliqua que très tôt dans la soirée, Daven avait remarqué notre absence. Il avait interrogé son père, juste par curiosité, qui lui avait répondu que la dernière fois qu'il nous avait vus, c'était dans l'après-midi.

— C'est Nelli qui nous a appris que Gino était dans sa caravane. Elle l'a su par Livie, tu sais la petite sœur de Gino.

J'acquiesçai, me rappelant très bien celle-ci.

— La p'tite lui a dit qu'il avait pas l'air bien et qu'il ne voulait voir personne. Nelli a voulu savoir s'il était malade et la gamine lui a répondu que ça n'avait rien à voir, qu'il était juste énervé. C'est à partir de là que Daven a fait des tas de suppositions, et comme il a essayé de t'appeler plusieurs fois et que tu n'as pas répondu, il s'est douté que quelque chose n'allait pas.

Tout en l'écoutant je sortis mon téléphone de la poche de ma veste pour vérifier les appels et m'aperçus qu'il y en avait plusieurs en absence.

— Il est sur silencieux, j'ai pas pu entendre, expliquai-je à mon amie.

Je trouvai ceux de Daven mais pas seulement :

— Guito aussi a essayé de me joindre, constatai-je amèrement.

Il devait certainement s'inquiéter de mon état émotionnel, je ne trouvai pas d'autre raison à cet appel. Sachant qu'il ne serait rassuré qu'après m'avoir vue, j'allais au devant d'un face à face inévitable, comme à chaque fois que je n'allais pas bien. Guito, le seul que je ne voulais pas affronter...

La journée ne fut pas aussi terrible que je m'y étais préparée. Kimy et Fati redoublèrent d'efforts pour me la rendre un tant soit peu supportable. Elles faisaient les pitres au point de se faire renvoyer toutes les deux du cours de français, et elles réitérèrent leur manège le cours suivant.

Pendant la pause déjeuner, Fati nous apprit qu'une soirée "brûlage de pneus" était prévue pour le samedi soir suivant. Ces courses de voitures, ou runs sauvages étaient très prisées des jeunes des environs. Younes participait à chacune d'entre elles et toujours nous y allions le voir.